Femmes - Août 2020
50 Santé Surmédicalisée, très surveillée et suivie, la femme enceinte est hyper protégée. Puis laissée quasi à l’abandon à la naissance de son nourrisson. Pourtant, nadia Déméné, conseillère en périnatalité insiste : le postnatal, c’est sacré. L es savoirs ancestraux se sont perdus. Les techniques traditionnelles sont oubliées. Les symboles nécessaires ont disparu. Pourtant, nos vieux savaient tout. Chez les Lanak ou dans les pays du Maghreb, certaines traditions sont encore bien présentes. nadia Déméné, conseillère en périnatalité, partage son expérience dans sa famille en Afrique du nord. Elle est accompagnée de Marthe Cagnewa, maman kanak de trois enfants qui, alors qu’elle était éloignée des savoirs tra- ditionnels, a été éveillée lors de sa première grossesse aux gestes ancestraux par sa belle-famille d’Ouvéa. Toutes les deux ont animé début juin un atelier sur le postnatal au Café des parents. Les mamans présentes, émilie, Delphine, Marine, issues d’unmilieu plus éloigné des traditions, ont apprécié les conseils concrets des deux femmes. La période postnatale est un moment éprouvant. Pour le bébé qui vient de naître, plongé dans un monde à l’opposé de ce qu’il a ressenti pendant neuf mois. Pour la maman qui se retrouve tout entière à s’occuper de ce petit être, privée de sommeil. Pour le papa, qui doit trouver sa place dans cette nouvelle famille. Un moment délicat durant lequel, de nos jours, les couples ont parfois du mal à faire face. « La fatigue est l’ennemi numéro un du postnatal. On peut se retrouver dans une spirale compliquée , raconte nadia Déméné. Nous constatons des dépressions postnatales de plus en plus longues et qui peuvent se déclencher tard, après le retour au travail. » S’entourer de femmes À la naissance du bébé, la mère, comblée de joie, est épuisée. « Chez nous, en Afrique du Nord, c’est une période très particulière, de 40 jours, très codifiée, témoigne la conseillère en périnatalité, elle-même mère de trois jeunes enfants. Les cousines, les nièces, les femmes disponibles viennent dès le 8 ème mois faire un grand ménage, elles apportent des denrées spé- cifiques, font des grandes courses. Il y a toujours une présence féminine. Puis, durant les trois premiers jours après l’accouchement, la ma- man doit rester allongée. Elle se repose et garde le bébé sur elle. De garder le bébé contre soi le plus possible aide à l’allaitement. » Alors que la mère est concentrée sur son nourrisson, les femmes de la famille réalisent les tâches ménagères, soutiennent la nouvelle maman. Dans la belle famille de Marthe Cagnewa, « l’accompagnement se fait dès que l’on apprend que la femme est enceinte jusqu’à ce que Postnatal émerveillement et épuisement « i l faut oser dire non si on ne veut pas de visite ou que les visiteurs portent notre bébé. »
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