Femmes : Octobre 2021
Dossier 14 Il n’est pas plus surprenant d’être né deux fois qu’une, disait déjà Voltaire... Pourquoi dans notre monde «moderne», la question de la réincarnation, l’une des plus vieilles croyances de notre planète, est-elle toujours de mise ? La mode du bouddhisme avec son cortège de philosophies orientales ? L’expression d’un désarroi dans une société de plus en plus morcelée ? Face à un avenir moins brillant qu’on nous l’a promis, une façon de se rassurer sur le long terme ? Les enfants s’en souviennent La réincarnation est un concept si éloigné de la civilisation occidentale que, pour la science, il ne s’agit que d’une «pure superstition». Pourtant, des événements laisseraient penser que, au-delà des convictions personnelles ou culturelles, il y a peut-être une part de vérité, qui sort de la bouche des enfants ! Le plus célèbre d’entre eux est sans doute l’actuel dalaï-lama. En 1936, à la mort du treizième du nom, les moines se sont rendus dans une province perdue sur les indications fournies par les augures. Ils ont rencontré un garçon qui les a immédiatement reconnus et s’est mis à parler leur langue alors que, dans son village, personne ne l’utilisait. L’enfant portait les huit distinctions physiques des grands chefs religieux et a su reconnaître les objets qui lui auraient appartenu dans sa vie précédente… En Inde, c’est presque une tradition : entre 2 et 4 ans, un enfant commence à parler à ses parents d’une vie qu’il a menée en un autre lieu. Il est très attiré par les événements de ce passé et insiste pour retourner dans la famille où il prétend avoir vécu. Ian Stevenson, professeur de psychiatrie à l’université de Virginie et spécialiste mondial des «enfants réincarnés», a recensé quelque 14 000 cas curieux et publié des rapports d’enquête sur des centaines d’entre eux. « Un petit garçon de 4 ans habitait dans un village près de Beyrouth , raconte-t-il. Il avait réussi à donner, entre autres, le nom de sa famille précédente, une liste de soixante-dix détails exacts la concernant et… les derniers mots du défunt ! » Preuve de la réincarnation ? « Pas forcément , répond Ian Stevenson. Pour moi, même un cas aussi fort n’est pas parfait. Je préfère dire que mon travail suggère l’existence des vies antérieures plutôt qu’il ne la prouve. » Le psychiatre a publié le résultat de trente ans de recherches sur les «marques de naissance» — la version grand public vient d’être publiée en français sous le titre Réincarnation et biologie (Dervy). Il y décrit, par exemple, le cas d’un jeune Indien né avec une malformation de la main, racontant spontanément que, au cours de sa vie précédente, une machine agricole lui avait coupé les doigts, donnant le lieu, l’époque. Une enquête a retrouvé trace de l’événement. Des cas uniquement asiatiques ? Non. Sur Internet, Wendi, une jeune Américaine qui ne croyait pas à la réincarnation, a raconté que son fils de 3 ans avait peur des vagues. En vacances à Hawaii, il refusait de se baigner mais adorait jouer sur le sable. « Un jour, nous sommes allés sur la plage des surfeurs , a-t-elle expliqué. Il m’a dit : “Quand j’étais grand, j’ai fait du surf ici, je suis tombé dans l’eau, je me suis transformé en oiseau de Dieu et me suis envolé. Après, je suis revenu.” À partir de ce moment, il n’a plus eu peur des vagues et s’est baigné . » Une croyance devenue outil thérapeutique Retrouver des bribes de vies passées aurait-il un pouvoir guérisseur ? C’est ce qu’affirment les thérapeutes qui utilisent la sophrologie ou la relaxation active Erik Pigani Réincarnation, la croyance qui (re)monte Des chercheurs s’interrogent sur les cas d’enfants “réincarnés”. Les thérapies visant à explorer nos vies antérieures se multiplient… Superstition, ou parade contre l’angoisse de la fin du moi ? I
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