Construire Mars 2022

Même dans la bibliothèque de ma fille de deux ans se trouve un livre contant l’histoire d’une petite coccinelle qui aide un jardinier en grignotant les pucerons. « Les coccinelles et les pucerons, c’est vraiment ce qui a commencé la protection biologique intégrée (PBI) », estime Jean-Louis Bossard, cogérant du Jardin Calédonien. L’exploitation agricole de Dumbéa rivière s’est lancée dans la lutte biologique contre les ravageurs à l’aide d’autres insectes il y a bientôt quatre ans. « Aujourd’hui, sur une des trois zones de notre exploitation de 30 hectares, nous avons baissé l ’utilisation de chimie de 80 % ! Ça fonctionne ! » se réjouit l’agriculteur. Le Jardin Calédonien a commencé par élever des punaises pour contrer les aleurodes. Depuis un an, l’exploitation agricole élève des coccinelles pour lutter surtout contre les pucerons. Les coccinelles se délectent également de cochenilles et d’œufs de papillons. Le Jardin Calédonien propose à la vente des tubes avec des larves de ces insectes appréciés dans leur chalet ouvert au public les week-ends. « C’est facile de sensibiliser le grand public à la protection biologique intégrée avec les coccinelles. Tout le monde connaît. Nous, au Jardin Calédonien, on pense que l ’avenir, c’est l ’élevage d’insectes auxiliaires pour compenser la chimie. » Le Jardin Calédonien élève ses propres insectes, et se fournit également auprès de la biofabrique, un centre de recherche dans la lutte biologique. Un équilibre « Une biofabrique est une structure ayant pour mission principale l ’élevage d’insectes utiles dans la lutte biologique permettant de réduire l ’usage de pesticides chimiques au sein d’exploitations agricoles », explique le site Internet de la province Sud. La première biofabrique de NouvelleCalédonie a vu le jour en 2010 à Saint-Louis, sur le site de l’Institut agronomique calédonien (IAC). Les collectivités, les chercheurs et les agriculteurs tentent ensemble de trouver des alternatives aux traitements phytosanitaires. La punaise (Nesidiocoris tenius) et la coccinelle (Harmonia arcuata) élevées au Jardin Calédonien sont des insectes naturellement présents sur le Caillou. Même si Jean-Louis Bossard se réjouit des premiers résultats qu’il constate sur son exploitation, « la lutte biologique n’éliminera jamais complètement une espèce. Ce que l ’on recherche, c’est un équilibre entre ravageurs et auxiliaires pour pouvoir récolter », explique Christian Mille, chercheur entomologiste à l’IAC, et auteur de Animaux nuisibles et utiles des jardins et vergers de Nouvelle-Calédonie. Observer et diversifier Mais soyons réalistes, le jardinier du dimanche ne va pas élever des punaises et des coccinelles dans son salon pour protéger son jardin. Hervé Jourdan, écologue des insectes à l’IRD, le chercheur Christian Mille ainsi que Jean-Louis Bossard donnent quelques conseils pour favoriser l’équilibre entre ravageurs et Rubrique Sous-rubrique… 52 La coccinelle La larve de coccinelle (Harmonia octomaculata ou arcuata) a une durée de vie d’environ 10 jours durant lesquels elle peut dévorer jusqu’à 200 pucerons. La coccinelle adulte mange quant à elle environ 50 pucerons. Elle apprécie également les cochenilles et les œufs de papillons. Elles peuvent parfois se manger entre elles, mais elles n’attaquent jamais les plantes. Les coccinelles apprécient les astéracées (pissenlit, laitue, dahlia…) comme les Bidens pilosa, ces plantes aux piquants noirs. Il est bon d’en laisser un petit bouquet dans un coin du jardin, tout en gardant un œil dessus, les Bidens pilosa sont très invasives. La punaise Nesidiocorus tenius est une petite punaise verte aux yeux noirs, vive et vorace. Naturellement présente en Nouvelle-Calédonie et dans les exploitations, elle s’attaque aux aleurodes efficacement. Mais si la demoiselle n’a plus de ravageurs à se mettre sous la dent, elle peut commencer à grignoter sérieusement les plants de tomates. En France, elle est considérée comme un ravageur et non comme un auxiliaire ! Les métropolitains utilisent un autre insecte auxiliaire pour lutter contre la punaise. Dossier Outdoor Ces insectes bien corrects © AD © AD

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