Femmes Novembre 2018

12 ADRESSES éQuiliBre Qu’est-ce que l’EMDR (EyeMovement Desensitization and Reprocessing : désensibilisation et retraitement de l’information par les mouvements oculaires) ? La thérapie EMDR a été découverte en 1987 par une psychologue américaine, Francine Shapiro, membre du Mental Research Institute de PaloAlto. L’EMDR permet de recoder des images, des perceptions douloureuses bloquées, par exemple après un choc traumatique : deuil, rupture, accidents, harcèlement moral, violences conjugales, agression sexuelle… Le traitement de l’information est un phénomène naturel de « digestion » des évènements de vie ou de souffrances existentielles et permet une baisse et donc une remise à niveau des émotions, une résolution des déséquilibres psychocorporels, une intégration de « souvenirs » pathogènes dans la mémoire, qui cessent ainsi d’être douloureux, une restauration de l’estime de soi. Comment se déroule une séance ? Le praticien EMDR aide le patient dans son processus de guérison en devenant son partenaire pour un voyage destiné à éliminer le traumatisme passé, bloqué dans son système nerveux. Avant d’utiliser la technique de l’EMDR à proprement parler, vous développez une anamnèse (une séance au moins) : le praticien doit s’informer du parcours du patient , de sa motivation, pose des questions précises au début de la séance et identifie la demande, les symptômes du patient. Plus ces questions seront ciblées, plus le traitement sera efficace. L’intuition du psy et son expérience jouent aussi. Il va sentir ce qui est sous-jacent. L’anamnèse est donc très importante. Il faut aller très vite au point « névralgique », la scène source. Attention : le praticien doit identifier la « fenêtre de tolérance » de son patient. Il doit être formé à la psychopathologie pour ne pas s’engouffrer dans une thérapie qui va réveiller des symptômes psychiatriques comme la paranoïa par exemple. De la même façon, si la personne est dépressive, il faut traiter quelque temps la dépression avant de pratiquer les séances de l’EMDR. Après l’anamnèse, on rentre donc dans le « concret »… Oui, nous procédons ensuite à l’établissement par le patient d’un lieu sûr, protégé, qu’il trouve avec plus ou moins de difficultés après une dizaine de minutes. C’est avec ce lieu sûr que nous ancrons la confiance et la sécurité. J’utilise une autre technique issue d’hypnose clinique pour renforcer cette image : c’est un geste particulier comme la fermeture du poing ou la pression de deux doigts qui coupe les phénomènes d’angoisse et de diaphragme bloqué et fait revenir instantanément le calme et la paix intérieurs non seulement dans la séance mais au Des yeux pour guérir* Interview Ghylaine Manet, psychanalyste, hypnothérapeute, praticienne EMDR-Europe

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