Construire Avril 2021
Le bois, une matière à protéger Pour les travaux, il est évident qu’il sera plus complexe de retrouver exactement la même essence de bois et les mêmes dimensions. « Les charpentes sont souvent en houp, parfois en Red Cedar ou en pin Douglas. On peut mélanger les essences tant que la charpente n’est pas apparente » , explique Manuel Henry, charpentier. Le spécialiste, qui a travaillé sur des chantiers de rénovation comme le fort Teremba, la cathédrale de Nouméa ou l’église de Vao à l’île des Pins, ajoute : « C’est surtout compliqué de trouver des sections qui correspondent à celles utilisées à l ’époque. Aujourd’hui, les dimensions sont normalisées. Il y a donc nécessité de réaliser des commandes sur mesure. Cela demande plus de temps et d’argent. » Il insiste sur l’importance « d’une bonne peinture pour bien protéger le bâtiment. Une peinture qui respire et qui protège. C’est d’autant plus important que c’est aussi ce qui va faire le cachet de la maison coloniale. » Et là, on visualise ces jolies maisons violettes, vertes ou roses. « Qu’est-ce qu’on demande à une peinture ? questionne Gérald Pham Van Diep, gérant d’Arc O Paint. C’est une membrane de 1/10 e de millimètre d’épaisseur qui se doit de protéger des éléments naturels, l ’investissement de votre vie ! Elle se doit donc d’être très fonctionnelle. » Pour le professionnel de la peinture, les Néo-Zélandais et les Australiens proposent des gammes adaptées à nos maisons en bois, qui résistent au climat tropical. Des matériaux toujours plus rares Le mot clef, c’est l’aération, même avec les cailloux. La pierre aussi peut être fragilisée par une mauvaise aération. « Tous les murs en pierres sont maçonnés avec de la chaux, ce qui permet d’aérer le mur, de laisser l ’eau pénétrer puis ressortir, explique Jonathan Chouvenc, tailleur de pierres chez Pierre et Patrimoine. Bien souvent, dans les maisons coloniales, quand le ciment est arrivé, cela faisait pourrir les peintures. L’humidité ne ressort pas. » Faut-il tout tomber et refaire, ou restaurer ? Une question importante. « Nous conseillerons toujours de restaurer, nous sommes tailleurs de pierres, nous sommes passionnés. Même si cela a un coût, au final, vous vous y retrouvez. » Pour le charpentier, parfois, « mieux vaut tout tomber et refaire, cela coûtera moins cher ». Mais le souci de la restauration, ce sont les matériaux. Difficile, en 2021, de trouver des briques de la fin du XIX e , de récupérer des bois rares et précieux, ou d’utiliser des coraux pour monter ses murs. Les matériaux se font rares, ou il est tout simplement interdit de les extraire pour des raisons environnementales évidentes. « On réutilise le plus possible ce que l ’on a sur le chantier, sinon, on a parfois un peu de stock que l ’on récupère sur d’autres chantiers, comme quand une Des questions de normes Concernant la charpente en bois, « les assemblages de l’époque ne sont pas aux normes anti-cycloniques actuelles. Mais si l’ouvrage a fait ses preuves dans le temps, normalement, il n’y a pas de souci pour l’assurer », estime Manuel Henry, charpentier. Par contre, il va de soi que l’électricité ou l’assainissement doivent, eux, répondre aux normes en vigueur dans le pays et la commune. Si le bâti est classé ou inscrit, il faudra alors répondre aux normes en vigueur concernant la restauration de bâtiments historiques classés ou inscrits. D ossier Construction 61 La peinture, outre l’aspect esthétique évident, protège la maison contre les attaques de l’humidité.
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