Construire Mars 2020

de Païamboué, à Koné, en 2015-2016. Ce chantier lui a permis de rafler un certain nombre de prix, dont le concours international des constructions en terre crue Terra Awards - catégorie bâtiment scolaire - en 2016. Depuis, d’autres bâtisses ont poussé comme ces trois salles polyvalentes à Yaté, ce bâtiment multiservices à Pouébo, la station-service à Apogoti… et d’autres vont voir le jour comme la mairie de Voh ou l’aérodrome de Koné. ÉCOLOGIQUE Alternative Constructions est membre du cluster Eco construction fondé en 2018 afin de soutenir les chantiers alternatifs en Nouvelle-Calédonie. Car sans aucun doute, le pisé stabilisé est une technique écologique. « Le matériau est utilisé brut, au plus proche du chantier. Cela réduit les frais de transport. Une maison en pisé stabilisé ne dénature pas l’environnement alentour, elle s’intègre parfaitement dans la nature, affirme Clovis Mutin. Et le spécialiste de continuer : le béton de terre possède de grandes qualités acoustiques, il n’y a pas de résonance. Il provoque une inertie thermique : la température reste la même dans la maison peu importe la variation extérieure.  » L’architecture de la maison joue, évidemment, sur la fraîcheur des pièces. «  C’est très confortable, on s’y sent bien », affirme le gérant d’Alternative Constructions, qui vit lui-même dans une maison en béton de terre. La terre ne se désagrège pas et vieillit très bien. Une cité entièrement bâtie en pisé, en Iran, a tenu du V e siècle avant notre ère jusqu’en 2013. Elle a été détruite par un tremblement de terre de par le manque d’entretien ces 70 dernières années et l’avènement de matériaux récents et hétéroclites. Mais si malgré tout une démolition est nécessaire, on peut se servir de ses murs comme de remblai et la nature reprendra vite le dessus. ESTHÉTIQUE Alternative Constructions tantôt participe à des chantiers pour la réalisation des murs, tantôt propose de bâtir des maisons individuelles tous corps d’état. «  Dans ces cas-l à, nous réalisons les murs porteurs . » Pour une maison standard, Clovis Mutin l’assure, «  le gros œuvre, c’est le même prix que pour une maison traditionnelle en dur. Il n’y a pas de surcoût. » La mise en œuvre est très rapide. « On peut passer toute la plomberie et l’électricité directement dans les murs. Nous mettons des aciers filants tous les 1,20 m, ce qui est dérisoire par rapport au béton. Nous travaillons par banchées de 60 cm de haut. » Ce qui donne à la maison une signature, une patte Alternative Constructions. Le mélange de terre et de béton est versé dans la banche, ou le coffrage, puis tassé. Une autre couche est versée puis tassée, et ainsi de suite jusqu’à remplir la banche. On attend le séchage, et on recommence. Ainsi, on lit les couches sur les murs de la maison. Dans leurs derniers chantiers, l’architecte Karine Demortier a demandé à incruster des palmes de cocotier dans le coffrage. Ainsi, lors du démoulage, le mur est imprimé de feuilles. On peut y glisser quelques trésors qui apparaîtront au moment de retirer le coffrage. On peut aussi peindre un mur en pisé, le recouvrir d’enduit, mettre du placo®. Mais il tiendra mieux en restant brut. «  Le but est bien de le laisser brut. L’idéal est d’avoir les murs périphériques en terre et les autres recouverts d’autres matériaux. » Histoire d’aérer, de trancher. Surtout que la terre se marie particulièrement bien avec toutes sortes de matières : le bois, le métal, la roche… n A collaboré à cet article : Alternative Constructions : www.alter-native.nc , Facebook : Alternative Constructions SARL , tél : 76 84 12 ou 99 67 67. 35 Le collège Païamboué, ouvert en 2016, a remporté de nombreux prix.

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