Coco TV #1375

LES FANTÔMES DU PASSÉ Irma Vep C’était en mai dernier, à Cannes. Le réalisateur Olivier Assayas débarquait avec les premiers épisodes de sa série Irma Vep, alors même qu’il a déjà réalisé le film du même nom en 1996. Paris Match l’a rencontré pour une interview fleuve. En voici quelques extraits. Pourquoi revenir à Irma Vep ? Olivier Assayas : Disons que d’une certaine façon, j’avais l’impression que le cinéma avait changé, que le monde avait changé. Et je trouvais ça intéressant, au fond, d’utiliser le point de départ d’Irma Vep qui est très basique. Une actrice étrangère débarque à Paris et se retrouve confrontée à la confusion et au chaos du tournage d’un film. Cela peut donner lieu à toutes sortes de déclinaisons. C’est aussi un film qui offre la possibilité d’un dialogue entre le présent du cinéma et l’histoire du cinéma. Et puis, surtout, ça interroge la façon dont le cinéma est hanté par les fantômes de son passé. J’espère que c’est fait d’une manière relativement ludique. Recréer les sérials de Feuillade avec des histoires abracadabrantes, c’est un plaisir que je veux partager avec le spectateur. Et puis je voulais retrouver le ton de la comédie. Irma Vep est aussi un documentaire sur la vie d’une actrice d’Hollywood aujourd’hui. Disons que c’est le monde dans lequel je vis. Cela me permet de montrer à quel point le cinéma s’est transformé et comment il doit composer avec les agents, les marques de mode, le statut de l’actrice, y compris à travers la façon dont elle est présente sur Internet, etc. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé et qui transforme le cinéma. Comment avez-vous pu convaincre un tel casting ? Ça s’est presque fait tout seul. J’ai écrit pour Alicia Vikander (qui tient le rôle principal). Elle était partie prenante du projet depuis le départ, je savais que Vincent Macaigne serait René. Je ne voyais pas quel autre acteur pouvait faire ce que je lui demande. Et Jeanne Balibar aussi était pour moi l’actrice qui pouvait apporter cette espèce de grain de folie, comme le faisait Natalie Richard dans le film d’origine. Après, comme il y a beaucoup de rôles, plus que dans un film normal, c’était pour moi l’occasion de travailler avec des gens que j’avais vus au cinéma ou que j’avais rencontrés mais avec lesquels je n’avais pas pu travailler jusqu’alors. Il y a un jeu de miroirs assez évident avec le personnage de René, qu’interprète Vincent Macaigne. Vous avez déjà essayé d’écraser un acteur ? Non, non, non, non, non (rires). Vincent s’est amusé un peu aussi à m’imiter. On s’est amusé avec ça. Je ne suis pas le personnage de René, mais néanmoins je me pose des questions qui sont semblables aux siennes. Je partage les mêmes limites, les mêmes inquiétudes, les mêmes questionnements. LE SYNOPSIS Mira (Alicia Vikander) est une star de cinéma désabusée à la fois par sa carrière et sa rupture récente. Elle arrive en France pour incarner Irma Vep dans un remake du classique français du film muet, Les Vampires, de Louis Feuillade. Au fur et à mesure du tournage, Mira réalise que les frontières entre elle-même et le personnage qu’elle joue commencent à s’estomper et à fusionner. Irma Vep, saison 1, sur MyCanal. COULISSES 9

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