Femmes Octobre 2020

44 Nos gosses Toujours plus confrontés à la violence et au cyber- harcèlement, les enfants et adolescents sont nombreux à sou¦rir en silence, au point, parfois, de commešre le pire. Pédopsychiatre depuis près de quarante ans et auteur du livre Je suis ado et j’appelle mon ps y, Thierry Delcourt nous éclaire sur ce phénomène grandissant… De quelle violence parle-t-on exactement ? Il faut distinguer la violence que tous les ados peuvent connaître à leur âge, notamment dans les relations conflictuelles qu’ils peuvent entretenir avec leur entourage, et les autres violences qui engendrent une réponse impulsive. Il peut s’agir de la violence d’un groupe, d’une violence humiliante comme celle qui se pratique sur les réseaux sociaux, mais aussi de violence sociale, notamment dans les quartiers défavorisés où les jeunes vivent dans un monde plein de barrières où il leur est di”cile de se projeter. Quel est le profil de ces ados qui subissent la violence ? Il y a d’abord les ados angoissés avec des idées sui- cidaires. Il faut savoir que le suicide est désormais la première cause de mortalité chez les jeunes, avec une nee progression chez les 11-14 ans. Il y a aussi ceux qui sourent de phobies scolaires et de cyber- harcèlement. Mais je reçois également des jeunes qui sont eux-mêmes des harceleurs. Soit ils ne mesurent pas la gravité de leurs actes, soit ils sont dans un défi permanent. Enfin, beaucoup d’adolescents viennent consulter seuls, sans prévenir leurs parents, notam- ment pour des questions liées à l’identité sexuelle. Les filles sont-elles plus touchées que les garçons ? C’est kif-kif et la violence touche tous les âges ! En revanche, les garçons sont davantage concernés par les phobies scolaires par exemple, tandis que les filles sourent surtout d’angoisses, de harcèlement, d’anorexie et sont plus largement victimes d’agres- sions sexuelles. Peut-on dire qu’Internet et les réseaux sociaux ont fait empirer la situation ? Il y a une bien-pensance qui a”rme que les réseaux sociaux ou les jeux vidéo n’ont pas d’impact sur les enfants. C’est évidemment faux ! Les jeunes confron- tés à des images traumatiques peuvent reproduire la violence à laquelle ils sont exposés s’ils n’ont pas la capacité de digérer ce qu’ils voient. Les jeux vidéo aussi floutent la frontière entre le réel et le virtuel, si bien que certains ne savent plus identifier la réalité. Quant aux réseaux sociaux, ce sont des bons outils, mais lorsqu’ils sont le théâtre de cyber-harcèlement, c’est redoutable ! Il s’agit probablement de la violence la plus importante. En revanche, on ne peut pas Violence et cyb r-harcèlement

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