Je n’ai aucun souci pour
les vendre,
assure-t-il
. Avant, les
agriculteurs plantaient trois hectares
de choux ou trois hectares de carottes
sans se soucier de la commercialisa-
tion. Aujourd’hui, un agriculteur est
un chef d’entreprise, il doit adapter
sa production à la demande du
marché
. »
P
RODUCTIVITÉ ET QUALITÉ
En cinq ans, Jean-Christophe Niau-
tou a doublé sa production. «
Grâce
à l’appui technique du réseau
Repair (*), j’ai augmenté mon ratio
au mètre carré, sous serre. On peut
avoir une bonne productivité en
ayant de la qualité, c’est possible
»,
assure l’agriculteur dont la production
est certifiée Agriculture responsable.
«
Pour s’améliorer sur la saison
chaude, il faudrait être accompagné
par la puissance publique. Il faut
faire un travail sur les espèces, sur
les itinéraires culturaux, sur le maté-
riel adapté. On ne peut pas aller au
combat sans être armé
», estime-t-il.
L’agroalimentaire ne concerne pas
uniquement les produits bruts, il
englobe aussi les produits transfor-
més. Les industriels se sont donc eux
aussi emparés du dossier de l’autono-
mie alimentaire. Au sein de la grappe
d’entreprises Cap Agro, ils siègent aux
côtés des agriculteurs, des artisans, des
restaurateurs. «
Augmenter le volume
de produits bruts ne suffit pas. Si on
augmente la production, sans penser
à sa transformation, il y aura des
invendus et donc de la perte
, explique
Charles Vuillod, manager de Cap Agro.
La transformation est la vraie clé de
l’autosuffisance. Mais on manque de
soutien là-dessus. Les agriculteurs
ont l’IAC ou l’Adecal. Pour la trans-
formation, il n’y a ni recherche ni
soutien
. »
C
ANTINES ET GAMELLES
Carottes râpées, compote, pommes de
terre déjà épluchées… Les produits
transformés sont la matière de base de
la restauration collective, qui nourrit
40 % de la population tous les midis
via les cantines, les gamelles, ou les
snacks. «
Notre cuisine centrale pro-
duit 18 500 repas par jour
, annonce
Pierre-Henri Arsapin, directeur de la
Restauration française et président
de Cap Agro.
On a des conditions
d’hygiène tellement strictes que les
gens ne voulaient pas travailler avec
nous il y a encore quelques années.
Mais les mentalités évoluent, les
agriculteurs se disent prêts à adap-
ter leur production à nos besoins
»,
apprécie-t-il. Pourtant, les produits
locaux sont loin d’être légion sur les
plateaux-repas. Pour le dessert, les
pommes et les poires y ont encore une
bonne place, par exemple. «
Selon une
enquête que nous avons menée, le
taux de satisfaction pour nos repas
est de 90 %. Les 10 % d'insatisfac-
tion concernent la présence de fruits
comme les poires, parfois dures
comme du bois
, reconnaît le directeur
de la Restauration française.
Mais j’ai
recours à cela pour être moins cher.
Si je veux obtenir le marché,
-
17
-
“
Un agriculteur est un chef
d’entreprise. Il doit adapter sa
production à la demande du marché
”
J
EAN
-C
HRISTOPHE
N
IAUTOU
,
AGRICULTEUR
.
DOS
SIER
DOS
SIER
Jean-Christophe Niautou a investi
dans des serres afin de pouvoir
cultiver de la salade et des
tomates en saison chaude.
© Théo Rouby