Femmes : Août 2017

18 dossier interview Celibadtrip Propos recueillis par Anaïs Orieul. Dans Celibadtrip, son premier livre, Anne Berland raconte avec force et humour ses cinq années de solitude amoureuse forcée et offre quelques précieux conseils aux célibataires qui ne verraient pas le bout du tunnel. Rencontre. « Comment une fille comme toi peut-elle être célibataire ? » est une question qui revient dans votre livre. La pression du célibat viendrait-elle des autres finalement ? Anne Berland : Oui, je suis totalement d’accord. Il y a d’abord une pression sociale, et puis pour certaines personnes, il y a une pression interne. C’est-à-dire qu’à l’intérieur de soi, on se sent seul. Mais soyons clairs, il y a bien une pression sociale qui s’exerce sur les personnes qui sont célibataires. Les couples essaient toujours de « maquer » leurs amis ou de forcer des rencontres. Donc finalement, sous couvert d’un discours individualiste, la société prône le couple de manière insidieuse. Vous évoquez aussi l’image que l’entourage peut avoir d’une femme qui cherche l’amour, celle-ci passant de « meuf maquée » à « chaudasse » en un rien de temps. Les femmes seules sont-elles doublement victimes du célibat ? Ce cliché de la femme libre aux mœurs légères, pour moi, c’est quelque chose d’un peu dépassé. Même si cette façon de penser est encore véhiculée par certains mecs, et malheureusement par certaines femmes, il faut s’en émanciper. Je pense que c’est en train de s’atténuer et que les gens de 20 ans ne voient plus forcément les choses comme ça. Au-delà de ça, je ne pense pas que les femmes soient doublement victimes du célibat. Mais elles peuvent se victi- miser elles-mêmes si elles s’empêchent de passer à l’action à cause du regard de l’autre. Si elle dit non alors qu’elle veut dire oui parce qu’elle a peur de passer pour une « chaudasse », eh bien c’est triste. Parce que là, elle devient un objet, elle n’est plus le sujet. Et les hommes alors, pensez-vous qu’ils le vivent mieux, ce célibat ? Je ne pense pas qu’il y ait de différence entre les hommes et les femmes. Autour de moi, j’ai des amis célibataires qui traversent les mêmes moments de solitude, parfois de désespoir, parfois d’allé- gresse. Parce que le célibat, ça peut aussi être rigolo ! Il n’y a pas vraiment de différence, à une chose près : à partir de 30 ans, les femmes commencent à flipper à cause de leur horloge biologique. Il faudrait réussir à s’émanciper de cette peur, d’autant plus que la science a pas mal avancé et qu’aujourd’hui, il y a des moyens pour faire un enfant un peu plus tard. Justement, vous parlez très bien de cette pression sociale de la maternité dans votre livre en expliquant qu’elle peut devenir vraiment étouffante quand on est célibataire et qu’on a passé 30 ans. Comment fait-on pour surmonter ça ? Quand j’étais seule, j’avais une technique. Je fréquentais beaucoup de célibataires comme moi. Je me suis enfermée dans le célibat et j’ai moins traîné avec mes amis en couple, tout simplement pour me protéger. C’était une manière pour moi de me dire que je n’étais pas anormale. Bon, en même temps, je vis dans un milieu urbain, parisien, où l’on croise beaucoup de célibataires de 30 ans. En revanche, je ne pense pas que ça aurait été aussi facile dans une toute petite ville ou un village. Donc mon conseil est de réactiver son réseau de célibataires pour ne pas se retrouver à tenir la chan- delle avec que des gens en couple !

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