Construire Avril 2021

plomberie, assainissement... » Dans ces cas-là, soit l’heureux propriétaire possède les plans de la maison, soit « il faut jouer aux détectives... » L’assainissement est une partie extrêmement importante. Déjà parce que les normes ont beaucoup évolué, et que dorénavant, en fonction de la commune, il faudra relier la maison au réseau ou installer une fosse septique. Si on décide de modifier la salle de bains, de la déplacer, de la refaire en entier, il est essentiel également de prendre en compte certains points. « L’intégration de pièces humides (salle de bains, cuisine, toilettes) est à faire avec précaution » prévient Laurent Fayard, de la province Sud. Car tout apport d’humidité dans une vieille demeure est susceptible de la détériorer rapidement alors qu’elle tenait la route depuis 120 ans. Aération contre humidité Les professionnels s’accordent sur le sujet, tout est histoire de conception : « Avant, il n’y avait pas de climatisation. Un gros travail était mené sur les aérations basses et hautes. L’erreur est souvent de boucher certaines zones qui peuvent alors provoquer des remontées d’humidité. On a pu vérifier que certains chantiers réalisés sans respecter la conception d’origine ont dégradé le bâtiment, commente l’ingénieur provincial. Les soubassements en pierres des maisons coloniales sont à protéger absolument. » Une structure à surveiller La seconde chose à regarder, qui ne se voit pas du premier coup d’œil mais qui est inéluctable lorsque l’on rénove une maison, « c’est l ’état structurel : poteaux, poutres, charpente, plancher, soubassement... » liste l’architecte. Souvent, les bâtiments anciens, datant d’avant la Seconde Guerre mondiale, possèdent une structure en bois, parfois cerclée de métal, puis soit des murs en pierres, en briques, ou en bois. On pense alors en premier aux termites. « Il est très important d’avoir des soubassements ventilés », appuie Manuel Henry, charpentier, gérant de HMC. Le charpentier est souvent confronté aux termites ou aux champignons. « Là encore, c’est une histoire de conception : si le bois est dans le noir, dans la chaleur et l ’humidité, tout est propice au développement des termites. Ce sont les trois facteurs idéaux. » Quant à la moisissure : « Les champignons apparaissent souvent lorsqu’il y a fuite d’eau. Quand c’est moisi, c’est une vraie gangrène. Il faut alors purger les parties pourries et refaire l ’ouvrage. » L’architecte précise également de vérifier le « flambement des poutres », c’est-à-dire leur affaissement. Avec Alexandre Treuil et l’Association Témoignage d’un passé sur le parcours du Faubourg : Nouméa a commencé à être électrifiée en 1932. Les maisons du Faubourg-Blanchot ont été construites entre 1870 et 1910. Les maisons d’époque n’étaient pas peintes avec des couleurs, seuls le rouge rouille et éventuellement de l’éthylène, qui donnait une teinte bleue, étaient utilisés. Jusque dans les années 50 il y avait des dépendances pour les toilettes et les cuisines. Le bois, souvent originaire de Prony, était débité par les bagnards, puis trempé plusieurs années dans la mer afin de le traiter contre les insectes. Près de 1 800 édifices patrimoniaux sont recensés en province Sud, et 250 sont protégés par l’institution provinciale. Ils sont listés et cartographiés précisément sur le site de la province Sud dans la rubrique «Le patrimoine historique et culturel». Infos historiques 59 En haut : les matériaux d’époque ne sont pas toujours faciles à retrouver et les techniques sont spécifiques, comme ici, à La Villa cachée, avec ces plafonds en zinc. Un artisan sur le Caillou est reconnu pour son savoir- faire en la matière : Façon zinguerie. À droite : les charpentes en bois sont à étudier de près pour vérifier leur état, comme ici à La Villa cachée.

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