Construire Juillet 2019
La Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics (FCBTP) et le gouvernement viennent de lancer conjointement le second volet d’une étude sur la zéolite, ou cancer du béton. Objectif : résoudre cette épidémie qui peut entraîner des litiges entre les constructeurs et leurs clients et coûter cher aux assureurs. Mais qu’est-ce exactement que la zéolite, et quelle est l’ampleur du problème ? Eléments de réponse. Quand le béton tombemaLade conStruction Technique n La zéolite, aussi appelée cancer ou maladie du béton, est une désagrégation prématurée des ouvrages en béton qui leur donne un aspect lépreux. Ce phénomène d’effritement se propage depuis la surface vers l’intérieur des structures et semble lié à leur exposition au soleil, aux intempéries et à la corrosion de l’air marin. « On constate que les constructions du bord de mer sont plus souvent atteintes que les autres », signale Benoît Meunier, gérant de l’entreprise Pirel et responsable du suivi de l’étude au sein de la FCBTP. Le mal touche surtout le béton nu, sans revêtement. « La peinture ou l’enduit ont tendance à protéger le matériau », assure le spécialiste. n Si la zéolite ne présente pas de danger immédiat pour la solidité des structures, elle nuit en revanche à leur aspect esthétique et nécessite des réparations coûteuses. Il s’ensuit des litiges entre constructeurs et maîtres d’ouvrage de plus en plus fréquents depuis 2007. 40% des dossiers litigieux dans le cadre de la garantie décennale seraient imputables à la zéolite. n Fréquente en Nouvelle-Calédonie, la zéolite est rare en Métropole, ce qui explique l’absence d’études disponibles sur ce sujet et justifie l’investissement de près de 20 millions de francs réalisé par la FCBTP et le gouvernement pour mieux comprendre ses mécanismes. L’étude s’appuie sur des comparaisons avec le Japon, le Portugal et certains pays d’Amérique latine où le mal est également présent. n Si l’origine exacte de la zéolite reste encore inexpliquée, onsoupçonne fortement une contamination cristalline naturelle des agrégats minéraux employés pour la fabrication du béton. « On s’est aperçus que l’incidence de la maladie variait en fonction des veines d’agrégats exploitées par les carrières », pose Benoît Meunier. Il s’agit néanmoins très probablement d’un problème multifactoriel que l’étude en cours devra résoudre en prenant en compte un grand nombre de paramètres non seulement minéralogiques, mais aussi environnementaux et techniques. n 51
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