Femmes Mai 2020

sur le développement et l’éducation de ses enfants, dont il est difficile de se défaire », rappelle Patricia Ménissier dans Être mère 18 e -21 e siècle. Entre fessée et fais ce qu’il te plaît Jonglant entre Françoise Dolto et principes d’éduca- tion traditionnels, les mamans ne savent plus à quel saint se vouer. On peut les rassurer pourtant sur un point : Françoise Dolto, pointée du doigt pour son principe « d’enfant roi », ne disait pas : « laissez-lui faire absolument tout ce qu’il veut ! » Les tyrans en culotte courte ne passeront pas par nous ! Souvent mal comprise et mal interprétée, la parole de la psychanalyste a fait quelques dégâts. Il est peut-être bon de rap- peler que quand Françoise Dolto établit le fait qu’un bébé est un sujet à part entière, elle veut avant tout faire passer l’idée que ce petit bout n’est pas qu’un tube digestif qu’on emmaillote pour ne pas qu’il bouge ! Mais trop novatrices, ces idées ont été mal comprises comme le rappelle la psychanalyste Claude Halmos : « Les parents se disent : si je considère que mon enfant est un être à part entière dont la parole a une valeur, de quel droit puis-je lui interdire tel ou tel acte ? Dolto, pourtant, le disait elle-même : tous les désirs sont légitimes, tous ne sont pas réalisables. C’est le fond de son enseignement. » Et la psy d’ajouter que selon Dolto, l’enfant est « un être en construction mais qui ne peut pas se développer correctement sans l’édu- cation des adultes - donc sans leur autorité ». Donc, entre fessée et fais ce qu’il te plaît, il y a une marge bien assez grande pour éduquer son enfant avec bonté et écoute mais sans lui laisser faire n’importe quoi. Et ce sans culpabiliser ! Vous avez le droit de dire : « Non, maman ne peut pas jouer avec toi main- tenant car elle a autre chose à faire ou elle a envie de se poser un peu ». Mais pour arriver à cela, il ne faut pas faire de l’enfant l’être central de la famille. Et avant tout pour lui ! « Si des parents renoncent à leur propre trajectoire pour consacrer leur vie à leur enfant, ils l’encombrent au lieu de lui dégager la voie », commente le psychanalyste Daniel Olivier. La perfection au féminin Vous l’aurez compris, tout est question d’équilibre et de bon sens. Et notre vie en tant que femme et mère doit aussi passer par cet équilibre. Je sais, je sais… ce n’est pas facile. Nos journées n’ont que 24 heures et on a toujours l’impression de manquer de temps pour bien faire les choses. Ah ! Encore une « grande » idée : BIEN faire les choses ! Mais sérieusement : qui vous a demandé d’être parfaite ? Dernièrement une jeune maman m’a raconté une anecdote ; il y avait un concours de gâ- teaux pour Halloween organisé par l’école de sa fille. « Je suis arrivée avec mes gâteaux fantômes ridicules. Ils s’a‹aissaient, c’était horrible alors que toutes les autres mamans avaient confectionné des gâteaux incroyables ! J’ai ressenti de la mauvaise conscience vis-à-vis de ma fille. Je me suis dit : quelle mère nulle tu fais. Tu fais honte à ta petite. Tu aurais pu passer plus de temps sur ces gâteaux qui’e à les faire à 10 heures du soir ! » Quelle tris- tesse que ce e jeune femme puisse penser ça ! Sachant qu’elle a deux autres enfants dont un bébé de six mois et un mari très peu présent. Et qu’elle bosse bien sûr ! Elle n’est pas la reine de la pâtisserie ? Et ALORS ! Alors, on veut tout contrôler ! 13 Dossier Les mamans ne savent plus à quel saint se vouer.

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=