Femmes Novembre 2018

58 58 DÉCO sur l’humour et le décalage que sur l’aspect pratique, à l’instar de la fameuse série de tables basses de Michele de Lucchi. Sans doute peu pratiques pour prendre le thé, ces œuvres ne manquent assurément ni d’audace, ni de loufoquerie. En dépit de ses aspirations iconoclastes, le mouvement a connu un succès mondial — exposant dans les plus grands salons spécialisés du monde, de Stockholm à Tokyo — jusqu’à sa dissolution en 1988. Un univers acidulé aux couleurs bariolées Revenu sur le devant de la scène dès 2004 par l’entremise de l’entreprise Kartell, leader mondial du design, le style Memphis séduit pour son charme typiquement « arty », empli de nostalgie et de joie de vivre. La première chose qui capte notre attention dans cette tendance, c’est sa profusion de couleurs vibrantes et éclatantes, à l’opposé du style contemporain, axé sur la sobriété. Loin des camaïeux de gris et de taupe, le Memphis surprend par ses teintes flashy : rose bonbon, jaune citron, vert émeraude, bleu roi, rouge vif et turquoise s’étalent par larges aplats sur notre mobilier dans un sympathique vent de gaieté. Les matières nobles se parent de motifs zébrés, de petits pois et de rayures bigarrées. Les objets du quotidien s’apparentent à de véritables œuvres d’art. À l’image de la célèbre lampe à tête de canard d’Ettore Sottsass, les tables s’affichent en colonnes de Buren revisitées, les étagères prennent des airs de totems surréalistes aux bras déployés, les canapés semblent sortir d’une bande dessinée de science-fiction des années 1950 tandis que les tabourets en bois massif passent pour des jouets d’enfant géant. Le mat et le brillant cohabitent en harmonie, tandis que les formes défient la géométrie. Toujours plus fou et déjanté, le Memphis n’a pas fini de se réinventer et de faire des adeptes.