Femmes : Août 2016

Isabelle Champmoreau est membre du gouvernement en charge de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, de la solidarité et du handicap, ainsi que conseillère municipale à Nouméa. Si son mode d’action est politique, son engagement, lui, reste résolument citoyen. dossier La politique pour Isabelle Champmoreau, c’est comme la potion magique pour Obélix : elle est tombée dedans toute petite. « Mon père a fait partie des jeunes militants auprès de Jacques Lafleur, lors de la création du Rassemblement pour la Calédonie à la fin des années 70, explique-t-elle. A la maison, la politique était au cœur des sujets de discussion. J’ai grandi dans un climat loyaliste, prônant l’attachement à la République française et à ses valeurs. » Rien de surprenant alors à ce que la jeune femme, institutrice de formation, s’engage très vite en politique. D’abord au sein de la mairie de Nouméa - en devenant conseillère municipale en 2001 et deuxième adjointe au maire en 2008 - puis en remplaçant Sonia Backès au gouvernement après sa démission, en juillet 2015. Elle reprend alors à sa charge les secteurs de la protection sociale, de la solidarité et du handicap, de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (PJEJ), ainsi que celui de la politique de la famille. « Je trouve que j’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours politique, confie humblement Isabelle Champmoreau. Lors de mon mandat d’adjointe à Jean Lèques, on m’a notamment chargée de la jeunesse et des écoles, une aubaine pour une ancienne institutrice ! Et puis, j’ai pu travailler au contact de la population, ce qui, à mon sens, est passionnant. » Car pour elle, la politique est avant tout un engagement citoyen, un contrat moral passé avec les électeurs. Plutôt discrète, elle privilégie d’ailleurs toujours le travail et l’action à la communication : « J’ai toujours été plus douée pour le faire que pour le faire-savoir », plaisante-elle. La politique comme mission Aujourd’hui, Isabelle Champmoreau est heureuse des missions qu’on lui a confiées, dans une logique de « pôle social » : « La solidarité, la jeunesse, la dépendance, la famille... Ce sont des domaines qui me parlent et me touchent. » Très investie, elle a récemment lancé les travaux du Schéma directeur du handicap et de la dépendance, afin d’identifier les actions prioritaires à mettre en œuvre en Nouvelle-Calédonie en matière de logement, d’emploi, de transport et d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap et de dépendance. Autre gros chantier à l’étude : le projet de centre éducatif fermé, en réflexion depuis plusieurs années déjà. « On travaille actuellement sur l’opportunité pour la Nouvelle-Calédonie d’ouvrir ou non une structure de ce type. Une expertise va d’ailleurs bientôt être réalisée à ce titre. À mon sens, doter le pays d’un centre éducatif fermé reste une priorité afin d’assurer une meilleure prise en charge des mineurs délinquants multirécidivistes, ainsi que leur réinsertion. Il s’agit du maillon manquant entre les foyers d’action éducative et le quartier pour mineurs du Camp-Est. » Mère d’un petit garçon de dix ans, Isabelle Champmoreau est particulièrement sensible sur le sujet. « La politique est pour moi comme une mission, qui empiète malheureusement sur ma vie familiale et privée. Mais avec le temps et l’expérience, j’ai appris à mieux équilibrer ma vie, entre travail, famille et loisirs. J’arrive maintenant à me ‘’couper’’ de la politique le week-end, mais depuis peu ! » Plus passionnée que carriériste, elle ne se voit d’ailleurs plus forcément dans la sphère politique d’ici une dizaine d’années : « On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait, mais je m’imagine bien dans le milieu associatif, ou dans un domaine professionnel touchant à la jeunesse et au social. Il faut savoir laisser sa place aux jeunes élus quand on a fait son temps ! » n La passion des autres Texte : Sophie Berger Photo : Jean-Marc Estournes 13

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