Femmes Octobre 2020

40 Psycho 5 fruits et légumes pour la vie À l’inverse des personnes anorexiques ou bouli- miques, qui se focalisent davantage sur la quantité de nourriture qu’ils ingurgitent, les orthorexiques, eux, prennent soin d’étudier scrupuleusement la qualité de ce qu’ils meent dans leur assiee. Ici, pas question d’avaler des aliments qui ne sont ni purs ni sains ni bons pour la santé. Dans le menu de ces fanas du bien manger, les plats « plaisir » n’ont guère leur place, pas plus que les bonbons, fast-foods ou autres préparations industrielles. Et de là à proscrire fromage, viande et tout aliment non issu de l’agriculture biologique, il n’y a qu’un pas que certains franchissent allègrement. Traquant tous les ingrédients jugés impropres à la consommation, les personnes sourant d’orthorexie se placent ainsi dans la privation perpétuelle et consacrent généralement plusieurs heures par jour à réfléchir à leur régime alimentaire. Certains gestes obsessionnels peuvent aussi accom- pagner cee hypervigilance comme le fait de mâcher longuement et plusieurs fois chaque bouchée, ou de passer son temps à lire les étiquees pour vérifier la composition des aliments. Les sorties au restaurant ou les repas chez les amis sont aussi proscrits. De façon générale, pour l’orthorexique, le plaisir de manger et le goût ne sont que secondaires et passent bien après la salubrité alimentaire. Manger trop sain, une maladie ? Contrairement à l’anorexie ou à la boulimie, l’or- thorexie ne fait pour le moment pas l’objet d’une reconnaissance scientifique o”cielle qui la classerait parmi les troubles alimentaires. Mais les médecins et spécialistes de la nutrition y font de plus en plus référence pour définir certains comportements, ce qui n’est pas vain, car beaucoup d’orthorexiques ignorent que leur façon d’agir est excessive. Comment, en eet, admere que manger trop sain n’est pas « normal » ? Il reste néanmoins un vrai travail descriptif et clinique à réaliser pour savoir si l’orthorexie est, en tant que telle, une maladie. Un isolement social Car, même si elle n’est pas considérée comme un trouble du comportement alimentaire, qu’elle ne provoque pas de carences et permet de manger en quantités raisonnables, l’orthorexie est en revanche un réel handicap social, un frein au partage qui peut avoir des conséquences psychologiques importantes. En eet, cee alimentation trop healthy engendre un isolement social : une personne orthorexique est in- capable de manger un plat qu’elle n’aurait pas préparé ou dont elle ne connaîtrait pas la provenance exacte. Cee démarche, souvent très mal comprise par la famille ou les proches, ferme beaucoup de portes et il n’est pas rare que les personnes orthorexiques se retrouvent isolées socialement, incapables de partager un repas avec leurs amis. La culpabilité est aussi une donnée à prendre en compte. Quiconque s’impose un tel régime alimen- taire ne peut pas ne pas culpabiliser au moindre écart. Croquer dans un hamburger ou dans une pâtisserie provoque une profonde angoisse, et souvent même une dévalorisation de soi.

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=