Femmes | Mars 2022

les Nouvelles Calédoniennes lnc .nc Spécial Ados www.femmes.nc Mars 2022 Femmes Salon de la Femme Actu

Femmes Mars 2022 Contact : Patricia Calonne - Tél. : 78 62 11 Mail : patricia.calonne@lnc.nc Rejoignez Femmes sur Facebook : Femmes mag Site : www.femmes.nc Retrouvez-nous sur www.femmes.nc 4 Actus - Le MK2 met les femmes à l’honneur Ouverture de Nature & Découvertes Salon de la Femme 8 Dossier - Spécial ados De la crise aux troubles Il fume des joints Méditation et ados 30 Portrait - Ilonah Rat 34 Beauté - La guerre des boutons La rédac a testé pour vous 42 Santé - Commenrt parler des règles Jeux vidéo : gare aux TMS Allergies, les ados en ligne de mire 48 Mode - Street Style 63 Sport - La marche athlétique 68 Déco - Sa chambre idéale 74 Cuisine - On a la boulette ! 80 Horoscope 82 Adresses 48 Suivez-nous ! @FemmesNC

4 Actu Il nous les faut ! PUB Des cheveux plus beaux et forts La formule unique de NOVOPHANE Gélules à base d’extraits de prêle, véritable concentré en silicium végétal, est faite pour vous ! Pousse accélérée et fortification de tous type de cheveux. Lutte contre la chute des cheveux des femmes et des hommes. Deux gélules par jour en cure de 3 mois suffisent pour les rebooster ! Disponible en pharmacies ! FB : ACM Pacifique / Instagram : acm_pacifique MK2 Dumbéa met à l’honneur les femmes La semaine du 8 mars, mk2 Dumbéa met à l’honneur les femmes dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. Une semaine riche avec la diffusion de huit films qui mettent en lumière sur grand écran des femmes plurielles, aux multiples visages et singulières, des figures féminines puissantes et courageuses, véritables signatures du cinéma contemporain du monde entier. Kuessipan de Myriam Verreault qui porte un regard sur deux jeunes femmes de la réserve innue. Lingui les liens sacrés, réalisé par Mahhamat Salehh Haroun, qui évoque au Tchad, un pays où l’avortement est interdit, le combat d’une adolescente qui tombe enceinte et qui ne veut pas de cette grossesse. Rouge de Farid Bentoumi qui met l’accent sur la force et le courage de Nour. Ou encore le documentaire calédonien d’Elisabeth Auplat Regard de femmes sur l’avenir qui dévoile des femmes inspiratrices d’une nouvelle génération d’engagements économiques, sociaux et politiques. Tables rondes et conférences Ces films illustrent à merveille la lutte constante des femmes entre modernité et tradition, sujet de la table ronde organisée le 7 mars, avec pour invitées Valérie Newland Marie, artiste plasticienne, Marie-Alice Guélémé, artiste tresseuse, Naia Wateou, élue à la province Sud. Au programme également, des ateliers et des conférences pour encourager la création, l’entrepreneuriat et les initiatives positives, telle la rencontre avec Fanny Nosmas qui, à 21ans, présentera son aventure OriginCafé et lancera l’Origin Talk pour donner la parole aux jeunes entrepreneuses. Une semaine de rencontres et d’échanges qui s’annonce passionnante. Pour réserver en ligne : https://www.mk2.com/ evenements/10228-femme-tous-ses-etats MK2 organise du 7 au 13 mars des événements dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes. Films, t ables rondes, échanges, l’occasion de créer du lien, rencontrer et partager avec des femmes de Nouvelle-Calédonie, actrices du changement.

6 Il nous la faut ! PUB Une nouvelle enseigne a fait son apparition dans le paysage calédonien : Nature & Découvertes, ce magasin orienté bien-être, a ouvert le 12 février à Kenu In. La boutique propose six univers : le bien-être (le plus représentatif de la marque), l’art de vivre, l’outdoor, les enfants, les saveurs et la librairie. Chaque univers est construit de la même façon : des objets à toucher, à sentir, à tester, « c’est un magasin très immersif avec beaucoup d’articles en démonstration », précise Kim Germon, responsable franchise Nature & Découvertes pour la Cafom (Centrale d’achat française pourl’Outres-Mer). Des affichettes pour informer, des livres sur les thèmes du rayon « pour acheter conscient : savoir ce que l’on achète et comment l’utiliser », des kits pour réaliser soi-même certains produits… Le tout le plus biologique ou éco-conçu, avec dans le viseur, l’objectif zéro déchets et la protection de la planète. Nature & Découvertes est un magasin de cadeaux, et si on ne sait pas quoi offrir, on va trouver ! Lanternes, hamacs, bougies, encens, thés, épices, livres variés et originaux, jouets en bois, casse-têtes, gourdes, couteaux, bijoux… L’équipe est formée durant deux semaines avant d’intégrer les rayons. Malia, Océane, Fabienne, Mané-Laura, Jordan, Nathalie, Sirima et Christophe conseillent, orientent, font tester, et avec le sourire, évidemment. Attention, on ne ressort pas de Nature & Découvertes sans un petit quelque chose ! Nature & Découvertes : complexe commercial Kenu In, à Dumbéa, tél. : 20 67 46. Facebook : Nature et Découvertes Nouvelle-Calédonie. Du lundi au samedi de 8h30 à 18h30 et le dimanche de 8h30 à 12h30. Actu Le bien-être de Nature & découvertes La solaire polarisée parfaite pour toutes activités ou styles de vie Chez les Opticiens Mutualistes Nouméa, Dumbéa et Koné.

8 actu Mesdames, prenez du temps pour vous ! La phrase résume à elle seule la thématique du Salon de la femme cette année qui se déroule du 4 au 6 mars à la Maison des artisans. Plus de 70 exposants seront présents pour répondre à vos attentes et à vos envies dans le domaine des sports, de la cuisine healthy, de la beauté, de la mode… Au programme des réjouissances, vous pourrez également profiter de nombreuses animations gratuites, des ateliers, des séances découverte en sophrologie, luminothérapie, yoga, hypnose, massage, des relookings, des dégustations, des défilés, des concerts et des shows de danse. Le vendredi, un after work 100% girly vous réservera de belles surprises, avec des jeux pour gagner des cadeaux, des défilés et un spectacle de danses tahitiennes. Le Salon se clôturera dimanche par un concert. Un programme riche qui devrait vous ravir ! Le Salon de la Femme Une parenthèse de bien-être À Nouville, la Maison des Artisans accueille le Salon de la femme trois jours du 4 ou 6 mars. Cette année, l’accent est mis sur le bien-être et le cocooning. INFOS PRATIQUES Entrée : gratuite Horaires : Vendredi 4 mars : 9h-19h Samedi 5 mars : 9h-18h Dimanche 6 mars : 9h-17h Entrée soumise au pass sanitaire / masque obligatoire VENDREDI 4 MARS 09h00 OUVERTURE Point information avec l’ASSOCIATION FEMMES VIOLENCES CONJUGALES 10h00 Initiation au yoga avec YOGA SOURCES 11h00 Quiz Beauté NIVEA 11h30 Recette & dégustation avec THERMOMIX 14h00 Découverte de la luminothérapie avec NATURE ET HARMONIE 15h00 Concert d'AWAII 15h30 Relooking maquillage avec CASTLE MAKEUP 16h00 Cours sur l'électrostimulation avec ACTION SPORT 16h30 Démonstration de rugby féminin avec OLYMPIQUE DE NOUMEA SECTION RUGBY 17h00 Défilé de mode avec SECKENSTYLE CREATION 18h00 Spectacle de danse polynésienne avec la troupe ORI ANAE 19h00 FERMETURE SAMEDI 5 MARS 09h00 OUVERTURE Point information avec l’ASSOCIATION FEMMES VIOLENCES CONJUGALES 10h00 Cours de fitness avec GREATNESS FIT CLUB 10h30 Démonstration de rugby féminin avec OLYMPIQUE DE NOUMEA SECTION RUGBY 11h00 Quiz Beauté NIVEA 11h30 Recette & dégustation avec THERMOMIX 12h00 Initiation au yoga avec YOGA SOURCES 13h30 Conférence sur la thérapie médiumnique avec SAGE THERAPIE 14h00 Show de danse avec BATCHATA FUSION 14h30 Cours sur l'électrostimulation avec ACTION SPORT 15h00 Défilé de mode avec KIM ET STELLA CREATION 15h30 Relooking maquillage avec CASTLE MAKEUP 16h00 Show de danse orientale avec L'ECOLE ACDO 17h00 Show de danse avec STEP BY STEP NC 18h00 FERMETURE DIMANCHE 6 MARS 09h00 OUVERTURE Point information avec l’ASSOCIATION FEMMES VIOLENCES CONJUGALES 10h00 Challenge sportif avec GREATNESS FIT CLUB 10h30 Démonstration de rugby féminin avec OLYMPIQUE DE NOUMEA SECTION RUGBY 11h00 Quiz Beauté NIVEA 11h30 Recette & dégustation avec THERMOMIX 12h00 Initiation au yoga avec YOGA SOURCES 13h30 Conférence sur la thérapie médiumnique avec SAGE THERAPIE 14h00 Cours sur l'électrostimulation avec ACTION SPORT 15h00 Concert soul jazz pop avec ANTHONY ZIHANI 15h30 Relooking maquillage avec CASTLE MAKEUP 16h00 Concert variétés avec CARMEN 17h00 FERMETURE

actu Salon du mariage Le rendez-vous des amoureux est annulé Le Salon du mariage, qui devait se tenir à l’hôtel Nouvata du 18 au 20 mars, est annulé. Les organisateurs essaient de le reprogrammer. C’est un jour unique donc tout doit être parfait. Et la recherche de la perfection peut générer un stress en amont. Pour vous aider dans vos préparatifs, le Salon du mariage est the place to be, auquel s’associe votre magazine Femmes. Ce rendez-vous attendu par tous les futurs mariés a, malheureusement, dû être annulé pour cause de contraintes sanitaires. Plus de cinquante professionnels étaient attendus pour vous faciliter la vie et vous conseiller lors de ce jour unique. Des animations étaient également au programme : défilés de robes de mariées traditionnelles et océaniennes, show coiffure, show cooking, concerts acoustiques, dégustations… Pas de stress, les organisateurs travaillent à le reprogrammer d’ici quelque temps. Nous vous tiendrons au courant bien entendu ! 10

Allongement du délai de l’IVG Le 23 février, l’Assemblée nationale a voté une loi permettant l’allongement du délai de l’IVG, en adoptant un texte concocté par deux députées d’opposition, Albane Gaillot (ex-LREM, non-inscrite) et Marie-Noëlle Battistel (PS), mais soutenu par la majorité. Concrètement, les femmes pourront bénéficier d’une IVG jusqu’à quatorze semaines de grossesse, au lieu de douze. Deux semaines de plus pour intégrer la prise de conscience parfois tardive d’une grossesse. Selon des chiffres officiels, entre 2 000 et 5 000 femmes partent chaque année à l’étranger, dans des pays où l’on peut avorter plus tardivement. En Colombie aussi Une décision sans précédent dans ce pays majoritairement catholique et qui intervient dans un contexte de libéralisation de l’interruption de grossesse en Amérique latine. Le 21 février dernier, la Cour constitutionnelle de Colombie a dépénalisé l’avortement jusqu’à 24 semaines de grossesse. Dans son arrêt, la Cour constitutionnelle autorise les femmes à avoir recours à l’avortement pour n’importe quel motif jusqu’au sixième mois de gestation. Jusqu’à présent, ce n’était autorisé qu’en cas de viol, si la santé de la mère était en danger ou lorsque le fœtus présentait une malformation compromettant sa survie. En dehors de ces exceptions, les femmes qui avaient recours à l’avortement étaient passibles d’une peine de 16 à 54 mois d’emprisonnement.

12 Dossier Laurent Clay crise d’ado J’ a le

13 Dossier « Comment ? Tu n’as pas fait de crise d’ado ? » Cette interrogation, Adeline, 34 ans, l’entend souvent quand elle raconte son enfance. Non, elle n’est pas entrée en conflit avec ses parents, ne s’est pas révoltée contre l’école ou contre la société, n’a eu aucun comportement excessif (alcool, cannabis, fugue). « Parfois, j’ai l’impression de ne pas être tout à fait normale, avoue-t-elle. Je me sens en décalage avec ceux qui racontent leurs années de collège ou de lycée. J’éprouve même une certaine culpabilité à avoir été aussi sage. Pourtant, au fond de moi, j’assume mon caractère réservé. C’est plutôt le regard des autres qui me pose problème. » « Dans notre société, on s’attend forcément à ce qu’un adolescent fasse une crise. C’est presque devenu la norme », déplore Daniel Marcelli, pédopsychiatre. Et il existe une croyance insidieuse mais tenace selon laquelle on ne saurait être un adulte tout à fait épanoui, achevé, accompli sans être passé par une période de remise en question radicale à la puberté. « Nous vivons dans une époque qui idéalise la transgression, de façon très romantique », commente Marie Rose Moro, psychiatre. Ainsi, le best-seller de ces dernières années a pour titre Indignez-vous ! (et pas Obéissez !), les figures les plus valorisées par les médias sont celles d’artistes et de people en rébellion, le monde de l’entreprise célèbre les patrons visionnaires et fortes têtes, tels Steve Jobs, Elon Musk ou Xavier Niel, les réseaux sociaux et la télé-réalité Ce n’est pas obligatoire La croyance est vivace : devenir adulte passerait par une rébellion radicale à la puberté. Les psys et nos trois témoins sont formels : la crise d’adolescence, dans sa forme la plus tapageuse, n’est pas une étape obligée. ai trop seum

Dossier 15 encouragent l’exhibition de soi la plus outrancière et la plus décomplexée, à la manière d’un ado qui met ses baskets sur la table… Dans ces conditions, celui qui n’a pas dit « merde ! » à ses parents paraît suspect, un tantinet lâche, mou, conformiste. « Il arrive même qu’on lui prédise une crise plus tard, en milieu de vie, quand toute cette violence refoulée resurgira de son inconscient, c’est un peu exagéré ! » souffle Daniel Marcelli. Car les psychiatres et les psychanalystes sont formels : la crise d’adolescence, dans sa forme tapageuse, n’est pas une étape obligée dans la vie. « L’adolescence est d’abord un phénomène physiologique : elle correspond à la puberté, un moment où le corps se transforme, où l’enfant devient un adulte, rappelle Philippe Jeammet, professeur de psychiatrie et spécialiste de l’adolescence. Le jeune qui traverse la puberté s’interroge, fatalement, sur quantité de sujets, il remet en question ses parents, les valeurs qui lui ont été transmises. Il s’agit pour lui de s’approprier sa subjectivité, sa capacité de désirer, de parler en son nom. Cela se traduit forcément par une crise psychique interne, mais ça ne veut pas dire qu’elle sera extériorisée. » En d’autres termes, si chacun d’entre nous vit, à cette période-là, une crise en son for intérieur, celle-ci ne se manifeste pas forcément de façon « bruyante » et « comportementale » (ce qui pourrait être la bonne définition de la crise d’ado). Marine, 38 ans, en est une parfaite illustration. Elle n’a pas insulté sa mère ou ses profs, mais elle avoue un certain malaise physique : elle se trouvait trop maigre, empotée, moins belle que les autres. Autant de signes d’un inévitable flottement intérieur lié à cet âge, mais qui n’a aucunement eu besoin de prendre l’apparence d’une attitude « dégoûtée de la vie » ou d’un conflit ouvert avec ses parents. Une crise de parents ? Comme toutes les personnes que nous avons rencontrées, la jeune femme explique aussi que son père et sa mère se montraient très compréhensifs, sans jamais être laxistes. Une ambiance familiale harmonieuse, des parents qui sont à l’écoute, serait-ce la clé ? « À partir du moment où vous avez un environnement relativement équilibré, où l’on arrive à parler, à échanger, malgré les problèmes inévitables, il n’y a pas de raison que la crise d’adolescence prenne une dimension tapageuse, note Daniel Marcelli. La violence contre soi-même ou contre les autres vient souvent du fait que la parole ne fonctionne plus, quand on se trouve dans un climat de très médiocre compréhension, d’empathie basse. » La révolte contre les parents serait-elle alors l’expression d’une crise à l’intérieur de la famille, voire d’une crise des parents eux-mêmes ? Il importe de ne pas généraliser. « Au sein d’une famille, un enfant va connaître une adolescence très mouvementée, tandis que son frère ou sa sœur, qui ont un ou deux ans d’écart, vivent les choses de manière apaisée. Ils grandissent pourtant dans la même ambiance », nuance Marie Rose Moro. Une adolescence sage ou rebelle n’est pas uniquement le reflet du climat familial. Elle résulte aussi d’éléments très personnels qui remontent à la petite enfance. Si, par exemple, un individu a eu, dans ses jeunes années, l’impression d’avoir été moins aimé qu’un frère ou une sœur, cette blessure pourra resurgir plus tard. Pas de bruit, pas de problème ? On pourrait donc croire que l’adolescent docile, sans révolte, est forcément un être sans problème. Pourtant, tout n’est pas rose chez ceux dont la puberté a ressemblé à un long fleuve tranquille. Surtout quand celle-ci a pris des allures de mer calme. « Chez certaines personnes, on constate un conformisme excessif, voire une pathologie conformiste, qui peut inquiéter, explique Philippe Jeammet. Il s’agit de personnalités très effacées, très craintives, qui ont fait tout ce que leurs parents leur demandaient parce qu’elles avaient peur de déplaire, parce qu’elles ne se sentaient pas dans un climat suffisamment rassurant pour s’exprimer. La présence d’un parent très malade ou en dépression grave peut aussi conduire un enfant à se refermer sur lui-même. » En psychiatrie, cette absence totale de révolte a un nom, l’« adolescence blanche », et peut se traduire à l’âge adulte par des phénomènes de décompensation, des dépressions plus ou moins graves. Après avoir eu la «bonne

17 élève attitude », s’être marié très tôt, être tout de suite entré dans le moule professionnel et social, un adulte se trouvera fort dépourvu quand la bise du changement sera venue. Une séparation, un licenciement, la crise de milieu de vie vont l’abattre d’un coup. « Chaque étape de l’existence nécessite une élaboration psychique, souligne Marie Rose Moro. Cela implique de s’adapter, de digérer ce que l’on vit, de comprendre ce qui vous arrive, de trouver le sens que cela a pour vous. Quand on ne le fait pas, l’étape suivante peut être plus douloureuse. » Reste une question : si la vraie crise d’ado, la violente, la brutale, « reste une exception », comme le dit Philippe Jeammet, pourquoi notre société s’y intéresse-t-elle autant ? Pourquoi tant de littérature sur le sujet ? Pourquoi les parents sont-ils si craintifs de voir leurs enfants aborder les terres mystérieuses de la puberté ? Moins d’autorité, moins de rejet ? « L’adolescence est le miroir de notre société, assure Daniel Marcelli. Nous sommes obsédés par la jeunesse. Au travail, en amour, il faut être capable de se réinventer sans cesse, de s’adapter, de se transformer tout au long de la vie. D’affirmer ses valeurs, de faire entendre sa voix. Autant de qualités associées à cette période. » Pourtant, si l’adolescence est un modèle de notre temps, cela ne rime pas nécessairement avec crises à tout bout de champ. Philippe Jeammet constate qu’aujourd’hui celles des jeunes sont moins fréquentes et moins violentes qu’autrefois. « Il n’y a plus de contraintes éducatives fortes, d’autorité verticale qui provoque des réactions de rejet. Ce que les parents prennent pour des crises n’en sont pas vraiment. Certes, les ados peuvent parfois paraître bruyants et impolis, mais ce sont là des aspects relativement secondaires, liés à la culture jeune. Ils affichent des signes de reconnaissance, d’appartenance que n’ont pas connus leurs parents et qui les heurtent. Ceux-ci ont alors l’impression que leurs ados sont ingérables, mais, dans la majorité des cas, ce n’est pas vrai. » Dans une étude Ipsos de 2011, 69 % des 16-24 ans déclarent d’ailleurs que les moments qu’ils préfèrent sont ceux passés en famille… Et si l’ado « bien dans sa vie, bien dans son cocon » était la valeur montante ? Témoignages « Il n’existait pas de révolte en moi » Michel, 49 ans, secrétaire de rédaction, marié, père de deux filles de 23 et 20 ans « Je viens d’un milieu ouvrier. J’étais le cadet d’une famille de huit enfants. Malgré la promiscuité, je garde un bon souvenir de mon enfance. J’avais beaucoup d’affection pour mes parents, des sortes de poètes, qui me faisaient rire. Il n’y avait aucun conflit entre nous. À la fin de la troisième, mes résultats se sont dégradés. On a voulu m’envoyer en BEP, mais j’ai refusé, sans doute par paresse et par mauvais esprit. J’ai convaincu mes parents qu’il valait mieux que j’arrête l’école et que je travaille. J’avais 15 ans. J’ai enchaîné chômage et petits boulots : livreur, ouvrier spécialisé, distributeur de prospectus… Entre 15 et 20 ans, j’ai continué d’habiter chez eux et ça se passait bien. À l’époque, j’ai découvert le rock and roll, j’ai joué dans des groupes, je sortais le soir avec des amis, mais je n’ai jamais eu l’impression de faire une crise d’adolescence. Il n’existait pas, en moi, de révolte contre ma famille, la société ou les institutions. Je me laissais porter, amusé et intéressé par ce que je découvrais, la musique, les livres, les gens. C’est plutôt à 24 ans, quand je me suis mis en couple, que je me suis rebellé. Je ne Dossier

18 voulais plus travailler. Il me semblait que le monde de l’entreprise, à tous les échelons, est un lieu abrutissant, où les gens manquent de fantaisie, se prennent beaucoup trop au sérieux. Ce sentiment ne m’a pas quitté, même si j’ai toujours travaillé, assumé mes responsabilités. Mes filles, de 23 et 20 ans, n’ont pas fait de crise d’ado non plus. Il faut croire que c’est de famille… » « J’étais plutôt timide et réservée » Sandra, 40 ans, secrétaire comptable, mère de deux filles de 17 et 13 ans « Je suis la plus jeune d’une fratrie de quatre enfants. Mon père était contremaître et ma mère s’occupait d’enfants à la maison ce qui lui permettait d’être très présente. Chez nous, il régnait une atmosphère harmonieuse. Mon père incarnait l’autorité, mais avec mesure. Derrière sa pudeur, on sentait beaucoup de bienveillance et d’amour. Quant à ma mère, elle s’est toujours montrée très proche et très ouverte. À l’adolescence, quand j’ai vu des copines s’affirmer, répondre à leurs parents, entrer en conflit avec eux, je me suis posé des questions. J’étais attirée par elles, admirative de leurs révoltes, de leur détermination. Elles semblaient se faire davantage entendre que moi, qui étais plutôt timide, réservée. Mais, au bout d’un moment, j’ai dû admettre que c’était mon caractère. Pourquoi aurais-je été en rébellion contre ceux que j’aimais ? Et puis j’avais des activités, comme le basket-ball, que je pratiquais de façon intense, qui me permettaient d’être bien socialisée, d’avoir des amies. À l’âge adulte, je n’ai pas non plus connu de crise existentielle. Cela fait dix-huit ans que je suis mariée, et je me sens heureuse dans ma vie de couple, dans mon métier. Je suis plus épanouie que je ne l’étais à l’adolescence. Mes deux filles ont 17 et 13 ans, et, pour l’instant, elles ne montrent pas de signes de mal-être. Elles sont adorables. Mon rôle ? Mettre des mots sur leurs maux, comme ma mère le faisait avec moi. » « Être sage a été ma rébellion à moi » Marie, 30 ans, en couple, travaille dans la communication « À l’adolescence, je me suis sentie en décalage avec les autres. Je n’avais pas de problèmes avec mes parents ni avec mes deux sœurs. Je n’éprouvais pas le besoin de boire de l’alcool ou de fumer des joints. Même les garçons n’étaient pas vraiment ma priorité à l’époque. Je me sentais différente et je n’avais aucune envie de suivre le troupeau. En fait, être sage a été ma rébellion à moi ! J’ai toujours eu un tempérament conciliant, je fuyais le conflit. Certes, je n’étais pas très bien dans ma peau, j’avais des petits complexes, mais rien de vraiment alarmant. Il faut dire que mes parents étaient très à l’écoute, nous laissant de la liberté tout en nous donnant un cadre et des limites. Après le bac, je suis partie faire des études. Le fait d’avoir eu tout de suite mon indépendance m’a permis de me construire hors du foyer familial. C’est plutôt aujourd’hui, à 30 ans, que je connais un sentiment de révolte. Comme pas mal de gens de ma génération, me semble-t-il, j’ai l’impression d’avoir tout bien fait, de m’être coulée dans le moule. Je me pose beaucoup de questions. Nous vivons dans une société régie par l’argent, qui va toujours plus vite, dans une ronde vaine et frénétique. On en oublie les fondamentaux. Je voudrais revenir à un mode de vie plus simple, plus sain. Est-ce moi ou est-ce le monde qui est en crise ? » Dossier

Du 26 février au 26 mars

S’il y a bien une période que tous les parents redoutent, c’est la crise d’adolescence de leur progéniture… Il faut dire que cette transition n’est pas facile à vivre pour toute la famille, même si elle n’a rien d’anormal. En revanche, ce passage (quasi) obligé dans la vie de tout individu peut aussi déboucher sur des troubles du comportement plus graves, comme la dépression, l’anorexie, la toxicomanie et autres problèmes psychologiques. Mais il est rarement évident pour les parents de faire la différence entre une crise d’ado classique et des pathologies beaucoup plus inquiétantes. Guetter les signes avant-coureurs La période de l’adolescence met fin à une enfance sécurisante et marque le début d’une vie d’adulte. Les changements sont nombreux : sociaux, physiques, affectifs et même familiaux. On s’oppose à ses parents, on teste ses limites, on cherche des défis et l’on a souvent des réactions excessives. Bien sûr, chaque adolescent vit cette période différemment : certains vont exacerber leur comportement quand d’autres vont être dans l’introversion. Néanmoins, certains problèmes très profonds peuvent laisser place à des pathologies plus compliquées à déceler. Pas facile en effet pour certains parents de se rendre compte du mal-être de leur enfant à une période où l’on considère qu’il est normal de se sentir mal dans sa peau… Il faut cependant être vigilant et savoir repérer les signes qui peuvent dissimuler des pathologies graves : angoisse, anxiété, phobies, addictions, comportements asociaux ou échec scolaire sont des signaux à ne pas ignorer. Les différents troubles Les troubles dont souffrent les adolescents sont de différentes natures. On trouve d’abord les troubles d’opposition et de conduite, qui consistent à bafouer systématiquement les règles sociales, à adopter un comportement d’agressivité et de défiance sans jamais reconnaître ses torts. Il y a également les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) qui se 20 De la crise d’ado aux troubles du comportement Entre une crise d’adolescence tout à fait classique et un mal-être psychique profond, la frontière est parfois ténue. Durant cette période difficile, les parents doivent savoir faire la différence entre une crise passagère et des problèmes plus graves. Dossier

Dossier 21 manifestent par des peurs totalement irraisonnées, la répétition de certains gestes, des rituels et des idées fixes envahissantes. Dans un autre registre, la dépression est également une pathologie banale chez les adolescents : anxiété, crises d’angoisse, dévalorisation, culpabilité et pensées suicidaires doivent alerter les parents sur l’état psychique de leur enfant. C’est aussi le cas des résultats scolaires qui flanchent sans raison ou, au contraire, d’un surinvestissement à l’école ou dans les activités extrascolaires qui empêche l’adolescent d’avoir une vie sociale. Enfin, les addictions, notamment à la drogue (lire page 18), sont aussi une forme sérieuse de mal-être à prendre très au sérieux, tout comme les troubles alimentaires, qu’il s’agisse d’anorexie ou de boulimie. Accompagner son ado Si ces troubles s’inscrivent dans la durée et que votre ado refuse de voir où est le problème, vous devez évidemment intervenir. Pas question de déballer son inquiétude à la moindre occasion ou, encore pire, de culpabiliser son enfant. La meilleure solution est de faire appel à des professionnels, qu’il s’agisse de votre médecin traitant, d’un psychologue ou d’un psychiatre. Dans bien des cas, une psychothérapie est en effet nécessaire pour apprendre à gérer les situations et les troubles dont souffre l’adolescent. Il faut se rappeler que la figure parentale est rarement le meilleur moyen pour un jeune de se livrer et d’exprimer sa souffrance. L’intervention d’un tiers neutre, professionnel qui plus est, est beaucoup plus légitime et efficace. D’autres méthodes, comme l’hypnose et la sophrologie, peuvent également aider un ado en souffrance. Mais là, tout dépend de son investissement… Dans tous les cas, même si votre enfant refuse catégoriquement de se faire aider, il faut affirmer votre autorité et l’y forcer, du moins au début, jusqu’à ce qu’il tisse un lien de confiance avec son thérapeute… Des troubles visibles dans le cerveau Des chercheurs en psychiatrie et en neurosciences des universités de Cambridge et d’Harvard ont démontré que les troubles de la conduite et du comportement chez les ados étaient visibles dans la structure même du cerveau. En effet, chez ces jeunes en souffrance, il a été observé que l’épaisseur corticale, c’est-àdire du cortex, était beaucoup plus épaisse que chez les autres.

22 Dossier Depuis quelque temps, son attitude a changé : il a le regard vague, semble indifférent, ses résultats scolaires ont faibli, il lui arrive de sécher des cours. Le sport ne l’intéresse plus et ses fréquentations se limitent à quelques amis… Sans conclure trop vite, car ces signes peuvent aussi témoigner d’un état dépressif, il y a des raisons de penser à la consommation de cannabis. À fortiori s’il a des besoins d’argent de poche accrus… Pas de panique… Ne vous affolez pas si vous apprenez que votre fils ou votre fille a essayé le cannabis. Mais ne ratez pas non plus l’occasion d’en parler. Les spécialistes estiment que le passage du premier joint « pour voir » à une consommation régulière – quand elle se produit, ce qui n’est pas systématique non plus – demande environ dix-huit mois. Alors oui, mieux vaut engager le dialogue dès les premiers pétards (mais également dès les premières cigarettes ou les premières boissons alcoolisées). La recherche de sensations fortes, inévitable à l’adolescence, ne doit pas instaurer des habitudes de vie, puis des attitudes de dépendance qui seront d’autant plus difficiles à «désinstaller » qu’elles auront été précoces. Parlez-lui… En parler, c’est d’abord éviter de laisser planer un doute qui peut empoisonner vos relations. Mais gare à ne pas le mettre en accusation. Evoquez d’abord ce que vous avez constaté, faites état de votre inquiétude et concluez : « Je pense que tu fumes du cannabis. » Pour éviter les moments de tension et donner toutes ses chances au dialogue, prenez rendez-vous – « Il faut que nous discutions ce soir après dîner » ou « samedi avec ton père » – pour dramatiser un peu ce moment et signifier ainsi l’importance que vous accordez au sujet. La présence des deux parents, même s’ils sont séparés, est importante : vous allez lui faire part d’un souci partagé dont il doit prendre la mesure. Il nie en bloc… Dans un premier temps, il ne sert à rien d’insister. Rappelez-lui que vous avez un devoir de vigilance envers lui. Précisez : « Je ne vais pas fouiller ta chambre, mais j’exige que tu m’ouvres aussitôt quand je frappe. » Prévenez-le que vous allez rencontrer ses enseignants, son moniteur de sport, tel de ses copains, pour prendre contact… Il doit sentir que vous agissez dans son intérêt. Recommencez six mois plus tard. S’il n’admet toujours rien et refuse le dialogue alors que les signes inquiétants (sommeil Cannabis et ados Trouver les bons mots Vous avez trouvé un joint dans sa chambre… Comment réagir ? Petit manuel à l’usage des parents, avec le professeur Daniel Marcelli, psychiatre, spécialiste de l’adolescence. Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

perturbé, désinvestissement scolaire…) persistent, prenez rendez-vous avec un spécialiste. Mais évitez toute surveillance policière. Prenez garde aux mesures brutales qui poussent les adolescents en révolte vers des transgressions plus fortes : délinquance, consommation de drogues plus dangereuses. Il admet qu’il fume… C’est déjà une bonne chose. Reste à évaluer sa consommation : quand, depuis quand, combien ? Il avoue fumer occasionnellement le samedi soir avec ses copains ou lors de fêtes : dites-lui que cela ne vous plaît pas ; que vous préféreriez qu’il arrête ou qu’au moins il en reste là, que vous n’accepterez jamais qu’il fume à la maison. Faites appel à la confiance, à son sens des responsabilités. Mais cette forme de tolérance est tout à fait exclue si l’ado a moins de 15 ans. Toutes les consommations psychoactives (alcool, tabac, cannabis, etc.) sont particulièrement nocives à cet âge, le système nerveux central étant encore en pleine maturation. Il admet qu’il lui arrive de fumer seul le soir pour s’endormir ou que le pétard l’aide à se sentir mieux. Ou il fume presque tous les jours… Proposez-lui de faire le point avec un médecin : « Il n’est pas normal que tu aies besoin de quelque chose pour être bien quand tu es seul. » Il est légitime de s’inquiéter quand

Dossier 25 un adolescent cherche à anesthésier sa pensée. À certaines doses, le cannabis n’est plus récréatif mais autothérapeutique, c’est-à-dire utilisé comme antidépresseur et/ou anxiolytique. Les parents doivent trouver un médecin compétent. Pas un centre de désintoxication, mais plutôt un psychiatre spécialiste de l’adolescence, un pédiatre ou un généraliste qui s’intéresse aux consommations de drogues. Le recours à un psychologue spécialisé est évidemment possible, et il est parfois nécessaire d’envisager un traitement antidépresseur (que seul un médecin peut prescrire). L’objectif est de responsabiliser l’adolescent sur sa santé psychique et physique. Il vous provoque… Il laisse traîner un peu d’herbe sur sa table, voire allume son joint sous votre nez : réagissez ! Il est dans la provocation et toute provocation est un appel. Il ne faut ni s’y dérober en faisant semblant de ne rien voir, ni foncer tête baissée. Annoncez en substance : « J’ai trouvé le pétard que tu avais laissé traîner, cela m’inquiète, parlons-en. » S’il cherche vraiment l’affrontement, faites intervenir un tiers, un psychologue, par exemple. Quand la relation avec l’adolescent se situe dans le conflit, la thérapie familiale est souvent une bonne issue. Fixez les limites Avant 15-16 ans : le cannabis représentant une véritable menace pour la santé de ces presque encore enfants, l’interdiction doit être formelle. Sans asséner un « je t’interdis », affirmez plutôt : « Nous ne voulons pas que tu fumes, tu es trop jeune, ton cerveau est en pleine croissance, tu risques de l’abîmer. » Un jeune qui a confiance en ses parents, qui sent leur autorité légitimée par le désir de le protéger, sera réceptif à ce message. Pour autant, il faut parfois l’aider en l’éloignant de certaines fréquentations mais cette mesure ne doit pas être comme une punition. Associez-le au choix de la solution. À tout âge : un parent ne doit pas autoriser un comportement sous prétexte qu’il ne sait pas comment l’interdire. On n’« autorise » pas son enfant à fumer, à boire ou à se mettre en danger en général. Reconnaissez les faits, il ne sert à rien d’être dans le déni, mais faites-lui part de votre déplaisir et fixez des limites. Ensuite, puisque vous avez interdit toute «fumette» à la maison, faites en sorte qu’il ait plaisir à y rester : ouvrez la porte à ses copains, laissez-leur un espace pour écouter ou faire de la musique ; proposez-lui de s’investir dans un sport qui l’a toujours intéressé ou achetez-lui enfin une guitare : ne supprimez pas l’argent de poche, mais réévaluez-le en fonction de ses besoins réels. Vous fumez... ou avez fumé Il/elle ne le sait pas Vous ne vous sentez pas à l’aise à l’idée de lui “faire la morale”. Alors songez que la teneur en THC (tétrahydrocannabinol, le principe actif) du cannabis actuel est près de dix fois plus élevée que celle des joints que vous avez peut-être fumés il y a quinze ans… Et à l’époque, vous aviez plutôt 20 ans que 13 lors de votre première bouffée. Il n’en a que 16, rien n’est comparable, oubliez votre culpabilité et intervenez ! D’ailleurs, rien ne vous oblige à tout lui dire.

26 Dossier Il/elle le sait Vous ne touchez plus aux pétards depuis longtemps : évoquez votre cas “en positif” pour rappeler l’importance du contrôle, de la maîtrise de soi, et votre crainte qu’il ne soit trop jeune pour y parvenir. Evitez les phrases du type : “Ne fais pas comme moi” (souvent employées par les parents tabagiques ou ceux qui consomment de l’alcool), qui vous disqualifient comme parent. Vous fumez encore : vous êtes plutôt mal placé pour interdire directement. Admettez devant lui que vous avez un problème de dépendance et que vous ne souhaitez pas qu’il en vienne là, puis mettez-vous en retrait et passez la main à votre conjoint, à un éducateur, à un médecin. L’erreur à ne pas commettre : fumer avec lui, soi-disant pour maîtriser sa consommation. Cette attitude est perverse : le parent entraîne son enfant dans sa propre dépendance afin de nier sa propre addiction, comportement fréquent chez certains alcooliques, qui font volontiers boire leur entourage pour se sentir moins coupables de boire euxmêmes. C’est aussi une attitude assez naïve, une illusion d’omnipotence parentale. L’adolescent ira fumer ailleurs et “se déchirer” plus fort, loin de vous. Témoignages Xavier, 13 ans, fumeur régulier « J’ai commencé avec mon frère qui a 18 ans, il y a quelques mois. Mais il ne sait pas que depuis, je continue. Je fume deux ou trois fois par semaine, surtout le week-end et toujours avec mes copains. Ça me relaxe, et je trouve ça cool de fumer entre potes. On se sent plus grand ; ça donne un genre sympa. On montre qu’on se fiche des autres, des interdits, de la police. Si mes parents sont au courant ? Jamais de la vie ! Ils me tueraient. » Sophie, 17 ans, fumeuse occasionnelle « Moi, le joint, c’est juste de temps en temps, dans les fêtes, ça va avec l’alcool. C’est pour être un peu plus dans l’esprit de la fête. Je me sens légère, moins dans la réalité. Ça me permet de rigoler plus que d’habitude. Mais si je ne suis pas bien, je ne fume pas. J’aurais trop peur de faire un ‘bad trip’. C’est sûr qu’un jour j’arrêterai totalement… Quand j’aurai des enfants. » Sylvain, 19 ans, non-fumeur « Je ne bois pas, je ne fume pas de cigarette et je n’ai jamais touché à l’herbe. Ça n’apporte rien. Je le sais pour avoir lu des trucs à ce sujet sur Internet et pour en avoir parlé avec mes parents. Et parce que je connais des gens de mon âge qui fument : je vois bien qu’ils sont moins attentifs, qu’ils travaillent mal… Je pense que quand on fume, c’est qu’au fond on est mal, on cherche à fuir ses problèmes. Moi, quand j’ai besoin d’évacuer mes soucis, ma méthode c’est le sport et les activités manuelles. » Tony, 17 ans, fumeur potentiel « Essayer, à l’occasion, oui, pourquoi pas ? Ça me paraît même indispensable si l’on veut se faire une idée sur le sujet et pouvoir en parler en connaissance de cause. Mais en prendre l’habitude, non. Moi, je vois ça comme un symbole d’échec. Quoi que les gens en disent, je suis sûr que ça rend dépendant ; j’ai plein d’exemples dans mon entourage. Ça les a rendus totalement différents; à les entendre, on dirait que fumer, c’est la seule chose qui compte vraiment. » Sébastien, 15 ans, fumeur occasionnel « Je ne fume qu’à l’occasion. Si j’arrêterai un jour ? C’est clair, dès que j’aurai des responsabilités. Pour l’instant, pas d’urgence. Mes parents le savent ; ils ne sont pas très contents, même s’ils m’ont avoué qu’eux aussi ils avaient essayé à mon âge. Tout en me laissant faire, mon père m’a fixé des règles : uniquement le week-end, en soirée, et jamais d’autres drogues. Et je lui obéis, c’est normal. »

28 Dossier Une interro de maths qui approche, un chagrin d’amour, une compétition sportive à préparer ou des disputes incessantes avec les parents, la vie d’un adolescent n’est pas un long fleuve tranquille… Sans cesse agités, stressés ou fatigués, nos ados peinent souvent à trouver le calme et la sérénité. Pour les aider à se concentrer et à retrouver la paix intérieure, la méditation est un exercice intéressant aux bienfaits multiples. La méditation de pleine conscience, quèsaco ? Toute la semaine, les adolescents sont sollicités, que ce soit par les cours ou les activités extrascolaires. Cette course contre le temps et ce rythme quotidien effréné ne leur laissent que peu de temps pour trouver le calme et souffler. Pourtant, à un âge où tout ou presque demande de l’attention et de la concentration, cette quiétude est une nécessité. Pour aider les jeunes à mobiliser toutes leurs ressources, la méditation de pleine conscience est une piste sérieuse à explorer. Issue de la tradition bouddhiste, cette technique s’est ensuite imposée aux États-Unis avant de conquérir l’Europe. Elle permet de retrouver un esprit pleinement attentif, c’est-à-dire de s’entraîner à être dans le présent, à relier son mental à ses sensations tout en observant ses pensées positives ou négatives. Il ne s’agit pas ici de relaxation ni de détente mais bien d’entrer en contact avec soi. Maintes fois prouvés scientifiquement, les bienfaits de la méditation de pleine conscience sont nombreux. En plus de chasser le stress et l’anxiété, elle permet la sécrétion d’endorphines, les hormones du bien-être. Les effets sont instantanés et contribuent au développement des capacités de concentration et de mémorisation. Des exercices à mettre en pratique En favorisant la réduction du stress chez les ados, la méditation peut les aider à gérer leurs angoisses dans bien des situations, que ce soit avant un examen ou lors d’une compétition sportive par exemple. Il existe alors des petits exercices très simples à faire quotidiennement pour se débarrasser de ses angoisses. Premier exercice : posez les paumes des mains sur la table ou le bureau, et les pieds bien à plat au sol également. Fermez les yeux, respirez calmement et observez vos inspirations et expirations. Attirez ensuite votre conscience dans les doigts, la chaleur de la paume et le dessus de la main. Contemplez vos pensées, qu’elles soient positives ou négatives, et recentrez-vous sur vos mains. Deuxième exercice : assis, fermez les yeux et respirez naturellement mais de façon profonde. Concentrez-vous ici plus particulièrement sur les mouvements des narines, de la gorge et du ventre. Appréciez toutes les sensations liées à la respiration, tout en évitant de laisser vagabonder votre esprit. Troisième exercice : allongé, l’exercice consiste, ici, à porter votre attention sur tous les membres de votre corps, de la tête aux pieds. Commencez par le sommet du crâne, le visage (sourcils, nez, joues…), en passant par le cou, le torse, le périnée, les jambes et jusqu’aux orteils. Pas besoin de méditer durant une heure, des sessions de deux ou trois minutes suffisent amplement à constater des bénéfices rapidement. Il a notamment été démontré qu’en méditant de la sorte avant et après un cours, les ados étaient plus calmes et apaisés, leur capacité d’apprentissage et de mémorisation des informations étant également décuplée. La méditation à la rescousse Même à l’âge de l’insouciance, on peut souffrir d’angoisses ou être terrassé par le stress. Pour que les ados apprennent à lâcher un peu du lest, la méditation de pleine conscience est une bonne thérapie.

30 Portrait © Delphine Mayeur

31 Portait « J’ai commencé à être présente sur Instagram lorsque j’étais au collège, donc assez jeune. Je partageais des photos de mon quotidien mais je ne me mettais pas en scène car j’avais un souci avec mon image dans la mesure où j’étais en surpoids », souligne Ilonah. On s’étonne car à 23 ans, la jeune femme a un corps de rêve. « J’ai pris conscience à un moment de l’importance de s’alimenter sainement, de faire du sport, de la musculation. Je suis passionnée actuellement de nutrition et de sport. » Entre 10 ans et 14 ans, Ilonah a beaucoup voyagé. L’occasion de partager sur Instagram des photos de ses périples en Europe, en Indonésie, au Vanuatu, en Nouvelle-Zélande… « J’ai été très tôt attirée par la photo, précise la jeune Calédonienne. Je photographiais des paysages que je postais ensuite. Sur Instagram, je suivais des influenceuses voyage. Je regardais le style de leurs photos pour m’en inspirer. » Timide et réservée C’est en 2018 qu’Ilonah décide de s’investir encore plus sur ce réseau social et passe un cap, celui de se mettre en avant sur les photos et de plus être simplement derrière son appareil photo. « Je me suis fait violence car je suis d’une nature réservée, timide, renfermée et solitaire alors que l’on pourrait penser que je suis sûre de moi », appuie la jeune femme. Instagram serait alors une sorte de thérapie ? « Je n’irais pas jusque-là mais Instagram m’a permis de me réconcilier avec mon image et de m’apprécier. C’est un outil qui m’a fait sortir de ma zone de confort. Je me suis fait violence au début pour être sur les photos. » Rester soi-même Ilonah a aujourd’hui plus de 40 000 followers, des Calédoniennes, des Calédoniens ainsi que des personnes du monde entier, et pourtant, elle ne se considère pas comme une influenceuse. « Je ne fais pas la promotion de produits même si je l’ai fait une fois pour Yves Rocher », confie cette ancienne élève diplômée de l’EGC. Se mettre en avant, en scène, peut avoir des conséquences négatives, comme par exemple des commentaires désobligeants. « La plupart des commentaires sont bienveillants, relève Ilonah. Les commentaires désobligeants, je ne m’y attarde pas et je n’y réponds pas. » Quels conseils donnerait-elle à une jeune fille qui souhaite se lancer sur Instagram ? « Rester soimême, se détacher du regard des autres, et ne pas être freinée par le qu’en-dira-t-on », appuie Ilonah. La jeune femme, qui a la tête bien sur les épaules, travaille comme assistante depuis le Caillou pour une société d’investissement immobilier en Australie. Son rêve est d’ailleurs de s’installer chez nos voisins pokens. « J’ai tellement adoré la troisième année de mes études à l’EGC passée à Melbourne que j’ai vraiment hâte de retourner en Australie pour y vivre. » Ilonah Rat Instagram m’a réconciliée avec mon image Elle ne se dit pas influenceuse et pourtant elle a plus de 40 000 followers sur Instagram. Pour Ilonah, ce réseau social lui a permis de prendre confiance en elle et de ne plus avoir peur du jugement des autres. Frédérique de Jode

La guerre des boutons Beauté 34 Le corps change à l’adolescence. Un constat qui découle des hormones, en particulier des hormones mâles, les androgènes produites par les glandes surrénales, les testicules ou les ovaires. Ces hormones vont entrainer une action sur la peau, en particulier sur les glandes sébacées qui produisent plus de sébum. Cette substance grasse à la surface de l’épiderme sert à lubrifier la peau, à la rendre plus souple et à la protéger des bactéries. Mais quand le sébum est produit en excès, il favorise l’apparition de l’acné. La guerre des boutons est alors déclarée. Visage, cou, dos, poitrine, toutes les zones riches en glandes sébacées sont concernées par l’apparition des comédons, les points noirs et points blancs. Longue à soigner ? L’acné touche entre 80 et 90 % des adolescents, à la puberté, vers l’âge de 12, 13 ans. Cette maladie de peau peut gâcher leur vie, à une période charnière de leur existence où ils ont besoin de prendre confiance en eux et de séduire. Si les premiers boutons surviennent vers l’âge de 12-13 ans, les lésions semblent plus importantes vers l’âge de 16 et 17 ans et sont souvent d’ordre inflammatoire. Cette maladie chronique de la peau peut s’avérer longue à soigner et, en l’absence de soins spécifiques et performants pour rétablir un équilibre cutané normal, on peut garder des cicatrices. Certains produits pharmaceutiques (corticoïdes, barbituriques, bromures, iodures) peuvent même aggraver la maladie. Quelles solutions ? Pour les formes légères d’acné, il est recommandé de procéder à un nettoyage de peau à la fois adoucissant et antiseptique matin et soir avec un produit spécial pour peau acnéique. Il sera associé à une crème qui agit sur le développement bactérien pour le traitement local. Des soins adaptés, hypoallergéniques, non agressifs et non comédogènes, rééquilibreront ainsi l’épiderme progressivement. Dans tous les cas, il faut toujours appliquer les produits sur une peau parfaitement nettoyée et propre. Si le problème ne s’améliore pas, l’adolescent devra consulter un dermatologue qui lui prescrira un traitement adapté selon le degré de sévérité. En cas d’acné avec de fortes inflammations des lésions appelée acné kystique ou acné inflammatoire, ce dernier prescrira un traitement antibiotique par voie orale qui peut être associé à un traitement local de l’acné. L’erreur à ne pas commettre ! Ne jamais gratter ni percer les boutons même si cela vous démange. Pourquoi ? Parce que ces gestes vont empirer le phénomène acnéique. Un bouton que l’on ne touche pas a une durée de vie en moyenne de huit jours. À l’inverse, si on Difficile d’y échapper. Adolescence rime souvent avec acné. Si cette maladie de peau est bénigne, elle peut gâcher la vie par son inesthétique. Heureusement, des traitements existent pour en finir avec les boutons.

Le soleil : un faux ami Lorsque l’on va au soleil ou lorsqu’on est exposé aux UV, on a une impression immédiate d’amélioration dans la mesure où il va y avoir une diminution de l’inflammation. Si on est bronzé, on voit aussi un petit peu moins les traces d’acné. En vérité, le soleil affecte l’acné d’une manière beaucoup plus néfaste en profondeur car les ultraviolets vont augmenter l’épaisseur de la peau et ainsi la formation de comédons. le tripote, il restera deux à trois semaines, et peut même se transformer en furoncle en laissant plus tard des cicatrices. Il ne faut pas non plus presser les points noirs, même avec les mains propres et en désinfectant avant et après.

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