murs. « Ils sont tenus par un rythme strict. » Entre deux levages pour les voiles, il soulève des palettes par-ci, un engin par-là…Certes, le grutier donne le rythme, mais Teva prévient : « Il ne faut pas être quelqu’un de nerveux, il faut être patient, mais surtout, aimer ce que l ’on fait. Les manettes sont très sensibles, il faut être minutieux. En cas de coup de nerfs, il vaut mieux éteindre la machine, descendre, faire un tour, retomber. Et surtout, attention à la confiance ! Il ne faut pas être trop sûr de soi ! » Comme dans beaucoup de corps de métier, l’habitude et la confiance mènent à des erreurs, il est donc essentiel de souvent se remettre en question, de refaire les check-up de base. « À chaque installation d’une grue, je refais un check-up complet du matériel. » Responsabilités à tous les étages Grutier, c’est beaucoup de responsabilités. « Il faut faire attention à ceux qui sont en bas, autour de soi. Il faut être très attentif à l ’attache, au levage. » Certes, le grutier est assisté, les élingueurs gèrent l’attache, mais tout de même, il a la responsabilité de sa charge, il ne peut pas se reposer sur ses collègues. De même pour l’installation de la grue mobile. La bête pèse son poids, mais surtout soulève de très grosses charges : « Plein de facteurs sont à prendre en compte : la qualité du sol, l ’amplitude de la flèche, les réseaux souterrains, le poids des charges, les besoins du chantier. » Ici encore, les conducteurs de travaux, chefs de chantier donnent des informations pour que le grutier installe l’engin, mais finalement, c’est à lui que revient la responsabilité de faire tenir la machine en place. Si la grue tombe, l’accident peut vite devenir dramatique. Chaque levage est différent L’intérêt de son métier, Teva le voit également dans la fierté que représentent tous ses chantiers, quand il passe devant les tours Ramada ou sous la passerelle du Caillou Bleu : « C’est moi qui l ’ai soulevée. » Mais aussi dans la diversité. « Chaque levage est différent. Quand tu travailles avec une grue qui a une flèche de 44 m de long, elle réagit comme une canne à pêche, c’est flexible. Sur certains chantiers, on lève à l ’aveugle, c’est-à-dire qu’il faut lever, ou déposer quelque chose à un endroit que l ’on ne voit pas. Alors il faut travailler en équipe, par talkie-walkie. » Si Teva Temauri trouve son métier passionnant de par la diversité des chantiers, le métier de grutier, qu’il soit fixe, mobile, à chenille, est propre à différents milieux. Certains grutiers œuvrent dans les ports, d’autres sur mine par exemple. « J’aime bien rencontrer d’autres grutiers, partager avec eux, c’est très différent. » Seul point noir au tableau : les déplacements loin de sa famille. Teva est actuellement en mission à Ouvéa par exemple. Sa femme reste donc seule avec les enfants. « C’est dur pour la famille. Mais bon, c’est le boulot. C’est bien d’avoir plein de Caces, mais du coup je suis très sollicité ! » sourit le trentenaire. Et puis les enfants sont fiers, eux aussi, de passer devant de grands chantiers et de se dire que leur père y a participé. « Je suis fier de tous mes chantiers. Arbé a eu confiance en moi ; j’essaie de le rendre et de bien faire mon métier. » CONSTRUCTION Focus Métier 37
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