Femmes : Octobre 2015

DOSSIER PORTRAIT «On se sent beaucoup mieux à 40 ans qu’à 20, âge où on ne sait pas encore où l’on va », affirme d’entrée de jeu la chef d’entreprise. Valérie Tini en sait quelque chose : « Au début de ma vie d’adulte, j’étais un véritable papillon, totalement inconstante professionnellement parlant. Je voulais toucher à tout, sans que rien ne me plaise vraiment totalement. » Commerce, enseignement, bricolage, voyages : à 20 ans, la jeune femme se cherche. Une insouciance de courte durée, car à peine cinq ans plus tard, elle devient maman d’une petite fille. « J’ai tout de suite pris du plomb dans la cervelle, se souvient-elle. Avec cette nouvelle responsabilité, je ne pouvais plus passer d’un job à un autre en claquant des doigts. Et hors de question d’être dépendante de mon mari financièrement. Il fallait que je m’assume, on ne sait jamais. » Ni une ni deux, la jeune mère trouve un poste d’employée. Parallèlement, elle et son conjoint choisissent d’accueillir dans leur petit nid douillet d’autres enfants, devenant ainsi la plus jeune famille d’accueil de la province Sud. FEMME D’ACTION Arrive la trentaine : « Je me suis dit qu’il était temps d’utiliser mon potentiel pour monter mon propre projet professionnel. Mais je ne savais pas trop vers quoi me tourner, raconte Valérie. Je voulais LA QUARANTAINE ACCOMPLIE que mon activité me plaise, bien sûr, mais qu’elle soit également d’utilité publique. » Un casse-tête, qui se résout grâce à une rencontre fortuite. « Je me suis toujours intéressée à l’écologie. Mais c’est en me liant d’amitié avec une femme partageant mes idéaux que j’ai eu le déclic. » Très vite, les deux copines ont l’idée de proposer aux communes du Caillou de les débarrasser de leurs dépotoirs sauvages, le début d’une belle histoire pour Valérie. Cette aventure, la Calédonienne « depuis cinq générations » la continuera rapidement seule, sa compère s’étant retirée du projet au bout de six mois. « À l’époque, j’étais toute seule avec ma pelle et mon camion. Je travaillais comme une folle, sans jour de repos. Sans compter mon rôle de maman, que je ne pouvais absolument pas négliger. » D’ailleurs, la future chef d’entreprise est tellement occupée qu’elle ne réalise qu’au bout de sept mois qu’elle est enceinte…et va donc bientôt accoucher : « C’était la panique ! Il a fallu revoir toute notre organisation car nous étions déjà huit à la maison ! » Pourtant, Valérie et sa famille tiennent le coup et s’en sortent encore plus forts. « À force de sacrifices, mon entreprise – Ecotrans – prend de l’importance. C’est dur d’être u e femme dans un métier d’homme. Il faut faire ses preuves, se battre contre des attitudes sexistes. Mais ça a payé. Aujourd’hui, mon mari – également mon associé – et moi dirigeons deux sociétés de recyclage florissantes. » HEUREUSE ET ORGANISÉE Aujourd’hui âgée de 42 ans, Valérie aborde la vie très sereinement : « Je suis fière de ce que j’ai réalisé. Je me sens épanouie et accomplie, même si j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir ! J’ai réussi à aller au bout de mes objectifs professionnels mais aussi personnels. Et ça n’a pas toujours été facile. Il faut constamment faire la part des choses entre le travail et la famille. Depuis trois ans, on a décidé de ne plus parler boulot à la maison. Comme ça, on fait une vraie coupure et je suis beaucoup plus disponible pour mes enfants. Et puis, une fois par mois, mon mari et moi nous offrons un week-end en amoureux. C’est hyper important de se garder un moment privilégié tous les deux. Sinon, je ne sais pas si on aurait tenu dix–huit ans ! J’essaie aussi de me prendre du temps pour moi, généralement le samedi matin, pour aller chez le coiffeur ou chez l’esthéticienne. C’est essentiel car je subis une pression constante au travail. Tout est question d’organisation ! En tout cas, c’est sûr que je m’aime plus aujourd’hui qu’à 20 ans. J’arrive aussi plus facilement à me projeter dans l’avenir. J’adore ma vie maintenant, j’adore ce que je fais. Mon travail, c’est un peu comme ma drogue. D’ailleurs, j’ai décidé de m’arrêter à 50 ans. Je passerai à autre chose. Voyages, vie associative… Il y a tellement de choses que je n’ai pas encore eu le temps de faire ! » n 24 UN PARCOURS INCROYABLE, TEINTÉ D’UN FORMIDABLE DYNAMISME : À 42 ANS, VALÉRIE TINI EST UNE FEMME HEUREUSE ET ÉPANOUIE. À LA TÊTE DE DEUX SOCIÉTÉS DE RECYCLAGE, ELLE EST ÉGALEMENT ÉPOUSE ET MÈRE DE DEUX ENFANTS. Valérie Tini, 42 ans, gérante des sociétés Ecotrans et OZD. Photo : Julien Cinier

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