Femmes ; Février 2016

PEOPLE 10 Le temps du new wave L’époque berlinoise Le prophète Les indices étaient pourtant là depuis quelques années, égrenés au fil des clips. La rumeur disait David Bowie mourant. En 2013, il signait un retour surprise avec un nouvel opus et prenait des poses de messie dans le clip de The Next Day. Jusqu’à ce dernier coup de Trafalgar, l’album Blackstar sorti le 8 janvier, qui voit le chanteur réussir l’exploit de ressusciter artistiquement juste avant de mourir. Désormais, impossible de visionner le clip de Lazarus (Lazare en français) avec un regard neutre... Bowie, lève-toi ? Bowie, leretour À l’approche de la cinquantaine et des années 2000, Bowie connaît une renaissance artistique. Avec Outside, album aventureux qui séduit les nouvelles générations en empruntant au rock industriel et aux sonorités électroniques. La tête chercheuse s’est réveillée. Et Bowie a toujours du flair. Il demande au créateur de mode anglais Alexander McQueen de lui réaliser une veste. Il porte ce manteau Union Jack revisité sur la pochette de l’album Earthling, dans une stature de commandeur. Cheveux blonds peroxydés, bronzage de bon aloi, costard crème, sourire carnassier à la blancheur éclatante : David Bowie se met au diapason de l’époque en incarnant à merveille un yuppie, jeune cadre dynamique emblème des années 80. Le paraître prend le pas sur l’être à l’heure de MTV. Commercialement, c’est un carton. Artistiquement… Même s’il signe deux de ses plus gros tubes à l’époque, avec Let’s Dance et China Girl, Bowie manque de souffle. Et l’on se désespère de retrouver, dans ses yeux vairons, l’étincelle créatrice qui avait tant changé le rock. La métamorphose se poursuit au fil des ans, David Bowie devenant peu à peu the Thin White Duke, le « mince duc blanc ». Le teint est blafard, les cheveux blonds sont plaqués, la maigreur fait peur, la tenue de scène est sobre. Ce personnage est inspiré du cabaret allemand de l’entre-deux guerres. Mais son apparence doit aussi beaucoup à la consommation effrénée de cocaïne à l’époque, de Bowie. Parallèlement, entre 1977 et 1979, David Bowie abandonne Los Angeles pour Berlin, où il semble prendre un nouveau départ. Influencé par le rock et l’électro allemands, il donne à sa musique des accents avant-gardistes, quitte à déstabiliser une partie de ses fidèles Pierrot Bowie Ashes to Ashes, Dust to Dust… Sur l’album Scary Monsters, David Bowie enterre le Major Tom de Space Oddity. Au tournant des années 80, il renoue avec le succès commercial. Le clip de Ashes to Ashes est à l’époque le plus cher jamais réalisé. Le chanteur marque les esprits avec le costume d’Auguste, clown triste et Pierrot lunaire, qui semble enterrer les précédentes vies de David Bowie © DR © DR © DR © DR © DR

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=