Femmes décembre 2020

20 Nos gosses Toujours plus confrontés à la violence et au cyber-harcèlement, les enfants et adolescents sont nombreux à souffrir en silence, au point, parfois, de commettre le pire. Le pédopsychiatre Thierry Delcourt nous éclaire sur ce phénomène grandissant… À l’approche des fêtes de fin d’année, difficile de ne pas croiser le père Noël dans la rue ou dans les centres commerciaux. Plus dur encore est de répondre aux nombreuses questions des enfants qui connaissent tous, tôt ou tard, ce personnage emblématique censé leur apporter une montagne de cadeaux la nuit du 24 au 25 décembre. Si la majorité des tout-petits y croient dur comme fer, d’autres savent, dès le début, que ce gros bonhomme barbu vêtu de rouge n’existe pas vraiment. Faut-il faire croire aux enfants que le père Noël existe ? Quel impact ce mensonge a-t-il sur leur construction ? Éléments de réponse. Un joli mensonge Si l’on assène sans cesse aux bambins qu’ils ne doivent pas mentir, les adultes sont pourtant les premiers à leur raconter des histoires farfelues. Celle d’un vieux mon- sieur débarquant du pôle Nord en traîneau, tiré par des rennes pour distribuer des cadeaux à la planète entière, fait sans doute partie des plus gros boniments jamais inventés. Mais jusqu’à l’âge de 5 ans, les bouts de chou confondent le réel et l’imaginaire, et l’imagination est particulièrement importante dans le développement d’un tout-petit. Pour certains spécialistes de la petite enfance et psy- chologues, la croyance dans le père Noël contribue à stimuler la créativité et l’imagination de l’enfant, qui a besoin d’une vision féerique du monde. En ce sens, croire au bonhomme en rouge est un « joli » mensonge qui participe à la magie de l’enfance. C’est aussi l’apprentissage de la générosité et du don puisqu’il n’y a pas encore de vision mercantile de cette fête. Le revers de la médaille À l’inverse, d’autres pointent du doigt les effets néfastes de cette croyance, à l’instar des psychologues Kathy McKay et Christopher Boyle, dont l’étude publiée en 2016 dans la revue The Lancet avance que les enfants peuvent être blessés par ce mensonge en prenant conscience que leurs parents sont alors capables de leur mentir pour tout un tas d’autres raisons. Une telle tromperie pourrait affecter la confiance envers le père et la mère, et être vécue comme une véritable trahison. Pire encore, selon les chercheurs, lorsque la croyance dans le père Noël est utilisée à des fins de chantage, le père Noël existe ? Faut-il leur faire croire que

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