Femmes : Juin 2016

COUPLE Tu n'es pas ma mère ! « Prends un pull chéri, il ne fait pas chaud aujourd’hui », « Tu ne devrais pas te resservir du dessert.. . » C’est plus fort que nous, on se comporte comme une vraie maman avec notre homme. Une conduite qui, à la longue, n’est pas sans risque pour le couple ! Sources : Doctissimo, Elle, Biba Mères poules, parfois étouffantes ou encore intrusives, nous avons du mal à couper le cordon… avec notre jules. Tour à tour inquiètes, protectrices ou autoritaires, on endosse un rôle qui n’est pas toujours sans danger. Car si dorloter son chouchou tout malade ou le soutenir dans un moment difficile va de soi, le materner au quotidien n’est pas une bonne chose ! Mère étouffante Bien intentionnée sans doute, on lui donne des conseils comme si c’était un enfant de dix ans : « Tu devrais manger plus de légumes », « Tu te couches trop tard », etc. On le bichonne, on lui évite les contrariétés. C’est normal, les hommes restent longtemps des petits garçons ! C’est du moins ce qu’on nous répète depuis toujours, à nous les femmes. À nous, donc, de les chouchouter et de nous assurer qu’ils ne manquent de rien, telle une bonne petite maman. Le risque: si l’attitude maternante paraît légitime, elle n’est pas sans effet pervers. À trop vouloir préserver et assister, on entretient l’autre dans ses difficultés. L’excès de maternage étouffe. Il maintient Chouchou dans une dépendance qui ne lui laisse ni la possibilité de s’autonomiser ni d’affirmer sa virilité. À la longue, le couple va régresser. Conseil : le besoin de s’occuper de lui doit prendre une forme plus mature, comme la tendresse, sans forcément gommer l’aspect sexué de la relation. On peut donc le materner, mais de façon ponctuelle, s’il est malade ou déprimé. Et on arrête de tout lui laisser passer par peur du conflit, pourtant structurant dans un couple. Mère castratrice On choisit tout pour lui, on critique s’il ose prendre des initiatives... « C’est un enfant, il faut toujours être derrière lui, sinon il fait tout mal. » Bref, on ne lui laisse pas vraiment d’autonomie ni de libre- arbitre. Et on se comporte telle une mère intrusive, qui ne fait aucune confiance à son enfant. Castratrices, nous ? Peut-être bien... Le risque : se montrer intrusive n’est pas épanouissant pour la relation, dans le sens où l’on exerce une sorte de pouvoir sur l’autre. Ce qui exclut d’emblée la notion d’égalité dans le couple car Jules a toujours l’impression d’être surveillé et contrôlé. Au bout du compte, à force de renier son identité d’homme, il risque soit de déprimer, soit de se révolter (et nous quitter...). Sans oublier que le maternage n’est pas franchement émoustillant : on ne désire pas sa maman ! Conseil : il faut accepter de lâcher du lest. On a tout à gagner à accorder plus de confiance à notre chéri, même s’il ne fera pas les choses exactement telles qu’on le souhaitait. En plus, ne plus prendre tout en charge nous permet de souffler tout en laissant l’Homme s’en sortir par lui-même. Résultat : moins de tension dans le couple et plus de temps pour nous ! D’où vient le besoin de materner ? Réponse de Jean-Paul Mialet, psychiatre et auteur de Sex Aequo, aux Éditions Albin Michel. Celle qui, dans l’enfance, n’a pas eu son compte d’affection, risque à l’âge adulte d’être très maternante. Elle ne peut concevoir les relations que sous « perfusion affective ». Infantiliser son partenaire lui permet d’entretenir une dépendance rassurante. Et cette relation lui donne le beau rôle : elle est celle qui sait, qui est responsable. Une attitude trop enveloppante a souvent pour origine une volonté de prendre le contrôle. C’est donc une forme d’emprise sur l’autre. La solution à long terme est que chacun « grandisse » de son côté, éventuellement en travaillant avec un thérapeute son besoin inconscient de vivre des relations infantilisantes. Tant que ce besoin persiste, on peut rejouer indéfiniment le même scénario. Changer de partenaire n’est pas une solution, car il n’est pas rare de voir des maternés dans un couple devenir maternants dans un autre. 24 © DR

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