Femmes Mars 2021
14 Nos gosses Les écrans, les réseaux sociaux et les jeux vidéo sont au cœur de toutes les interrogations, notamment celles des parents. Le docteur Violaine Gubler clarifie nos questions sur leur impact dans le quotidien de notre progéniture. T ous les parents y sont un jour ou l’autre confrontés. La peur des écrans, la crainte de voir leur enfant passer de plus en plus de temps mane¥e ou téléphone en main se généralise, et rares sont les cas où les jeux vidéo et les réseaux sociaux ne sont pas source de dispute, d’éloignement voire de rupture des liens familiaux. Spécialisée dans la psychiatrie de l’enfant, le Dr Violaine Gubler est confrontée quotidiennement à ces problématiques. La méfiance grandissante des parents envers les écrans, les réseaux sociaux et les jeux vidéo est- elle justifiée ? L’époque est à la diabolisation à outrance. Les écrans, les réseaux sociaux et, surtout, les jeux vidéo, n’échappent pas à ce¥e règle. Ce qui pose d’impor- tants problèmes, c’est d’exposer des enfants ou des adolescents seuls, sans discuter ou déba¥re avec eux de ce qu’ils ont vu ou fait. Leur cerveau immature a besoin d’un accompagnement bienveillant. Il est indispensable de discuter sur ce qui les a intéressés, marqués ou erayés. La base de tout, c’est l’éducateur. Les parents, les enseignants ou les grands-parents doivent agir comme des régulateurs. Dans la plupart des cas auxquels je suis confrontée, les familles vont mal. Les parents sont déprimés, en burn out, hyper- connectés. L’environnement défaillant pousse les adolescents à se réfugier derrière les écrans pour y échapper. Mon travail ne consiste pas uniquement à dire que les écrans c’est mal, mais à faire prendre conscience, à déceler ce que ce symptôme vient révéler chez eux. Peut-on parler d’addiction au sens médical du terme ? Y a t-il une spécificité des écrans ou des réseaux sociaux ? Il y a à l’heure actuelle une dramatisation autour de la notion d’addiction. Celle-ci est ra¥achée à l’image du toxicomane, à des peurs de déchéance et de rejet de la société particulièrement tenaces. Le fait que cela concerne les enfants majore ne¥ement ces in- quiétudes. Même si au niveau cérébral, la dopamine (neurotransme¥eur impliqué dans le système de récompense et du plaisir) est impliquée, appliquer le terme « addiction » ne me paraît pas adapté. Je préfère parler « d’usage problématique ». Le cerveau des enfants mature jusqu’au début de l’âge adulte. La La grande inquiétude Écrans, jeux vidéo et addictions Docteur Violaine Gubler, spécialisée dans la psychiatrie périnatale et dans la psychiatrie de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte jusqu’à 25 ans
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