Construire Octobre 2020

26 CONSTRUCTION CONSEILS de Pros AUTORISATIONS, ANALYSES, DÉBIT… Le foreur perce là où on lui dit de percer, mais son expé- rience et sa maîtrise technique vont jouer un grand rôle dans la qualité du puits. Une fois la veine trouvée, un test de pompage est réalisé afin de calculer le débit. Il faudra investir dans une pompe inférieure au débit, afin qu’elle ne se retrouve jamais à l’air libre, ce qui la casse. Un test de qualité de l’eau est demandé : « Elle peut être dangereuse, contenir par exemple du nitrate, être salée… », liste l’hydro- géologue, et donc ne pas correspondre à l’usage désiré, comme abreuver des animaux ou arroser un champ. Les forages proches des côtes sont souvent déconseillés afin d’éviter que de l’eau de mer ne remonte dans la nappe phréatique et la pollue. La province délivre une autorisation de pompage qui donne un cadre, avec un débit autorisé, afin de ne pas épuiser la ressource. « Le débit de pompage autorisé est déterminé à partir des besoins en eau exprimés par le demandeur et en cohérence avec le potentiel (quantité et qualité) de la nappe d’eau souterraine pompée », souligne la province Sud. Il peut donc être utile de prévoir dans son budget l’installation d’un réservoir qui va se remplir durant les quelques heures autorisées et ainsi assurer au proprié- taire de l’eau en toute circonstance. Mais les professionnels du secteur le concèdent : « Ils ne mettent pas de compteur sur la pompe ! » « Il n’y a pas de police de l’eau. » « Beaucoup d’ouvrages sauvages participent à épuiser la ressource. » Alors si vous optez pour un forage, pensez au conseil du sourcier : « Respectez l’eau ! » n *Les provinces Sud et Nord sont compétentes en matière d’eau souterraine comme superficielle. Pour la province des Îles, la compétence est restée au gouvernement, à la Direction des affaires vétérinaires alimentaires et rurales (Davar). Sur terres coutumières il faut se tourner vers les autorités coutumières compétentes. Subventions et cadre légal La province Sud peut octroyer une subvention en fonction de l’intérêt économique et/ou social du projet, et ce en paral- lèle avec le budget disponible. Un projet agricole aura plus de pertinence face à un projet d’autoconsommation. Une subvention partielle peut être octroyée pour les travaux de forage, que l’on fasse appel à un sourcier ou à un bureau d’études. Pour les travaux de recherche, la province Sud aide uniquement si on fait appel à un bureau d’études agréé. L’autorisation délivrée par la province Sud précise la loca- lisation du point de pompage et l’identité du bénéficiaire du prélèvement d’eau. La durée de validité de l’autorisation peut varier. Parfois sine die (sans délai/à vie) ou parfois avec un certain nombre d’années. En province Nord, l’autorisation accordée est précaire, personnelle et révocable. Au Nord comme au Sud, cinq informations doivent être fournies : l’identification du demandeur, l’emplacement du prélève- ment, la description de l’installation, l’utilisation prévue de l’eau prélevée, les débits prélevés. Entretenir son forage Les conseils de Pauline Girard, hydrogéologue, pour garder son forage en bon état le plus longtemps pos- sible. Un forage non entretenu risque de provoquer une pollution de l’eau et/ou une perte de débit et ainsi de mettre la pompe à l’air libre et de la briser. Tous les mois, surveillez la conductivité – l’état de minéralisation de l’eau – avec une sonde ; si elle est trop minéralisée, c’est une alerte. Il y a peut-être un problème. Avec une sonde vérifiez les niveaux en pompage et hors pompage. Tous les trois à cinq ans, retirez la pompe et regardez son état : si elle est encroûtée, s’il y a des racines, si elle est rouillée… Tout cela risque de provoquer une perte de qualité de l’eau (trop ferrugineuse, présence de bactéries…), ainsi qu’une perte de débit. Les baguettes de sourcier peuvent être en bois ou en métal. Celles de Lionel Kaddour, en laiton et en bois de goyavier, lui permettent de trouver la veine. Il possède également un pendule pour estimer le débit.