Anna, 49 ans « Je n’étais pas spécialement contre le fait d’avoir un enfant. Avec monmari, il fut un temps où nous avions décidé d’être parents. Cela n’a pas fonctionné. Nous n’avons pas cherché à savoir pourquoi et je ne me suis pas embarquée dans des solutions pour que ma grossesse aboutisse. Je me suis dit que si je ne tombais pas enceinte, cela signifiait que je ne devais pas être mère. Nous aurions pu adopter mais mon mari ne le voulait pas. Ne pas avoir d’enfants n’est pas un regret. Parfois, je me dis : mais comment aurais-je pu gérer un enfant avec mon emploi du temps ? Je sais que j’y serais bien sûr parvenue. Enfin, dernière chose : au regard du monde dans lequel on vit actuellement, deux années de confinement, pandémie, restrictions de liberté, guerre, réchauffement climatique, pollution… Je me dis que le destin a bien fait les choses. » Élisa, 20 ans « Je sais que je suis encore jeune mais je fais le choix de ne pas vouloir d’enfants plus tard. Quand je me suis décidée à l’exprimer, on m’a répondu : “Tu es jeune encore, tu verras plus tard“ ou “Mais voyons les enfants font que tu es une femme“. Je ne suis pas d’accord avec ces propos. Il m’arrive de mentir pour ne plus avoir ce genre de réflexion. Parfois je pense que je vais rater ma vie si je n’ai pas d’enfants alors que je sais que non. Je ne dois pas culpabiliser. On n’est pas obligée d’être mère, mais la société nous met une pression pour qu’on le devienne. » Mathilde, 32 ans « Il me semble important de dire qu’il ne s’agit pas toujours d’un non-désir d’enfant mais parfois simplement d’une absence de désir d’enfant. Il est important de souligner qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une raison valable et entendable de ne pas vouloir d’enfants. On n’a pas toujours besoin d’une justification éthique ou écolo. C’est juste OK de ne pas être possédée par le désir d’enfant, ce n’est pas forcément une haine ou un refus. Cela n’existe juste pas, la question ne se pose pas. Et je pense que c’est important aussi de dire qu’il n’y a pas forcément d’histoire à raconter derrière, pas forcément un trauma, pas forcément de convictions. Parfois aucune raison défendable, juste l’absence d’envie ! » Jennifer, 29 ans « Le désir d’être mère n’est pas une priorité dans ma vie. Tout d’abord parce que je n’ai pas de situation financière stable, ensuite parce que j’ai vu des situations difficiles dans mon entourage. Être parents, avoir des enfants, se marier, c’est ce qu’attend de nous la société dans laquelle nous vivons. C’est un idéal de vie, une réussite en soi. Mais on peut être heureuse et épanouie sans enfants. On dit qu’il ne faut pas mettre notre bonheur dans les mains de quelqu’un d’autre. C’est une phrase que j’aime à dire, que cela soit côté cœur ou concernant la maternité. Tout compte fait, ne pas vouloir d’enfants résulte de plusieurs facteurs. Un enfant, c’est beaucoup d’amour, des dépenses, des responsabilités, des changements, il faut y être préparée, ce n’est pas Disneyland ! Puis il y a aussi le fait que je ne veuille pas m’engager en amour, du moins pas pour le moment. Il faut tout d’abord se trouver soi-même et s’accomplir professionnellement. […] Pour le moment, mes neveux et nièces me suffisent amplement ! » Taïana, 30 ans « Je ne souhaite pas faire d’enfants pour de multiples raisons. Premièrement, la peur, je ne vais pas mentir, accoucher me fait peur ! L’épisiotomie, la péridurale, m’angoissent. Deuxièmement, je trouve que faire un enfant dans le monde actuel est difficile. Outre les soins, l’éducation, le budget, je pense surtout à leur avenir dans un monde qui sera surpeuplé, en manque de ressources, où la nature disparait peu à peu, de nouvelles guerres chaque mois, une société française désunie et en perte de réelles valeurs humaines. Nous ne verrons pas l’avenir mais je ne sais que penser du monde en 2050 quand nos enfants auront notre âge. Troisièmement et cela rejoint mon avis sur la surpopulation, pour moi avoir un enfant de son sang est un argument honorable mais égoïste et égocentrique au regard de tous les enfants abandonnés, délaissés, mal-aimés, maltraités, et j’en passe... Certes, un enfant est le fruit d’un amour entre deux personnes, mais c’est tout aussi possible de transmettre tout cela à un enfant adopté. Et pour finir, je ne conçois pas que le but d’une vie soit de procréer à notre époque. Cela ne devrait pas être le projet qui définit la réussite d’une femme, ni l’accomplissement divin d’un couple épanoui. » Votre magazine a donné la parole à des femmes qui ne désirent pas avoir d’enfants. En retour, nous avons reçu des témoignages sincères sur un sujet qui fait encore débat dans notre société. 16 Dossier témoignages
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