Construire Juin 2020

CONSTRUCTION Dossier 43 Noé Bertram, gérant de Bois Concept et membre du cluster Eco-construction. Nous travaillons avec les normes imposées par les assureurs dans les Dom-Tom, nous travaillons au-dessus des normes demandées par le RCNC. » Mais ce n’est pas le cas des quelque 7 000 entreprises répertoriées dans le bâtiment, dont près de 82 % sont des patentés. Et si la Nouvelle-Calédonie se dote d’une réforme en profondeur du BTP, c’est qu’il y avait de bonnes raisons. « PeRTe De cOnfIAnce » « Le RCNC est une très bonne réglementation, commence Noé Bertram . C’est un bon projet qui va tirer le bâtiment vers le haut, c’est un gage de qualité qui va ramener la confiance au sein du bâtiment. Le monde du bâtiment a perdu sa légitimité à cause de gens qui n’étaient pas formés, à cause de matériaux de mauvaise qualité. » Une perte de confiance due aux nombreuses malfaçons rencontrées par les Calédoniens. « L’objectif du RCNC est de baisser la sinistralité. Il y a énormément de contentieux. Mais aujourd’hui, vers qui se tourner ? » questionne Djamil Abdelaziz, directeur adjoint de la Direction des achats, du patrimoine et des moyens du gouvernement (DPAM), et « catalyseur » de cette réforme. Car actuellement, tout un chacun peut prendre une patente de maçon et travailler chez vous, alors même qu’il n’a aucune connaissance. Pire, si cette personne réalise de graves erreurs et provoque un sinistre dans votre logis de par son incompétence, il est aujourd’hui quasiment impossible de se retourner contre ce professionnel ou d’en obtenir réparation. « Si sinistre il y a, soit l’entreprise responsable du sinistre accepte de reconnaître son erreur et répare ou rembourse, soit elle refuse. Dans ce cas, il faut partir au tribunal », explique Emmanuel Roche, président du Cosoda, le comité des entreprises d’assurances. Et cela peut prendre de nombreuses années sans forcément au bout du compte obtenir de dédommagement, car si l’entreprise a fait faillite ou n’est pas solvable, on ne récupère jamais les sommes. « Ce n’est satisfaisant ni pour le maître d’ouvrage, ni pour l’entreprise. » « LA nOn-qUALITé cOûTe cHeR » Ainsi, le maître d’ouvrage, dont le particulier qui fait construire sa maison, sera protégé. Certes, il devra payer l’assurance. Et certes, les professionnels devront payer eux aussi une assurance dont le prix sera très sûrement répercuté sur le particulier. « C’est une réforme inflationniste, mais elle permettra aux particuliers d’investir correctement », estime Noé Bertram. « Ce sont des combats d’arrière- garde que de penser que la qualité coûte, assène pour sa part Djamil Abdelaziz. C’est la non-qualité qui coûte cher. Et l’argent que l’on met aujourd’hui dans les sinistres, on va le mettre demain dans la qualité. » Afin d’éviter de faire flamber le coût des assurances décennales, « il faut rassurer les assureurs , explique le Les assurances : Tous les professionnels du bâtiment doivent être assurés, et, pour cela, justifier de trois ans d’expérience ou d’un diplôme. Ils devront, au 1 er juillet, contracter une responsabilité civile décennale. « Ils devront venir en agence modifier leur contrat de responsabilité civile professionnelle », précise Emmanuel Roche, président du Cosoda. Une seconde assurance devra être contractée, cette fois-ci par le maître d’ouvrage : la garantie dommage ouvrage. Elle concerne « la solidité et la stabilité de l’ouvrage, les clos et couverts, l’étanchéité des toitures et terrasses et des parois enterrées ». Cette assurance permettra, si un sinistre est constaté, de protéger le maître d’ouvrage qui sera alors remboursé, après constat par un expert, directement par l’assureur. L’assureur ira de son côté rechercher la responsabilité pour se faire rembourser. Ces deux assurances seront efficientes pour tout chantier ouvert au 1 er juillet 2020. Tous les chantiers déclarés avant le 1 er juillet fonctionneront sous l’ancien système de garantie longue durée de 10 ans. Photos Aurélia Dumté

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