Femmes Octobre 2018
Deux jeunes filles à l’école de la comédie E lles sont arrivées à Limoges (Haute- Vienne) fin sep- tembre un peu déboussolées, mais avec un beau ca- deau : une coutume, à laquelle elles ont tenu à faire participer tous les élèves de leur promo, une dizaine de jeunes venus de Polynésie, de Guyane, desAntilles et deMayotte. Un « moment d’émotion intense », décrit Jean-Lambert Wild, direc- teur de l’Académie de l’Union, cette classe préparatoire aux concours d’entrée dans les écoles supérieures d’art dramatique dé- diée aux Ultra-marins. Un geste solennel pour Ornella Hoko, 18 ans, l’une des deux Calédo- niennes de cette session : « Ma famille m’avait dit de faire la cou- tume en arrivant, mais moi, je n’étais pas à l’aise à l’idée de la faire seule, confie la jeune fille. Mais mes parents m’ont dit que mon petit clan en Métropole, c’est Laurence et moi ! », sourit-elle. Laurence Bolé, 23 ans, c’est l’autre jeune pousse du Caillou à avoir intégré cette toute nouvelle for- mation. Originaire de Touho, la comédienne a déjà connu la pous- sière des coulisses, l’ouverture des rideaux, le trac d’une première, le temps de quelques années aux côtés du dramaturge maréen Pierre Gope, dont elle a intégré la troupe après un échec au bac. « Si je trouvais la force de me lever le matin pour aller au lycée, c’était uniquement parce qu’il y avait un cours de théâtre », reconnaît-elle aujourd’hui, ne se voyant « pas faire autre chose de [sa] vie ». Pour Ornella et Laurence, l’aven- ture a commencé en mai dernier, quand le jury de l’Académie de l’Union a fait le déplacement jusqu’à Nouméa, pour sélection- ner ses futurs étudiants. Laurence, fidèle à son mentor, a choisi un extrait de « Où est le droit ? », de Pierre Gope. Ornella a convaincu en interprétant un classique, une scène de Médée de Corneille. Pour Jean-LambertWild, la jeune Kanak n’avait, certes, « pas de formation, mais une réelle appétence pour le théâtre ». La première fois que la jeune fille, originaire de Lifou, est allée au théâtre, c’était en classe de première, « pour assister à une représentation de L’illusion comique de Corneille, au Théâtre de l’Île ». Coup de foudre immé- diat : « C’était magique. J’ai eu l’impression de rentrer dans un nouvel univers. J’ai ressenti des émotions que la télé ne me donnait pas », analyse-t-elle deux ans 26 inVitées À 18 et 23 ans, ces deux jeunes femmes viennent d’intégrer, à Limoges, la seule classe préparatoire aux écoles supérieures d’art dramatique réservée aux Ultramarins. (Ornella Hoko (en robe rose) et Laurence Bole (en robe bleue) ©Thierry Laporte
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