Femmes Septembre 2021

Ils méditent, prient, font des stages de chamanisme ou des retraites dans des monastères, ils lisent aussi bien les Évangiles que les Upanishad, pratiquent l’art-thérapie ou consultent des magnétiseurs. Jusqu’à présent, ils n’avaient pas de nom. On les appelle désormais les « nouveaux aventuriers de la spiritualité ». Un baptême que l’on doit au sociologue Jean-François Barbier- Bouvet. Selon lui, « ces nouveaux aventuriers ont émergé d’un paysage religieux qui s’est considérablement transformé en quelques décennies. Pratiquant souvent le hors-piste, ils ne s’inscrivent pas forcément dans le cadre des religions instituées, ou en tout cas ils ne s’y limitent pas ». Poussés par la curiosité et par le désir de faire des expériences personnelles, ils se nourrissent de lectures, de rencontres, de stages en groupe ou d’exercices en solo. Leur point commun : un même désir de se connecter à leur intériorité, de se relier à une autre dimension de l’existence. Une progression ou un déclic ? Entamer une quête spirituelle ne se décrète pas du jour au lendemain. Cette aspiration est souvent le fruit d’un long cheminement. Elle peut aussi s’exprimer comme le besoin de passer à une « étape supérieure » après avoir effectué un travail sur soi, en analyse ou en thérapie. Des événements de vie marquants, comme la maladie, la rupture d’un lien familial, un décès ou une crise personnelle, peuvent également provoquer le déclic. C’est d’ailleurs le cas d’une personne sur deux. Une variété d’expériences ou un zap- ping spirituel ? Chacun sa voie et ses pratiques. Telle pourrait être la devise de ces nouveaux aventuriers, qui se caractérisent par leur éclectisme, leur curiosité et leur souplesse culturelle. Yoga, chamanisme, méditation de pleine conscience, pèlerinages, récitation de mantras, création de mandalas… La spiritualité contemporaine constitue une vaste mosaïque de pratiques, de rites et de croyances que l’on explore, cumule ou approfondit selon son tempérament, ses convictions ou son inspiration. La variété des expériences est telle que certains n’hésitent pas à parler de nomadisme religieux, de religion à la carte ou encore de zapping spirituel. Des critiques qu’Arnaud Riou, coach, formateur, conférencier et auteur de Calme, mon carnet de méditation (Solar éditions), réfute en bloc. « Le paradigme qui régissait l’ancien monde, celui qui est en train de se fissurer de toutes parts, était la séparation. Aujourd’hui en émerge un nouveau, basé sur le principe d’interconnectivité. On ne peut plus penser ni agir de manière morcelée. Les nouveaux aventuriers de la spiritualité relient et associent, ils font des ponts entre les traditions et les pratiques. La diversité de leurs rituels témoigne d’un désir d’ouverture du cœur et de l’esprit, ainsi que d’un besoin d’unification, intérieure et extérieure. » « On est passés du modèle du “ou”, de l’exclusif, au modèle du “et”, de l’inclusif », observe Jean-François Barbier-Bouvet. Le sociologue a également constaté que si ces nouveaux aventuriers « empruntaient simultanément ou consécutivement plusieurs voies, ils poursuivaient toujours le même objectif : la progression sur leur chemin intérieur ». Se connaître pour se libérer 21

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