Femmes : Mars 2016

Mars 2016 Contact : Sophie Berger.Tél. : 79 56 36 Mail : sophie.berger@lnc.nc Rejoignez Femmes sur Facebook : Femmes mag 6 Actus 13 People 14 Dossier - Aux armes, citoyennes ! 26 Droits des femmes 28 Carnet de voyages - l’Uruguay 30 Yoga 32 Nos gosses - On se brosse les dents 34 Mode - Poupoupidou ! 46 Cosméto 48 Couple - Célibataire ou non ? 50 Coaching 52 J’ai testé pour vous - Réaliser un bracelet en perles sans métier à tisser 55 Déco - Le mix & match 59 Cuisine - Les Buddha bowls 64 Horoscope 66 Nos adresses 14 © Aude-Émilie Dorion FEMMES

6 © Marc Rovira Quoi de mieux que des profes- sionnelles pour nous parler d'un mal qui touche leur profession ? Un clip vidéo a été réalisé par le réseau Toutes Femmes, Toutes Communicantes à l’occasion du lancement de la campagne « No more clichés », soutenue par le ministère des Affaires sociales et par le secrétariat d'État aux Droits des femmes. Ce petit film épingle les marques qui continuent de rabaisser la femme dans la publicité. Au menu, des extraits de pubs des années 50 à nos jours, qui mettent en avant « la ménagère dévouée ou toute équipée des années 60, la fem e soumise des années 70 ou la femme d'aujourd'hui qui, quand elle mange un yaourt, prend son pied ». Objectif : alerter la profession (et le grand public) afin, « d'impulser une communication plus respectueuse et plus créative, pour dépasser le recours aux stéréotypes, encore trop fréquemment utilisés ». Régulièrement confron- tée à des publicités sexistes transmises et dénoncées par le public, Pascale Boistard, secrétaire d’État chargée des Droits des femmes, a indiqué vouloir faire de la lutte contre ce phénomène une de ses priorités d’action pour 2016 : « Comment admettre que, alors que l’on se bat pied à pied pour faire progresser, dans tous les domaines de la vie, l’égalité entre les femmes et les hommes, le champ de la publicité passe malgré tout au travers ? Comment accepter que, pour vendre, il faille aller jusqu’à humilier les femmes, physiquement, intellectuellement, socialement ? Je veux lancer un appel à tous les professionnels et à toutes les professionnelles, rejoignez ce mouvement pour qu’ensemble, nous travaillions en bonne intelligence et en collaboration. Car, soyez-en sûrs, la lutte contre les clichés sexistes ne s’arrêtera pas. Je m’y engage. » On croise les doigts ! À noter que le hashtag #NoMoreClichés a été lancé sur les réseaux sociaux pour débattre publiquement de ces questions. Une bonne occasion pour les Calédoniens de dénoncer certaines publicités locales plutôt dégradantes pour les femmes du pays... n Campagne à découvrir sur www. communicationetentreprise.com et sur la chaîne YouTube Communication & Entreprise. Sources Grazia, ministère de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes Militante féministe de la première heure, Thérèse Clerc est décédée mardi à l’âge de 88 ans, des suites d’un cancer. Elle a fondé la Maison des femmes, ouverte aux femmes de tous âges, victimes de violence, en insertion ou réinsertion, et la Maison des Babayagas (résidence autogérée pour femmes âgées), toutes deux à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Elle a également créé l’Université des savoirs sur la vieillesse (UNISAVIE), première université populaire sur la vieillesse. Féministe engagée, elle a notamment milité au Mouvement de la paix, au MLAC (Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception) ou encore au PSU (Parti socialiste unifié). Son amie Danielle Michel-Chiche, auteure de sa biographie, Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs, l'évoque en ces termes : « Citoyenne et utopiste jusqu'au bout, inconditionnelle défenseur de la liberté, elle a su faire de sa vie un combat et une fête ». Un com- bat salué par l'historienne du fémi- nisme Michelle Perrot, qui l'a faite chevalier de la Légion d'honneur en 2008. n Sources Libération, Le journal des Femmes EN FINIR AVEC LES CLICHÉS SEXISTES DANS LA PUB ACTUS MONDE MORT D’UNE PIONNIÈRE DU FÉMINISME

Liste des exposants 8 Le temps d’un long week-end, les pro- fessionnels de la beauté, de la mode, du bien-être, de la cuisine, de la déco, etc., vous attendent pour le rendez- vous annuel 100 % féminin : le Salon de la femme. Une édition un peu spéciale se prépare cette année, l’événement célé- brant ses 10 ans. « Le Salon de la femme est l’occasion de fédérer les nombreux centres d’intérêt des femmes en un seul lieu, pré- cise Mathieu Odaimy, gérant de Pacific Fair, société organisatrice de la manifestation. Le Salon de la femme rend hommage à toutes les femmes, tous horizon confondus. C’est pourquoi en l’honneur de cette dixième édition, nous avons imaginé un slogan, #toutesdifférentes, relié à un jeu, The selfies’play. » Il s’agit d’un concours de sel- fies exclusivement féminin sur Facebook, auquel toutes les Calédoniennes sont invi- tées à participer... jusqu’à demain ! Alors à vos appareils photos mesdames ! « Les selfies les plus likés seront affichés sous forme de posters durant le salon, ajoute l’organi- sateur de l’événement. Les deux meilleurs clichés gagneront de super cadeaux offerts par nos partenaires.* » Mais le Salon de la femme est aussi l’oc- casion de découvrir les toutes dernières tendances : « C’est le bon moment pour faire des affaires, confirme Mathieu Odai- my. Les 45 exposants présents sur le site proposeront plein de nouveautés, ainsi que de bonnes promotions. » Une aubaine pour celles qui cherchent des cadeaux origi- naux ou qui veulent tout simplement se faire plaisir. « Cette année, il y aura également des stands dédiés au bien-être zen, au bio, au yoga et à la relaxation, très à la mode ces derniers temps », poursuit le gérant de Pacific Fair. Mais ce n’est pas tout ! « Le week-end sera rythmé par des animations autour du sport (démos et essais), de la beauté (séances maquillage) et de la mode (défilés, relooking). Sans oublier les animations et jeux proposés par les exposants directement sur leurs stands. Même si l’événement est dédié aux femmes, les hommes sont bien sûr les bienvenus pour gâter leurs chéries ! » Le Salon de la femme, c’est ZE sortie entre filles à ne pas louper ! Le Salon de la femme 2016, les 4, 5 et 6 mars, à la Maison des artisans. Facebook Salon de la Femme NC Entrée et parking gratuits, petite restauration sur place. *Règlement du jeu sur Facebook Pacific Fair LE SALON DE LA FEMME FÊTE SES 10 ANS ACTUS 1. MPL 2. La Nouméenne 3. Institut Alexandrine et Lola Esthétique 4. Blédina 5 et 6. Peugeot 108 7. Les parfums d’Esméralda et Artisans du monde 8. L’Atelier Gautier 9. Pass Féminin 9B. Poeti Bijoux 10. Neofit 11. L’Atelier d’Alice 12. Shoes 13. L’indispensable 14. VIP Paris 15. Black Pearl 16. Hamblin Bijoux Tahiti 17. Couleur Caramel 18. PGS Import 19. Tales of Gaïa et Louméa Calédonie 20. Auxilio NC 21. Ckoasa et Bijouterie Elle Moi 22. CSOS 23. Pukeko.nc et Magnetix 24. Quaker 25. Surf Coiffure et Être bien avec soi, être bien avec les autres 26. Miliania Créations 27. NC Boutique 28. Oxygène 29. Oz-ez 30. Renaissens 31. Synerj-Health 32. Netovite - Housekeeping 33. Thermomix 35. Maggi 36. Body One 37. De vous à moi et Bien-être express AA. Melanésia’Art et Mad’zele Paprika AB. La Bonbonnière AC. Bijoux Orient et Isa Bijoux ANIMATIONS VENDREDI 4 MARS • 11h30 : séance de maquillage avec Couleur Caramel • 16h30 : démo de Neodance • 17h30 : défilé de Tales of Gaïa by Louméa SAMEDI 5 MARS • 09h00 : séance de yoga avec Art du Yoga • 11h00 : démo de sport avec Neofit • 15h00 : défilé de Tales of Gaïa by Louméa • 16h00 : démo de pole dance avec Pol’Attitude Nouméa • 16h30 : remise des prix Selfies’Play • 17h00 : démo de sport avec Neofit DIMANCHE 6 MARS • 09h00 : démo de sport avec Neofit • 11h00 : défilé de Luna • 15h00 : séance de maquillage avec Couleur Caramel • 16h00 : tirage au sort du jeu Femmes © Pacific Fair

9 22 23 24 25 26 27 28 29 14 15 16 17 18 19 20 21 34 35 36 37 30 13 9b 9 1 2 3 4 11 12 10 8 7 6 5 31 32 33 wc wc wc wc wc wc Snack Terrasse Snack Accès D Accès A Accès C Accès B Accès E Coulisses Scène AA AD AC AB AE

ACTUS NC Les créateurs tahitiens débarquent à Nouméa ! Vendredi 12 et samedi 13 février derniers, la marque Only Vahine a présenté des robes et des bi- joux de créateurs de Tahiti lors d’une vente exclusive au Méridien Nouméa. Du beau, du raffiné, du fleuri... Et sur- tout des modèles uniques, soigneu- sement sélectionnés par Terainui Hamblin-Ellacott, directrice d’Only Vahine : « Le but de la marque est de pro ouvoir les créations tahitiennes en organisant des évènements tels que des défilés ou encore des shootings mode pour faire connaître les créateurs, mais aussi pour mettre en avant la beauté de ‘’madame tout le monde’’. » Gros succès à Tahiti. Au point de décider la directrice de la marque à s’exporter sur le Caillou. Tant mieux pour nous, car les modèles rapportés par Terainui sont sublimes ! Comment ne pas succomber ? n Only Vahine sera présent à l’Afterwork 100 % filles jeudi 3 mars, au Nouvata Parc Hotel. www.onlyvahine.com / Facebook Only Vahine Noumea LE FENUA À LA POINTE DE LA MODE Pala Dalik, ce nom vous dit sans doute quelque chose. Depuis 2011, cette association environnementale calédonienne, affiliée à la FFESSM (Fédération française des études et sports sous-marins), surveille l’état de santé de nos récifs coralliens. « L’association réalise deux types ’actions : de l’observation et de la sensibilisation, précise Sandrine Job, présidente de Pala Dalik. Tous les ans, des sessions de plongées sont organisées sur des stations d’observation permanentes, réparties sur vingt sites dans les trois provinces. Les récifs étudiés font partie du Réseau d’observation des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie (RORC), baromètre de la santé du lagon. Le but est de collecter le plus d’informations possibles sur les habitats récifaux, leurs occupants et les dégradations observées. Ces données sont ensuite saisies et analysées avant d’être restituées sous forme de rapports techniques destinés aux gestionnaires et acteurs de l’environnement du pays (en collaboration étroite avec l’Aquarium des lagons). Elles sont également utilisées dans le cadre d’actions pédagogiques de sensibilisation des jeunes à la fragilité de ces écosystèmes. » L’association, très dynamique, est le seul réseau d’observation des récifs de Nouvelle- Calédonie. Et chose rare, en 2016, elle compte en son sein plus de femmes que d’hommes, du jamais vu dans un club de plongée ! « Sur 35 membres, 19 sont des femmes, confirme Sandrine Job. Beaucoup de plongées organisées par Pala Dalik sont d’ailleurs exclusivement féminines. » Mais que les hommes se rassurent : les plongeurs bénévoles, autonomes et motivés, sont toujours les bienvenus au sein de l’associa- tion, peu importe leur sexe ! Facebook Pala Dalik : l’écho du récif DES FEMMES QUI SE JETTENT À L’EAU Oyez, oyez ! Nouméa peut enfin s’enorgueillir de posséder sa propre boutique Make Up For Ever ! Oui, vous avez le droit de crier votre joie ! « Nous proposons l'intégralité des collections et des références de la marque, révèle Karine Coen, gérante et maquilleuse professionnelle. Les personnes qui le souhaitent peuvent aussi prendre rendez-vous en boutique po r des prestations autour du maquillage. Enfin, des évènements de type ‘’workshop’’ y seront prochainement organisés. » n Make Up For Ever, avenue duMaréchal-Foch. Tél. : 45 02 20. MAKE UP FOR EVER ENFIN ! 11 © Pala Dalik © THE

Le Playboy nouveau est arrivé. Comme annoncé en octobre, le célèbre magazine cesse de publier les photos de femmes nues qui faisaient son image de marque. Le 4 février, Playboy a dévoi- lé la couverture de son numéro de mars, le premier dans lequel ne figurera aucun cliché de femmes nues même si les poses sexy et provocantes restent au rendez-vous. Pour ce nouveau numé- ro, on retrouve la top model et star des réseaux sociaux Sarah McDaniel, qui pose en couverture en sous-vêtements. Comme le notent nos confrères du Huffington Post américain, Dree Hemin- gway, fille de l'actrice Mariel Hemingway et arrière-petite-fille de l'écrivain Ernest Hemingway, a été choisie pour la page centrale. Le magazine masculin tenterait-il de se la jouer intello ? PEOPLE il us les faut ! PUB 13 Remarques déplacées, écarts de salaire, attributions de rôles pour des films à l'eau de rose ou encore carrières amputées rapidement car jugées trop « vieilles », la liste des reproches adressés à l'industrie du cinéma se rallonge de jour en jour. Le 4 janvier dernier, une actrice américaine habitant à Chicago en a rajouté une couche dans un très long post Facebook ayant été partagé, pour l'heure, des centaines de fois. Dans celui-ci, Harmony France revient sur ses dix années de carrière. « Tu dois vraiment perdre du poids si tu veux réussir », « Tu devrais vraiment mettre plus de maquillage et montrer av ntage ton décolleté », « Je veux dire, tu es jolie mais tu n'es pas belle », sont quelques-unes des remarques qu'elle a dû encaisser, parmi tant d'autres. Si l'actrice dénonce fortement, elle ne veut pas pour autant tomber dans la malveillance: « la plupart des gens ne réalisent même pas qu'ils disent quelque chose d'inapproprié », leur accorde-t-elle. Ces derniers mois, de nombreuses actrices se sont levées contre le sexisme de l'industrie du cinéma: Liv Tyler, Kristen Stewart, Maggie Gyllenhaal, Jennifer Lawrence, Emma Watson, pour n'en citer que quelques-unes. Un Tumblr, « Shit people say to women director and other women in film » a même été lancé en avril 2015, pour laisser la parole à toutes les femmes de l'industrie du cinéma. PLAYBOY : UN 1er NUMÉRO SANS PLAYMATE HARMONY FRANCE DÉNONCE DIX ANNÉES DE SEXISME Décidément, plus rien n'arrête Barbie. Le 28 janvier dernier, Mattel présentait les trois nouvelles silhouettes de Barbie, visant à briser les diktats beauté de notre société actuelle. Mercredi 3 février, la compagnie de jouets a dévoilé une nouvelle poupée et elle est à l'effigie de la célèbre joueuse de football Abby Wambach. L'américaine à la retraite, élue meilleure footballeuse de l'année en 2013 par la Fifa, est donc devenue le modèle de la dernière poupée Mattel. Lors de la conférence Makers en Californie, le public a pu découvrir la Barbie blonde aux cheveux rasés sur le côté. À cette occasion, la jeune femme a pu prendre la parole et confier qu'elle adorait jouer avec cette poupée étant petite, même si elle n'avait pas toujours su s'identifier à travers elle. Pour Abby Wambach, cette création est un réel pas en avant pour l'égalité des sexes. ABBY WAMBACH : UNE BARBIE À SON EFFIGIE La bonne humeur par MONSAVON Des gels douches enrichis en vitamines, en actifs hydratants, au lait et à la bonne humeur qui laissent une peau délicatement parfumée, le tout sans paraben, colorant ou phtalate. Avec une texture toute douce et des parfums qui donnent la pêche… plus de raison de se lever du pied gauche.

DOSSIER 14 AUX ARMES, CITOYENNES ! DANS UNE SEMAINE, NOUS CÉLÉBRERONS LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES, L’OCCASION DE REVENIR SUR L’HISTOIRE DE CETTE DATE ET LES LUTTES MENÉES PAR NOS AÏEULES POUR L’ÉMANCIPATION ET LES DROITS DES FEMMES. MAIS C’EST ÉGALEMENT LE MEILLEUR MOMENT DE L’ANNÉE POUR FAIRE LE POINT SUR LA CONDITION FÉMININE SUR LE CAILLOU. À L’HEURE DU NÉOFÉMINISME, LA NOUVELLE-CALÉDONIE EST-ELLE À LA TRAÎNE ? © Dan Wyne

Journée de la femme, Journée des droits des femmes, Journée de lutte pour les droits des femmes... On s’y perd un peu quant à la dénomination exacte de cette journée dédiée à la gent féminine. Et les manifestations diverses et variées sous couvert du 8 mars ne nous aident pas franchement à retrouver le sens originel de ce jour spécial. Car il s’agit bien d’une journée de bilan et de contestation, allant à l’encontre des ateliers beauté ou vannerie trop souvent proposés aux femmes ce jour-là. Journée des femmes, d’accord, Journée de la féminité, sûrement pas ! Le 8 mars est malheureusement trop souvent détourné de ses objectifs premiers... D’ailleurs, tous les ans, ça ne rate pas. Le jour J, on a le droit à la traditionnelle blague sexiste : « Aujourd’hui, c’est votre jour, les 364 restants sont pour les hommes ». À croire que personne ne sait pourquoi et comment a été instaurée la Journée des femmes ! Un peu d’histoire s’impose. BILAN L’origine de la Journée des femmes s’ancre dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant pour leurs droits, qui ont agité l’Europe et les États-Unis au début du XXe siècle. Le 8 mars 1910 à Copenhague, au cours de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, Clara Zetkin1, qui s’inspire des manifestations d’ouvrières aux États-Unis, suggère que chaque année un jour soit consacré aux femmes pour marquer leur lutte pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le droit au travail. La proposition est adoptée à l’unanimité par les 17 pays représentés, mais aucune date précise n’est fixée pour cette célébration. Ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint- Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met en place. La date est réinvestie avec le regain féministe des années 70. Lors de l’Année internationale de la femme en 1975, l’Organisation des Nations unies commence à célébrer la Journée internationale des femmes le 8 mars. En France, elle est officialisée par le gouvernement socialiste en 1982. Aujourd’hui, cette journée reste brûlante d’actualité. Elle occasionne des manifestations à travers le monde et permet de faire un point annuel sur la situation des femmes dans le monde et dans notre propre pays. Alors, on en est où sur le Caillou ? CALÉDONIENNES ET CITOYENNES En Nouvelle-Calédonie, le féminisme est né dans les années 70, suivant le processus occidental de libération des femmes. Il est Rosie the Riveter (Rosie la riveteuse, en français) est une icône populaire de la culture américaine, symbolisant les six millions de femmes qui ont travaillé dans l’industrie de l’armement et qui ont produit le matériel de guerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain lance une campagne pour encourager les femmes à participer à l’effort de guerre, en s’employant comme ouvrières, pour remplacer les hommes partis au front. L’affiche la plus célèbre de cette campagne de propagande fut « We Can Do It! » (Nous pouvons le faire !), créée en 1942 par J. Howard Miller, pour l’entreprise Westinghouse. L’image est vite surnommée « Rosie the Riveter » en raison d’un chant patriotique de 1942 qui porte ce nom. Mais la véritable riveteuse Rosie est une couverture du Saturday Evening Post créée par Norman Rockwell en 1943, qui piétine le livre Mein Kampf d’Hitler en mangeant son sandwich pendant une pause, un énorme pistolet à rivets posé sur ses genoux. Symbole du poids économique naissant de la femme aux États-Unis, le personnage est devenu une icône féministe. Rosie, l’incarnation de la lutte féministe 15

DOSSIER d’abord porté par des jeunes femmes kanak au sein du mouvement indépendantiste naissant. Françoise Caillard, militante féministe de la première heure, se souvient : « J’ai eu le déclic militant adolescente, auprès du grand chef Nidoïsh Naisseline. » Originaire de Maré, la jeune fille s’imprègne alors des idées révolutionnaires et des discours remplis d’espoir pour le peuple kanak lors des réunions indépendantistes de l’époque. Jusqu’à participer à la première manifestation des Foulards rouges en 1969. « C’est à cette période que j’ai développé mon esprit critique en tant que Kanak mais surtout en tant que femme. » Elle s’investit dès lors à corps perdu pour la cause des femmes du Caillou, en prenant part aux manifestations et aux réunions d’associations s’interrogeant sur la condition féminine en Nouvelle-Calédonie. L’accord de Nouméa, en 1998, va accélérer le mouvement : l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie, association clairement féministe, est fondée en 1999. Françoise Caillard en est la présidente : « Il était temps que les femmes trouvent leur place dans la sphère politique et institutionnelle du pays ! » Parallèlement, les conseils des femmes des trois provinces de Nouvelle-Calédonie sont créés. Pour autant, les stéréotypes sexistes persistent : « Alors que la loi sur la parité venait d’être votée en Métropole, ici, les politiciens faisaient de la résistance, raconte Françoise Caillard. D’après eux, les femmes du Caillou n’étaient pas prêtes à investir à ce point la scène politique. Nous avons alors lancé le “mouvement des femmes en colère” et remis une pétition à l’Assemblée nationale exigeant l’application de la loi sur la parité en Nouvelle-Calédonie. » Une belle victoire pour l’association, suivie de bien d’autres : application de la loi relative à l’interruption de grossesse et à la contraception ou encore mise en place de l’Observatoire de la condition féminine du gouvernement. En 2000, l’association participe à la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et les violences faites aux femmes à Washington et à New York. « À cette occasion, nous avons remis un recueil de revendications des femmes de Nouvelle-Calédonie à l’ONU, poursuit À l’initiative de l’ONU, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef) a non seulement permis d’identifier les discriminations existantes, mais également de sensibiliser le public aux obstacles sociaux, économiques, culturels et politiques. Bien que sanctionnés par la loi, ces obstacles empêchent que la contribution des femmes dans tous les domaines de la créativité humaine soit reconnue. Cette convention a été adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations unies. Elle est entrée en vigueur le 3 septembre 1981. Depuis, de nombreux pays ont ratifié cette convention, modifié leurs lois ou sont en train de le faire. La convention Cedef est applicable en Nouvelle-Calédonie du fait de sa ratification par la France en 1985. Le comité Cedef de la Nouvelle-Calédonie a été créé en 2008 sous l’autorité de la vice-présidente du gouvernement, membre du gouvernement chargée du secteur de la Condition féminine, Madame Déwé Gorodey, pour recueillir des données quantitatives et qualitatives sur les discriminations à l’égard des femmes du pays. Le rapport sur la mise en œuvre du Cedef en Nouvelle-Calédonie a été publié en septembre 2013 et est consultable en ligne. Une convention contre les discriminations 16 © Sophie Berger François Caillard présidente de l’Union des femmes citoyennes de Nouvelle-Calédonie

18 DOSSIER « Ne me libérez pas, je m’en charge. »- Slogan féministe -

Françoise Caillard. En participant à cette marche, nous nous sommes senties moins isolées dans notre lutte. C’est une période qui a vraiment boosté le combat des femmes du pays, même si, malheureusement, rien n’est jamais acquis. Nous devons rester vigilantes et mobilisées pour les droits des femmes. » Car, même si la condition féminine s’est considérablement améliorée sur le Caillou depuis les années 70, les inégalités demeurent. DISCRIMINATIONS « Qu’est-ce qui fait la différence entre un homme et une femme en termes de rentabilité ? », s’insurge Françoise Caillard. Au jeu des inégalités des genres, la médaille revient aux écarts de salaires entre hommes et femmes, à niveaux de formation et postes égaux. Un écart qui continue à se creuser, en dépit des actions menées. Depuis 2009, l’Observatoire de l’IDC-NC (Institut pour le développement des compétences en Nouvelle-Calédonie) dresse un bilan annuel des disparités entre les Calédoniens et les Calédoniennes dans les domaines de l’emploi et de la formation. « Nous avons noté que l’écart de salaires entre les sexes n’a fait qu’augmenter entre 2011 et 2015, à l’avantage des hommes, constate Line Hadjifran, chef de service de l’Observatoire de l’IDC-NC. De même, les femmes ont un accès limité aux postes de direction, et ce même si leur niveau ’études est en moyenne plus élevé que celui des hommes du pays. » Comment expliquer le sous-emploi et le sous-paiement des femmes de Nouvelle-Calédonie ? Selon le rapport sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF, voir encadré p. 16) en Nouvelle- Calédonie, publié en 2013, ces inégalités découlent de stéréotypes sexistes persistants, inhérents à toute société patriarcale. « En tant que femmes, nous sommes régulièrement victimes de sexisme ordinaire au travail, dénonce la Bitch Crew, collectif féministe local qui sévit sur Facebook et sur le blog “Le cri du cagou”. On se fait traiter de « chieuses » ou d’hystériques au bureau dès qu’on émet une revendication sur notre statut professionnel. De même, il n’y a qu’à se pencher sur les petites annonces pour relever des aberrations sexistes : “on recherche UN directeur et UNE assistante” par exemple. » La question d’égalité des genres est encore plus complexe en Nouvelle-Calédonie du fait de l’importance de la coutume et de la coexistence de deux statuts juridiques civils : commun et coutumier. Comme le mentionne la Charte du peuple kanak du 26 avril 2014 : « La société kanak est une société patriarcale. Son système social fonctionne à partir d’une transmission des droits, des pouvoirs et des responsabilités, basée sur l’homme. » « Le Sénat coutumier a rédigé cette charte en dépit des fe es kanak, se désole Françoise Caillard. C’est comme cette manie qu’ont les politiques ou les autorités coutumières d’appeler les femmes « les mamans ». C’est extrêmement réducteur et grave de ne ramener la femme qu’à son rôle de mère. Surtout qu’en langues, le terme « maman » n’est utilisé que pour parler d’éducation. » L’éducation... Et si c’était la solution pour en finir avec le sexisme ambiant ? Françoise Caillard en est en tout cas convaincue : « Tout doit être repris à la base. Le respect, le partage des tâches, l’égalité dans le couple et dans la société : c’est une question de transmission. » C’est dans ce sens qu’a été mis en place le dispositif Éducation à l’égalité à l’école (EEE) au vice-rectorat, en partenariat avec l’Union des femmes francophones d’Océanie. Son but : sensibiliser les jeunes aux stéréotypes sexistes véhiculés dans les sphères privées et publique et les aider à les déconstruire. Et il y a de quoi faire ! « Le meilleur moment pour relever des perles du sexisme, c’est durant la Journée des femmes, s’amuse la Bitch Crew. On a le droit aux ateliers bien-être ou cuisine, aux défilés de mode... Tout ça pour cantonner la femme dans son rôle traditionnel et pour noyer le poisson des droits et des revendications découlant normalement de cette journée ! » De quoi rire jaune. Mais parfois, nous n’avons plus du tout envie de rire. « Beaucoup de femmes ont déjà été victimes de réflexions avilissantes de la part de médecins, de gynécologues ou de pharmaciens. Ils (ou elles d’ailleurs) se permettent de nous juger sur notre vie privée ou nos choix intimes, ce qu’ils ne feraient jamais avec un homme. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans notre société, une femme qui a une sexualité « débridée » ou qui choisit de se faire avorter est souvent considérée comme une « salope ». » VIOLENCES Aurait-on régressé en quarante ans ? En tout cas, une chose est sûre : en Nouvelle-Calédonie, les violences envers les femmes et les agressions sexuelles sont plus que jamais d’actualité. Selon les chiffres de l’Enquête santé, conditions de vie et sécurité des femmes calédoniennes2, une femme sur quatre a subi une agression de type physique ou sexuelle, tandis qu’une femme sur huit a été victime d’attouchements sexuels, de tentatives de viol ou de viol avant l’âge de 15 ans. Depuis 2014, la province Sud relaie la campagne du Ruban blanc, initiative mondiale engageant des hommes voulant contribuer à une société sans violences à l’égard des femmes. Au total en 2015, onze Calédoniens, figures publiques, se sont joints à cette campagne de sensibilisation. « Il est essentiel d’associer les hommes aux combats des femmes, argue Françoise Caillard. Ils ne doivent plus nous voir comme leurs rivales mais plutôt comme leurs partenaires. Le néoféminisme, c’est vouloir pour demain une société où les femmes et les hommes sont égaux, pas seulement dans les textes, mais aussi dans les pratiques et la vie quotidienne. » C’est aussi rester conscientes que les droits pris aujourd’hui pour acquis peuvent à tout moment être remis en cause. La Pologne en est un récent exemple : le nouveau gouvernement ultra-conservateur s’est lancé dans une croisade contre l’IVG, la pilule du lendemain et la fécondation in vitro, des droits pourtant bel et bien acquis... n 1 Journaliste allemande, femme politique et figure historique de féminisme socialiste. 2 Enquête publiée en 2003 par Christine Salomon et Christine Hamelin. 19 C’est en moyenne la part du salaire que les femmes perçoivent en moins par rapport aux hommes à niveau de formation équivalent. Source IDC-NC, Les Femmes - Formation et emploi en NouvelleCalédonie en 2014. © Gustav Dejert

DOSSIER 20 QUAND SE DÉSHABILLER DEVIENT UN ACTE FÉMINISTE INSPIRÉ DU CABARET DU XIXe SIÈCLE, LE NEW BURLESQUE REPREND L’IMAGE DE LA PIN-UP AVEC HUMOUR, À MILLE LIEUES DU STRIP-TEASE TRADITIONNEL. C’EST AUSSI UN MOUVEMENT DE LIBÉRATION DE LA FEMME QUI SE VEUT FÉMININE, BIEN DANS SON CORPS ET ASSUMANT SES PETITES IMPERFECTIONS. LUCIE, NOTRE MODÈLE DU MOIS, FAIT PARTIE DE LA TROUPE BURLESQUE DE NOUMÉA. MADEMOIZELLE FANFAN À LA SCÈNE, ELLE NOUS EXPLIQUE EN QUOI L’EFFEUILLAGE BURLESQUE EST POUR ELLE CLAIREMENT FÉMINISTE. Il existe plusieurs types de féminismes. Parmi eux, une branche décriée par le Mouvement de libération des femmes, qui consiste à mettre en scène des spectacles drôles et délirants, dans lesquels des femmes choisissent de se dévêtir à la manière de pin-up, tout cela face à un public constitué majoritairement de femmes. Il s’agit du mouvement du new burlesque, auquel Lucie a totalement adhéré depuis les débuts de la troupe en Nouvelle- Calédonie, en 2012 : « L’effeuillage burlesque et moi, c’était une alliance improbable ! À l’époque, je n’étais vraiment pas féminine. Je faisais du rugby, je ne mettais jamais de talons... Bref, je n’étais pas prédisposée à devenir Mademoizelle Fanfan ! » Elle rencontre alors Carine Richez-Raguin (qui a créé et dirige la troupe burlesque de Nouméa) pour une tout autre raison. Les deux femmes sympathisent. « À c moment, la troupe n’existait pas encore, se souvient Lucie. Par contre, Carine proposait des stages de burl sque. Je m’y suis inscrite, plus par curiosité que conviction. » La jeune femme adhère totalement. « J’ai tout de suite adoré l’ambiance qui se dégageait des cours. On n’est pas dans la comparaison ni dans la compétition. Dans le burlesque, le regard posé sur le corps de l’autre est bienveillant. Il faut dire que deux filles sur trois sont là pour régler un problème avec leur image. C’est avant tout une démarche personnelle, un rapport de confiance à établir entre soi-même et le miroir. » Car jouer à la pin-up est certes un loisir, mais c’est aussi une manière de s’approprier ses atouts et de prendre confiance en soi. « Selon moi, l’effeuillage burlesque est clairement un acte féministe dans le sens où on choisit de se mettre à nu et qu’on le fait avant tout pour s i et non pour un homme. C’est une manière d’accepter son physique quel qu’il soit, en apprenant à se mettre en valeur. Dans le burlesque, toutes les femmes sont belles parce qu’elles s’assument. » Autre aspect de cette tendance : la création et la construction d’un personnage de scène : « Mademoizelle Fanfan est un prolongement de moi-même, une exagération de mes traits de caractère. J’aime à penser que c’est la meilleure version de moi-même ! C’est la femme-enfant très girly et rigolote, à contre-emploi du glamour traditionnel. Et c’est ce qui est drôle. La scène est un espace de liberté incroyable, où l’imagination est notre seule limite ! » Contrairement au strip- tease classique, l’effeuillage burlesque se joue des artifices de la femme objet. Et en les maîtrisant, les femmes s’en libèrent. « C’est une façon d’avoir le pouvoir, on décide de quand et comment on va se déshabiller, et de ce qu’on va enlever et garder. On maîtrise notre image et notre corps, en adéquation avec celle qu’on est à l’intérieur. Bref, on s’assume et on se trouve belle, sans avoir besoin du regard d’un homme. » n © Aude-Emilie Dorion

PUBLICITÉ

DOSSIER INTERVIEW Quand a été mise en place la Commission de la condition féminine de la province Sud et quel est précisément son rôle ? Il convient de rappeler que les Missions aux droits des femmes ont été mises en place dans chacune des provinces dans les années 1991/92, suite aux accords de Matignon et à la volonté politique de mieux prendre en compte la situation des femmes au sein de ces nouvelles institutions créées dans l’accord. Ces missions étaient, à l’origine, placées sous la responsabilité directe des secrétariats généraux. Pendant une dizaine d’années, elles ont produit un travail important, instauré des structures, engagé des enquêtes, mené des campagnes, initié des associations, etc. Ensuite, chacune a évolué différemment en fonction du contexte et des politiques menées au sein de chaque province. Dans le Sud, c’est en 2006 qu’il a été décidé de créer une commission qui a pour rôle d’examiner la situation spécifique à cette province, cela en concertation avec toutes les tendances politiques. Elle s’est peu réunie jusqu’en 2014, essentiellement autour de visites, de manifestations et d’examens de rapports chiffrés, la province n’étant pas le lieu pour adopter des textes, de compétence territoriale. C’est d’ailleurs la raison qui a prévalu, en 2013, à la création d’une nouvelle commission (des droits de la femme et de la famille) au sein du Congrès, là où sont débattus et votés les textes, commission que je préside aussi actuellement. Quelle s t les principales difficultés et i justices rencontrées par les Calédoniennes à l’heure actuelle ? Les problématiques sont transversales, plurielles et pour la majorité, universelles. Droit à disposer de son corps, lutte contre toute forme de violences, difficultés relatives à la formation et à l’emploi face aux stéréotypes, à la sous-qualification, aux discriminations, à la différence de salaires, difficulté à concilier emploi et vie de famille, emploi et maternité, monoparentalité croissante, problèmes spécifiques face à certains cancers, etc. En Nouvelle-Calédonie, le contexte culturel est prégnant avec la coexistence de deux droits (commun et coutumier), la place des « L’ÉVOLUTION DE LA CONDITION FÉMININE NE PEUT VENIR QU’AU TRAVERS UNE PLUS GRANDE IMPLICATION DES HOMMES SUR LE SUJET » 23 NICOLE ROBINEAU ŒUVRE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES POUR LA CAUSE DES FEMMES EN NOUVELLECALÉDONIE. PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION DE LA CONDITION FÉMININE DE LA PROVINCE SUD, ELLE A FAIT DES VIOLENCES FAITES AUX CALÉDONIENNES SON CHEVAL DE BATAILLE, EN LANÇANT NOTAMMENT LA CAMPAGNE RUBAN BLANC EN 2014, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DE LA VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES. ENTRETIEN. Interviewde Nicole Robineau, présidente de la Commissionde la condition féminine de la province Sud, présidente de la Commission des droits de la femme et de la famille au Congrès de laNouvelle-Calédonie. © Archive LNC

DOSSIER INTERVIEW 24 femmes dans la coutume, le contexte géographique aussi, avec des tribus et villages assez éloignés. Mais notre priorité reste la lutte contre les violences, lesquelles touchent toutes les ethnies et catégories sociales du pays. La Nouvelle-Calédonie, au vu des enquêtes, détient en effet le triste record de la Métropole et des autres outre-mer dans ce domaine. Une violence qui prend de nombreuses formes, frein essentiel à une bonne insertion des femmes à tous les niveaux de la société locale, et qui donc monopolise énergie et moyens particuliers. Quelles évolutions avez-vous constatées quant à la condition des femmes en Nouvelle-Calédonie depuis le début de votre engagement ? D’un côté, les progrès sont énormes compte tenu de la parité, instaurée en 2001, mais surtout du travail mené depuis les accords de Matignon : loi sur l’IVG, création de structures dédiées comme le Centre de conseil familial, la protection maternelle infantile, le relais de la province Sud, le Foyer Boulari, la Maison de la femme, la production de guides et de campagnes sur la contraception, sur les violences, etc. Mais c’est pour autant insuffisant, dans la mesure où les hommes sont restés très en retrait du sujet, n’investissant pas les Commissions de la condition féminine, considérées à tort comme un sujet « de femmes », alors que c’est, de mon point de vue, un sujet éminemment politique et sociétal, et même un sujet majeur. Par ailleurs, le Sénat coutumier a produit une charte, loin de faire l’unanimité chez les femmes kanak. Au niveau des violences, nous allons mener une nouvelle enquête, pressentant que le phénomène n’a pas diminué et prend même de nouvelles formes : harcèlement au travail, sur le Net, etc. Pour moi, et c’est tout le travail que je mène aux côtés du président de la province Sud actuellement, l’évolution ne peut maintenant venir qu’au travers une plus grande implication des hommes sur le sujet. Et par un équilibre entre cette participation générale et la mise en place de dispositifs particuliers aux femmes quand les inégalités sont trop importantes. En tant que femme et politicienne, avez-vous déjà été victime de discrimination liée à votre sexe dans vos fonctions ? Personnellement, jamais. La parité a fait son œuvre quelque part, et c’est aujourd’hui de notre responsabilité de femmes d’imposer nos priorités, nos styles, nos différences, lesquels peuvent déranger. Mais c’est justement ces différences qui font, à mon sens, tout l’intérêt et la richesse de la représentation féminine en politique. Les hommes, au-delà des provocations et autres stéréotypes sexistes qui persistent, mais se ringardisent au fil du temps, sont plus réceptifs et naturels face à ce partage du pouvoir. La répartition des secteurs et des postes fait encore l’objet de discrimination, mais je dis aussi que les femmes entre elles, quand il s’agit de pouvoir, sont au moins aussi peu partageuses que les hommes. Il s’agit donc moins de guerre des sexes que de guerre de pouvoir et de codes pour y parvenir. Pour ma part, ce qui m’apparaît sournoisement discriminant et quelque peu insultant, c’est l’absence totale d’hommes au sein des commissions politiques de la Condition féminine au Congrès et à la province... Sujet mineur ? Ghetto ? Désintérêt ? En tout cas, une erreur politique... n Gouvernement de la nouvelle-Calédonie C’est la onzième édition de la Journée internationale organisée par le secteur de la Condition féminine du gouvernement. Autour du thème « Hommes et femmes assumons ensemble les défis d’aujourd’hui pour construire demain », femmes et hommes sont invités à se retrouver pour échanger autour de sujets touchant les deux sexes : citoyenneté, dérèglement climatique, nutrition, parentalité, etc. Ateliers thématiques, espaces d’information et de conseil (dispositifs institutionnels et associatifs). Du lundi 7 au mercredi 9 mars, à Ouvéa, tribu de Héo. ProvinCe Sud Compte tenu des restrictions financières et de la nouvelle dynamique instaurée, la province Sud a préféré, en lieu et place d’une grande manifestation populaire, présenter au public son plan d’action triennal 2016/18 : annonce de nouvelles mesures, intervention d’experts et de témoins de la condition féminine. Vendredi 4 et samedi 5 mars, au Centre administratif de la province Sud, à partir de 18h. ProvinCe nord Via la Mission de la femme, en partenariat avec le Conseil des femmes de la province Nord et le centre culturel Pomémie, la province Nord organise les Journées internationales de la femme au centre culturel Pomémie de Koné. Manifestation autour du thème « L’autonomisation des femmes et l’autonomisation de l’humanité » : un bilan des progrès réalisés, rappel des actes de courage et de détermination accomplis par des femmes ordinaires ayant joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Mardi 8 et mercredi 9 mars, au centre culturel Pomémie de Koné. À noter qu’une Journée de la femme sera également organisée par le Conseil des femmes de la province Nord à Canala, vendredi 25 et samedi 26 mars. LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME SUR LE CAILLOU : QUE PROPOSENT LES INSTITUTIONS ?

DROIT DES FEMMES CONDITION FÉMININE : LA MARCHE DE L’HISTOIRE Rubrique réalisée par Lyvia Briault, juriste et écrivain public, Cabinet LB. Tél. : 86 44 80 / cabinetlbnc@gmail.com « LE DÉVELOPPEMENT COMPLET D’UN PAYS, LE BIEN-ÊTRE DU MONDE ET LA CAUSE DE LA PAIX DEMANDENT LA PARTICIPATION MAXIMALE DES FEMMES À ÉGALITÉ AVEC LES HOMMES, DANS TOUS LES DOMAINES. » UN EXTRAIT DE LA CONVENTION INTERNATIONALE SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES DE 1979, APPLICABLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE ET QUI SE PASSE DE COMMENTAIRE. Le 8 mars est LE jour dédié aux femmes, à leurs réalisations, sans distinction de nationalité, d'origines ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques. C’est l’occasion de mettre en lumière les luttes et les avancées sociales et de préparer ensemble l’avenir des futures générations de femmes. Parfois, les faits en disent plus que les mots… QUELQUES DATES CLÉS : 1792 : la loi permet le divorce par consentement mutuel. 1907 : les femmes mariées peuvent disposer librement de leur salaire. 1924 : les programmes scolaires masculins et féminins sont uniformisés et un baccalauréat unique est créé. 1938 : la femme mariée dispose de la capacité juridique. Elle peut obtenir son passeport ou s’inscrire à l’université sans l’autorisation de son mari. Le devoir d’obéissance de la femme envers son mari est supprimé. 1944 : droit de vote et d’éligibilité pour les femmes. 1946 : la notion de « salaire féminin » est supprimée. 1965 : les femmes mariées peuvent exercer une profession et gérer leur bien sans l’autorisation de leur mari. 1967 : la loi Neuwirth autorise la contraception. 1970 : l’autorité parentale remplace la puissance paternelle : la notion de « chef de famille » est supprimée. 1972 : le principe « à travail égal, salaire égal » est reconnu. 1975 : l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée par la loi Veil. 1975 : la mixité devient obligatoire pour tous les établissements scolaires publics. 1980 : la loi réprime le viol. 1983 : la loi Roudy pose le principe de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. 1990 : le viol entre époux est reconnu. 1992 : le harcèlement sexuel est réprimé. 2000 : la première loi sur la parité politique est promulguée. 2002 : l’autorité parentale conjointe, la garde alternée et la coparentalité sont reconnues. L’enfant peut porter le nom de ses deux parents. 2004 : la procédure d’éviction du conjoint, dans le cadre du divorce, est créée. 2006 : les violences au sein du couple ou commises contre les mineurs par un compagnon (mari, concubin, partenaire « pacsé ») ou par son « ex » constituent des circonstances aggravantes de l’infraction. La notion de respect est introduite dans les obligations du mariage. L’âge légal du mariage pour les garçons et les filles est aligné à 18 ans (avant, les filles pouvaient se marier à 15 ans). Loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. 2008 : « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales » est inscrit dans la Constitution. 2010 : les violences conjugales habituelles sont spécifiquement réprimées. L’ordonnance de protection des victimes est créée. Le harcèlement moral au sein du couple constitue un délit. 2011 : loi du pays n°2011-5 du 17 octobre 2011 relative aux relations de travail et à l’interdiction du harcèlement moral et sexuel au travail. 2014 : loi du pays n° 2014-9 du 18 février 2014 relative aux relations de travail et à l’interdiction du harcèlement moral et sexuel dans le secteur public. a (enfin) voté ! Les femmes d’Arabie Saoudite ont pu voter pour la première fois le 12 décembre 2015, soit 70 ans après les Françaises. © Huffington Post © Bibliothèque nationale de France Cinq ans plus tard Bien que l’ONU (Organisation des Nations unies) ait proclamé le 8 mars journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale en 1977, la France ne l’a célébrée pour la première fois qu’en 1982. 26

Cette loi vise à combattre les inégalités entre hommes et femmes à tous les niveaux (privé, professionnel et public). Elle prévoit notamment des actions de lutte contre les violences faites aux femmes et les atteintes à leur dignité, des actions destinées à prévenir et à lutter contre les stéréotypes sexistes, des actions tendant à favoriser une meilleure articulation des temps de vie et un partage équilibré des responsabilités parentales, des actions visant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et sociales, etc. Cette loi n’est pas applicable en Nouvelle-Calédonie dans les domaines qui relèvent de la compétence du pays (travail, protection sociale, droit civil). Mais elle pourrait servir d’inspiration pour l’élaboration de nos propres règles juridiques en faveur de l’égalité hommefemme. FOCUS : LOI N°2014-873 DU 4 AOÛT 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

CARNET DE VOYAGES L’URUGUAY, PAYS DU PARTAGE Texte et photos : Lyvia Briault De ce pays, je retiens la générosité et la gentillesse peu communes de ses habitants. Et surtout, une manière de manger qui leur est singulière, car ici, on ne sert pas d’assiettes individuelles, non ! On coupe tout en petits morceaux et on met tout au milieu de la table. Mais l’Uruguay, c’est aussi un bol d’air marin dans la chaleur caniculaire de l’Amérique du Sud. En bons vivants, les Uruguayens se précipitent tous à la plage en été. PUNTA DEL DIABLO : LA PLAGE DES ARTISTES Arrêt à la boulangerie obligatoire avant de prendre la route (4 heures en voiture depuis Montevideo). Il ne faut absolument pas rater les délicieuses viennoiseries (florentinas) tant appréciées des Uruguayens, et pas seulement ! Le choix est impressionnant : sucrées, salées, il y en a pour tous les goûts. Ma préférée : du pain moelleux fourré avec des cubes de fromage, un régal ! Ici, les plages sont principalement de grandes étendues de sable. Compte tenu du vent, c’est également le paradis des surfeurs. Les plages sont bordées de restaurants et de petits marchés locaux. Le soir, tout le village s’anime : boutiques diverses et antiquaires, galeries d’artistes sur le quai... Les musiciens font la tournée des restaurants ou se regroupent dans la rue pour le plus grand plaisir des passants. Vous l’aurez compris, il fait bon flâner à Punta del Diablo ! La région abrite également un fort, vestige de la conquête espagnole. Juste à côté, un magnifique parc propose des aires de camping avec une vue à 180 ° sur la mer. PUNTA DEL ESTE : LA STATION BALNÉAIRE LA PLUS PRISÉE D’URUGUAY C’est la ville la plus connue pour ses plages magnifiques. Ici, c’est un tout autre univers. La côte s’étend sur des kilomètres, bordée de buildings et de résidences hôtelières. 28 Bon à savoir Un ferry fait la liaison de Buenos Aires (Argentine) jusqu’à Colonia, une charmante petite ville aux rues pavées, qui est aussi la plus vieille ville d’Uruguay. D’ici, vous pouvez prendre un bus pour n’importe quelle destination dans le pays. - Pour vos achats, de Punta del diablo vous pouvez vous rendre à Chuy en très peu de temps, ville frontière avec le Brésil (zone détaxée). - SI JE DEVAIS RÉSUMER L’URUGUAY EN UNE PHRASE, JE DIRAIS : L’IMPORTANT DANS LA VIE, C’EST DE PARTAGER CHAQUE INSTANT !

inGrédientS 2 grandes tranches de pain de mie, 1 filet mignon de bœuf, 2 tranches de bacon, 1 œuf, une tranche de jambon, 1 tomate, 2 tranches de mozzarella, mayonnaise, olives vertes et salade verte. PréParation Préchauffez votre four à 180 °C. Coupez les tomates, la mozzarella et les olives en lamelles. Réservez-les. Versez un filet d’huile d’olive dans une poêle. Faites-y cuire le filet mignon. En même temps, dans une autre poêle, faites revenir le bacon. Une fois le filet cuit à votre goût, mettez-le de côté le temps de monter votre sandwich. Étalez de la mayonnaise sur chaque tranche de pain. Ajoutez des feuilles de salade verte, les tranches de tomates, la tranche de jambon, une tranche de mozzarella, le filet mignon, une tranche de mozzarella, le bacon et des feuilles de salade verte. Placez au four quelques minutes, le temps de faire fondre la mozzarella et de faire croustiller le pain. Pendant ce temps, faites cuire l’œuf dans une poêle. Sortez votre sandwich du four et incorporez-y l’œuf entre deux tranches. Parsemez d’olives vertes. Bon appétit ! Le Chivito, sandwich à étages RECETTES Allez voir le Casapueblo situé à Punta Ballena, à 13 kilomètres à l'ouest de Punta del Este, une œuvre incroyable réalisée par un artiste local, Carlos Páez Vilaró. Ce qui devait être à l'origine sa résidence secondaire est devenue un lieu dédié à l’art. Perchée sur la falaise, surplombant une eau cristalline et des roches rosées, la construction d’un blanc éclatant et aux formes étranges constitue en elle-même une œuvre artistique. MONTEVIDEO, UNE VILLE EUROPÉENNE Il est étonnant de constater l’influence française en Amérique du Sud. On retrouve ainsi à Montevideo, dans le quartier de la vieille ville, le charme des squares français, avec ses petites rues pavées et ses marchés aux livres, ses marchands ambulants et ses kiosques à journaux. Mais l’architecture est très typique et surtout très diversifiée, c’est ce qui rend la visite de cette ville particulièrement intéressante. La cité est également bordée par la mer. Le Mercado del Puerto est le lieu idéal pour une petite pause café au soleil, entre artistes peintres et musiciens. Tout le long de la Rambla et à toute heure, vous pourrez accompagner les marcheurs et les joggeurs dans leur promenade sportive au bord de mer. n

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=