Femmes Septembre 2020
24 Nos gosses L orsque nous nous remémorons notre loin- taine expérience de la peinture sur feuille, apparaissent dans le désordre quelques images plutôt dissuasives : un verre dans lequel stagne une mixture trouble, entre le marron et le verdâtre, et qui finit toujours par se répandre sur la table ; des pinceaux pelés, au maniement incertain et imprécis ; des blouses a reuses ; des œuvres enfin, reléguées au fond d’une boîte elle-même confinée dans la partie inaccessible d’un placard où on la condamnera à l’oubli. Du coup, réitérer l’expérience à trente ans d’écart n’a rien de spécialement embal- lant. On se dit qu’il y a tout ce qu’il faut à l’école des enfants pour qu’ils patouillent joyeusement dans les couleurs primaires sans nous causer d’autres tracas que celui de les mere au bain et de passer leurs vêtements au lave-linge… Mais comme nous sommes des parents modernes et dynamiques, tou- jours prêts à encourager l’épanouissement artistique de nos chères têtes blondes, on tente quand même le coup, de temps à autre. Voici quelques conseils pour se réconcilier avec ces ateliers crises de nerfs, qui, bien organisés, peuvent se transformer en apaisants moments d’échange… Étape 1 : préparer le terrain Tout d’abord, pas de précipitation. Comme en cuisine, il faut faire place nee. Pour s’installer, on préférera d’ailleurs la table de la cuisine, bien plus commode à neoyer que celle du salon (penser à une toile cirée qui devient vite indispensable lorsqu’on a des enfants). Une fois l’endroit commodément installé, on évite de reproduire les erreurs du passé. Pour cela, toujours comme en cuisine, on fait l’inventaire de son ma- tériel : la blouse d’un autre âge sera utilement rem- placée par ce vieux tee-shirt informe et terriblement « tue l’amour » que l’on ne met plus que pour dormir et qui pourra être jeté immédiatement après usage, sans avoir à passer par la case lave-linge. Étape 2 : le choix des armes Les fournitures aussi seront recyclables : vieille éponge, bouchons de liège, cotons-tiges, petites voitures…, laissez libre cours à votre imagination, pourvu que vos artistes puissent tracer, tamponner ou froer à leur guise. Le tout sera transporté dans une petite bassine pratique pour neoyer le terrain à la fin des hostilités. Avant d’investir dans des pin- ceaux et des rouleaux en mousse, on peut réutiliser le matériel de pâte à modeler (l’inverse serait plus dicile) : rouleaux à empreintes, formes, couteaux ou stylets pour « graver » dans la peinture fraîche seront d’une aide précieuse. Étape 3 : de la peinture à doigts sinon rien La peinture aussi doit être choisie judicieusement : laissez au rebut tout ce qui nécessite l’apport du fameux verre d’eau ! La palee d’aquarelle est à réserver aux enfants plus âgés, habiles et expérimentés. Les tubes de gouache sont aussi à proscrire : peu rentables, ils ont tendance à s’user trop vite ou à sécher. Quant au tube, il n’y a qu’à voir celui du dentifrice pour comprendre. Nous nous rabarons donc sur la très pratique peinture à doigts lavable et multicolore. Conditionnée dans des pots à grande ouverture, parfois même estampillés « anti-débor- dement », elle accueille toutes sortes À vos pinceaux les petitsPica o Mais pourquoi tous les parents rechignent-ils ainsi à ce que leur progéniture s’installe pour un atelier peinture sur la table du salon ? Petite séance de dédramatisation…
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=