Coco TV 1384

COULISSES 12 TOURNAGE AU BOUT DE L’ENFER Fitzcarraldo Tourné au cœur de la forêt amazonienne, un film mythique à l’image de son héros, un aventurier fou décidé à construire un opéra en pleine jungle. Au début du XXe siècle, Brian Sweeny Fitzgerald, dit Fitzcarraldo, décide de rester en Amazonie péruvienne malgré l’abandon des travaux du chemin de fer dont il avait la responsabilité. Admirateur de Caruso, il rêve de le faire venir en Amazonie pour interpréter l’œuvre de Verdi. Pour réaliser ce projet grandiose, il s’approprie une concession de forêt inaccessible, au bord de la rivière Ucoyali. Fitzcarraldo achète un bateau et recrute un équipage avec l’aide de son amie Molly, tenancière d’une maison close. Il compte atteindre sa concession en remontant une rivière parallèle, à travers une vaste zone inconnue peuplée d’Indiens. Son équipage l’abandonne, mais les Indiens, fascinés par la voix de Caruso sortant du gramophone, entourent le bateau. Ils finissent par l’aider à le hisser pardessus la colline qui sépare les deux rivières… Enfer vert Tout commence en 1977. Werner Herzog se lance un nouveau défi : tourner Fitzcarraldo en plein cœur de la forêt amazonienne, à 2 000 kilomètres de toute civilisation. Il renoue avec le type de personnage fou, grandiose et mégalomane qu’incarnait déjà Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de Dieu. Fitzcarraldo, conquérant de l’inutile, est un indomptable rêveur. L’aventure durera quatre ans, dont trois de repérages. En 1981, une première version réunit Jason Robards Jr. et Mick Jagger dans les rôles principaux. Cinq semaines plus tard, le film est arrêté. Robards, malade, est rapatrié aux États-Unis. Herzog reprend le tournage avec Klaus Kinski et sans Mick Jagger, mais le film vire au cauchemar. L’idée centrale de Fitzcarraldo – faire passer un immense bateau par-dessus une colline – semble impossible à réaliser. Le sol boueux ne permet aucune prise pour les travaux, le matériel apporté par avion se détériore. Les Indiens, qui avaient signé un contrat de trois mois, restent six mois sur place. Le campement n’était pas prévu pour une durée aussi longue. Déprime et démission Des dissensions apparaissent entre certaines tribus. L’absence de femmes déprime ceux qui ont laissé la leur chez eux. Le massato, alcool local, coule abondamment. L’ingénieur brésilien qui supervise les travaux trouve l’entreprise trop périlleuse et démissionne. Herzog décide de continuer sans lui. Enlisement, pluies, lassitude, accidents : le rêve fou d’Herzog aboutira en novembre 1981, après un tournage qui a épousé la dimension folle du sujet. Mardi 6 septembre, à 22h35, sur Arte. KINSKI ET SES CAPRICES DE STARLETTE Qui de plus adéquat qu’un véritable fou pour incarner un malade ? Klaus Kinski est le personnage tout trouvé. Sur le tournage infernal, le comédien hurle, explose et fait des caprices de star : « Je ne ressens nul besoin de recenser les accès de fureur de K. Cependant, pendant le tournage, il faisait particulièrement peur », soulignait Herzog, qui en relate néanmoins plusieurs. Il y a celui causé par un café tiède alors qu’on vient d’apprendre le crash d’un avion transportant des membres de l’équipe du film, ou encore « cette dispute à la fois rare et violente » liée à l’obsession du comédien de se laver à l’eau minérale. Et, finalement, cette anecdote célèbre : le 15 juin 1981, deux Indiens machiguengas proposent au cinéaste d’abattre Kinski, que personne ne peut plus supporter !

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