31 Couple On nous ressasse depuis des années que le plaisir féminin est mystérieux. Trop de zones érogènes, trop de sentiments… On essaie d’en savoir plus avec Charlotte de Buzon, sexologue et thérapeute de couple. « Il y a autant de sexualités que de femmes » Pourquoi a-t-on souvent l’impression que les hommes ont un rapport beaucoup plus simple et naturel au plaisir que les femmes ? Charlotte de Buzon : Anatomiquement parlant il y a une grande différence entre les femmes et les hommes : le pénis. Dès l’enfance, les petits garçons vont découvrir que toucher leur pénis leur donne du plaisir. À l’âge de la découverte de leur sexualité, c’est donc une évidence pour les hommes. Alors que le sexe des femmes est «caché » dans tous les sens du terme. Il est caché à l’intérieur du corps mais il est aussi caché dans les manuels. Quand la petite fille prend du plaisir en se frottant contre un doudou par exemple, le lien avec son clitoris n’est pas du tout évident. Alors, quand vient l’âge d’avoir une sexualité, les femmes ont plusieurs années de pratique et de théorie à rattraper. Les dés sont pipés dès le début. Quelle conception avons-nous encore aujourd’hui du plaisir féminin ? Seul le plaisir vaginal serait le vrai plaisir…Cette théorie a longtemps été une certitude et elle a fait beaucoup de tort à la sexualité féminine. Ainsi, pour être une vraie femme, il faudrait obtenir un orgasme uniquement grâce à unmembre masculin. Vous ne serez pas surprise d’apprendre que cette théorie a été développée par des hommes et notamment par Freud. Après avoir été découvert au milieu du XVIe siècle, le clitoris, organe du plaisir féminin, a ensuite été tantôt oublié, tantôt censuré. C’est en 1998 qu’Helen O’Connell, une urologue australienne, constate que les manuels ne contiennent pas la moindre description du clitoris en lui-même alors qu’ils comportaient tout un chapitre sur le mécanisme de l’érection. Car le clitoris ne se limite pas à son gland, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il est aussi composé de deux racines, qui entourent l’entrée du vagin. L’occasion de rappeler qu’il ne se réduit pas au fameux « bouton » qui siège au sommet de l’entrée du vagin, mais qu’il comporte quatre branches dont les deux principales peuvent mesurer jusqu’à 10 cm. Le clitoris est-il la clé du plaisir féminin ? La première zone érogène de la femme comme de l’homme c’est le cerveau. Ce serait très réducteur de dire que les hommes et les femmes se résument à un seul organe, une seule sexualité. Il y a autant de sexualités que d’hommes et de femmes. Selon ses expériences, ses principes, son éducation… chacun va se construire sa propre sexualité. C’est donc un apprentissage, cela n’a rien d’inné. Il est fondamental de savoir que rien n’est figé, la sexualité s’apprend tout au long de sa vie. Amour profond ou simple désir, la condition fondamentale est de prendre du plaisir. Charlotte de Buzon
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