L« Le problème avec Noël, estime Bruno Clavier, psychanalyste transgénérationnel, c’est qu’il s’agit d’une convention sociale. Tout le monde se réunit de façon un peu obligatoire, alors qu’au quotidien les relations peuvent s’être distendues pour toutes sortes de raisons toujours agissantes. » Chacun envisage le réveillon avec l’espoir de retrouver un peu de la magie de l’enfance. Mais en pratique, quantité de questions surgissent, qui mettent en évidence les tensions familiales : chez qui ira-t-on cette année? Qui sera là ? Mon petit frère va encore se défiler, ma mère va me faire des remarques sur ma robe, mon poids, mon jules ; mon père préfère son autre gendre, c’est une évidence ; quant à ma belle-sœur, que va-t-elle trouver à dire sur mes enfants ? Et moi, dans tout ça, vais-je encore avaler des couleuvres ou réussir à être moi-même ? « Les fêtes sont très investies pour confirmer la famille idéale que l’on voudrait être, celle qui nous a manqué, commente Juliette Allais, psychopraticienne formée elle aussi au transgénérationnel. Mais les moments de retrouvailles révèlent l’écart entre l’idéal et la réalité. Et c’est parfois très douloureux. » On se querelle, on se vexe sans avoir conscience d’être pris dans des enjeux qui nous dépassent et plongent leurs racines dans le passé familial ou la dynamique du groupe. « Les familles sont comme les icebergs, poursuit Juliette Allais. Elles ont leurs parties immergées, leurs courants souterrains. Même les plus unies peuvent être contraintes à jouer les familles parfaites du fait de leurs blessures. Il s’agit de devenir conscients de ce qui se produit et de demeurer dans nos parties adultes pour en être moins affectés. » Alors, qu’est-ce qui circule entre les convives ? Qu’estce qui crée de la défiance, du ressentiment, des réactions infantiles ? Comment éviter que les agapes dégénèrent et terminer le réveillon en douceur ? Des forces contraires « De manière générale, il y a de l’amour dans les familles, décrit Mony Elkaïm, thérapeute familial systémique. Le problème, c’est que même devenus adultes, nous nous vivons comme mal-aimés, parce que l’amour des parents est toujours inquiet, contrôleur, intrusif. » Il mime : « Comment ça se passe à ton travail ? Tu aurais dû faire autrement, pourquoi 10 Dossier
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