Construire Octobre 2020

Avoir un grand terrain, une belle propriété, des animaux à abreuver, quelques arbres fruitiers et des salades à arroser. Le rêve. Mais cela a un coût, et l’eau des communes coûte cher. Alors pourquoi ne pas forer un puits ? Un accès à de l’eau gratuite, tout le temps ! Pas si simple. Voici quelques conseils. FORAGE mode d’emploi 24 CONSTRUCTION CONSEILS de Pros D ès que l’on touche à l’eau, il y a des règles. N’importe qui peut creuser un trou sur son terrain. En fonction de la profondeur, il faudra se tourner vers le service des Mines. Mais pour pomper l’eau, une autorisation provinciale* est obligatoire. Pour des raisons écologiques et environne- mentales. Pour ne pas souiller ou épuiser la ressource. Car l’eau, « elle se respecte », insiste Lionel Kaddour, sourcier. L’eau puisée peut avoir de multiples usages : arroser son jardin, faire boire ses animaux, remplir un bassin à carpes, alimenter sa maison… À chaque usage il faudra répondre à un cahier des charges strict et précis et présenter les analyses d’eau correspondantes. Avant tout, on cherche l’eau. Car trouver le bon endroit où forer n’est pas simple. Il existe deux solutions : la technique un peu ésotérique, un peu magique, celle que les Calédoniens préfèrent, et la technique scientifique et rigoureuse. LE SOURCIER ET SES BAGUETTES La première méthode consiste à recourir à un sourcier. Lionel Kaddour s’est lancé dans l’aventure il y a une dizaine d’années. Après trente ans à la SLN, Lionel se renouvelle. « J’ai remarqué que j’avais un bon ressenti, alors je suis parti à Lens, en Métropole, pour me former. » Patrick Fayard, de la Ferme de la Pépinière, a récemment sollicité ses services pour créer un puits sur son terrain afin de répondre à des normes de sécurité : « J’ai fait appel à un sourcier, parce que c’est comme ça », dit-il en haussant les épaules. Et le choix du sourcier s’est révélé productif. La pompe est aujourd’hui installée et remplit une belle cuve de 300 000 litres, « la plus grosse chez un agriculteur », se félicite monsieur Fayard. Lionel Kaddour enfile son chapeau de feutre, s’équipe de ses baguettes en laiton, de sa baguette en goyavier et de son pendule, et arpente le terrain. Pas au hasard, évidem- ment. Il tient compte de la géologie, de la géographie, de la végétation… Il commence par chercher la veine, évalue sa largeur, regarde si elle croise une autre veine, et dans quel sens l’eau s’écoule. Puis il ressent la profondeur. Enfin, à l’aide de son pendule, ici en cristal de roche – « mais on peut faire un pendule avec n’importe quoi ! » assure le sourcier – il estime le débit. « Il faut rester humble, il y a une marge d’erreur », glisse Lionel Kaddour, qui avance tout de même un taux de réussite de 90 à 95 %. Une fois les points indiqués, le propriétaire peut faire appel au foreur de son choix. L’HYDROGÉOLOGUE ET LES IMPULSIONS ÉLECTRIQUES La deuxième technique est scientifique. « Le bureau d’études réalise une étude de prospection hydrogéologique » , com- mence Pauline Girard, hydrogéologue chez Néodyme NC. Il s’agit d’analyser le contexte naturel du terrain : « Géologie, forages existants, leur débit, photo- interprétation… Puis nous réalisons une mission de terrain. Personnellement, j’aime utiliser la tomographie : nous envoyons dans le sous-sol des impulsions électriques qui renvoient une image couleur. » Le bureau d’études remet alors un rapport avec plusieurs points potentiels. « C’est une méthode indirecte, il n’y a pas 100% de réussite. On peut procéder par forage test, c’est effi- cace à 100 %, mais beaucoup plus cher », souligne Pauline Girard. Une fois équipé des points, le client peut alors faire appel au foreur. Une fois le point défini par le bureau d’études ou le sourcier, le client fait appel à un foreur dont la maîtrise technique est essentielle dans ce chantier. Une fois l’eau trouvée (ce qui n’est pas le cas à chaque fois), le foreur installe les tuyaux. Photos Aurélia Dumté

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