Femmes Septembre 2021
5) Face aux soucis quotidiens, réfléchir, ne pas ruminer L’étude du psychisme des anxieux montre qu’ils ont toujours des tracas en tête, mais que, paradoxalement, jamais ils ne les abordent efficacement : leurs ruminations ne leur apportent pas de solutions. C’est que la vocation du souci est d’être un signal d’alarme (attirer notre attention sur un problème) et non une façon de voir le monde ou de faire face à ses problèmes. Voilà pourquoi l’un des objectifs prioritaires des psychothérapies, notamment cognitives, est d’amener les personnes à considérer leurs malheurs comme des problèmes à résoudre et non comme des malédictions. On utilise alors une démarche dite «socratique», qui consiste en un questionnement serré sur ces inquiétudes : qu’est-ce qui relève des faits et qu’est- ce qui relève de l’interprétation ou de l’anticipation? Est-ce que continuer à me faire du souci m’apporte quelque chose ? Quel est mon scénario catastrophe? Quelles sont les chances qu’il survienne dans ma vie? Etc. Rude, mais instructif. 6) Ne pas nourrir d’émotions hostiles Une grande part de notre malheur vient de la place exagérée que nous faisons aux émotions «hostiles». Elles sont parfois intenses et tournées contre des personnes précises (rancœur, ressentiment, jalousie, etc.). Le plus souvent, elles prospèrent parce que nous privilégions notre besoin d’avoir raison (« Ils ont tort, ils doivent être punis ») à notre désir de nous sentir bien (« J’en suis la première victime, autant réfléchir à ce que je peux faire d’utile et passer à autre chose. »). Dans d’autres cas, ces émotions négatives relèvent de l’irritabilité envers les défauts du genre humain, et font poser un regard critique ou cynique sur le monde et ses habitants : « Celle-là, si elle se croit belle… » Le manque de bienveillance est souvent preuve de mal-être, et toujours source de malheur. Philippe Delerm, l’écrivain des « plaisirs minuscules » ( La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules , Gallimard), disait pour sa part avoir « choisi de vivre en amitié avec les choses de la terre ». 7) Savourer les moments de bien-être La meilleure des armes contre le malheur, et la plus agréable à utiliser, c’est sans doute de profiter encore mieux des bons moments que nous offre l’existence. Savourer le bien-être lorsqu’il est là, l’intensifier, le densifier représente un très bon vaccin contre le sentiment de malheur. Vous n’éviterez peut-être pas la maladie, mais ce sera sous une forme atténuée ! Comme toujours, ce n’est pas si facile que cela en a l’air. Le philosophe André Comte-Sponville parle très justement de toute la difficulté qu’il y a d’être « heureux quand tout va bien ». N’attendons pas l’adversité pour nous rappeler que la vie peut être belle et pour regretter de ne pas en avoir mieux profité… Nous voici revenus au plus ancien et vénérable des conseils de la philosophie, le bon vieux « carpe diem » (« Mets à profit le jour présent »). Dossier 14
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