Femmes ; Février 2016

« Edmonde Charles-Roux: courage physique, courage intellectuel, cosmopolitisme, talent d’écriture, ouverture d’esprit, charme et beauté.» Bernard Pivot, qui lui a succédé à la présidence du jury du prix Gon- court en 2014, ne tarit pas d’éloges au moment d’évoquer la mémoire de celle qui s’est éteinte le 20 janvier 2016, à l’âge de 95 ans. Fille de diplomate, Edmonde Charles-Roux a vécu à Prague et à Rome avant de devenir infirmière pendant la Seconde Guerre mondiale. Blessée à Verdun en 1940, elle devient ensuite résistante. Après le conflit, elle s’oriente vers le journalisme. Elle, pendant deux ans, puis Vogue dont elle devient rédactrice en chef en 1954. En 1966, elle veut mettre une femme de couleur en une du maga- zine, mais essuie un refus cinglant de sa direction, la conduisant à démissionner. Edmonde Charles-Roux se console cette même année puisqu’elle reçoit le prestigieux Prix Goncourt pour son roman Oublier Palerme. C’est aussi en 1966 qu’elle rencontre Gaston Defferre, maire de Marseille. Un véritable coup de foudre. Ils se marient en 1973, mais n’auront jamais d’enfants, « une entrave à ma liberté », estime Edmonde Charles-Roux. Femme de lettres, elle enchaîne les livres : Elle, Adrienne, en 1971, L’irrégulière, consacré à Coco Chanel, en 1974, Un désir d’Orient et Nomade j’étais, une biographie en deux tomes sur Isabelle Eberhardt en 1988 et 1995. En 1986, Gaston Defferre meurt. Edmonde Charles-Roux s’évertuera à honorer sa mémoire, notamment dans des livres comme L’homme de Marseille. En 1983, elle entre à l’académie Goncourt et en devient présidente en 2002. Elle laissera sa place à Bernard Pivot en janvier 2014 et passera son couvert à Eric-Emmanuel Schmitt début janvier. « L’artiste doit être dangereusement seul », se plaisait-elle à répéter en citant Derain. Mais elle qui soutint aussi que « rien n’est plus égoïste qu’un écrivain » a démenti, par sa curiosité, son art du lien et son empathie, cette sombre vision qui n’éclaire que l’œuvre. Grande dame des lettres, elle a marqué de son empreinte la vie culturelle avec une autorité tranquille et un goût propre qui l’ont placée hors du commun. Indocile et singulière, toujours. Sources Le Monde, Le Figaro, Gala actu 6 Au Kansas, les sénatrices sont désormais priées de ne plus porter ni jupes « trop courtes » ni décolletés. Mitch Holmes, républicain prési- dent du comité sénatorial du Kansas, a en effet décidé d’imposer un code vestimentaire aux sénatrices de l’état fédéral. Des injonctions qui ne s’appliquent qu’aux femmes, puisque les sénateurs garderont le loi- sir de s’habiller comme bon leur semble lors des séances. Sont exclues du dress code imposé par le sénateur toutes les tenues qui pourraient « venir distraire » ces messieurs. Comme l’explique tout naturellement Mitch Holmes, « il est important que l’attention soit focalisée sur le problème à régler, et non sur les femmes ». Des propos su- rannés et sexistes qui n’ont pas manqué de faire réagir les principales intéressées. « Mais pour l’amour du ciel, à quel siècle vivons-nous ? », s’est ainsi insurgée Laura Kelly, élue de Topeka, qui n’a pas hésité à dénoncer les propos de Mitch Holmes. D’autres pointent du doigt le non-sens de cette mesure, à l’instar de la députée républicaine Vicki Shmidt qui interroge, non sans ironie : « Qui va définir la longueur de la jupe ? Est-ce que cela s’applique aussi aux sénateurs ?». Le sexisme de Mitch Holmes vis-à-vis des tenues féminines n’est pas sans rappeler le comportement déplacé de certain hommes politiques français qui, en 2012, avaient hué Cécile Duflot pour l’unique motif qu’elle portait ce jour-là à l’Assemblée nationnale une robe fleurie. Source Marie Claire Les sénatrices du Kansas, trop sexy pour être crédibles ? L’indocile n’est plus © Eric Feferberg / AFP © Getty Images

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