Construire Mars 2020

détaillés, des dessins techniques précis. « C’est ce qui m’a botté dans le métier de charpentier, raconte Manuel Henry. La table à dessin, les calculs, la stéréotomie, la science des volumes qui s’assemblent dans l’espace. » Au sortir de son bac scientifique, le jeune Manuel cherche un métier. Il essaie la chaudronnerie. « C’est un très beau métier, mais le travail, le contact du métal, ne m’a pas plu. Puis j’ai déambulé dans la salle des chefs- d’œuvre des compagnons du devoir de Marseille et j’ai vu les charpentes. Elles étaient toutes magnifiques. Il y avait même une flamme en bois, c’était impressionnant. » Au bout de dix ans de compagnonnage, Manuel Henry rend son travail de réception après 900 heures de travail : une guitarde. « Cela ne se trouve que dans les monuments historiques. Si un client en souhaite un chez lui, pas de souci, mais ça coûte cher en main-d’œuvre ! » s’amuse le gérant de HMC. Il y a donc les calculs, le côté créatif, mais aussi le contact avec la matière. « Le bois est un matériau très plaisant à l’emploi. J’ai eu la chance de travailler avec du houp, c’est très agréable, doux et gras. » Mais attention, ce charpentier préfère œuvrer avec du pin issu de sylviculture, de forêts gérées, pour des raisons écologiques évidentes. « Quand on utilise du kohu, ou un bois noble, il faut se rendre compte que l’arbre a mis plusieurs dizaines d’années à arriver à maturité. » Même si, dans des conditions très spéciales, comme la rénovation du fort Téremba, Manuel Henry apprécie de travailler avec du bois de l’île des Pins. ÉCOLOGIE Réaliser une maison en bois, c’est, pour le gérant de HMC, l’avenir. « Quand on voit le bilan carbone des maisons en béton et en métal, alors qu’une maison en bois peut avoir un bilan carbone négatif ! » Finalement, comme pour toute personne travaillant de ses mains, l’un des aspects les plus plaisants du métier de charpentier « c’est la très grande satisfaction de partir de rien, et de voir, à la fin de la journée, que quelque chose est sorti de terre ». Et ce quelque chose, une fois terminé, doit être livré dans les règles aux autres corps de métier qui interviennent sur le chantier, comme l’électricien, le plombier ou le peintre. « Il faut qu’on leur livre un chantier droit, même si on a une tolérance. Le bois est un matériau vivant, parfois difficile à contraindre, qui peut vriller s’il a mal été stocké. Il y a beaucoup de contraintes à respecter au niveau des fibres du bois. » Comme tout matériau vivant, il est essentiel de le respecter, de le manipuler dans le sens du poil. Alors la maison en bois, avec sa charpente apparente, aura un vrai cachet, une identité. Et même fabriquée en série, elle sera unique. n 38 CONSTRUCTION Focus sur un métier

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