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COULISSES 6 Nicole Kidman L’AMBIGUÏTÉ LUI VA SI BIEN La star australienne, mise à l’honneur dans un cycle de trois films, tutoie les sommets. Au cœur de son extraordinaire palette de jeu, la puissance se nourrit de la dualité. Admirée pour la force émotionnelle de son jeu et l’audace de ses choix cinématographiques, Nicole Kidman s’est imposée au tournant du siècle comme une icône absolue du cinéma d’auteur international. Déjà impressionnante de maturité et de subtilité, à 22 ans, dans le huis clos Calme blanc (1989), l’actrice est au départ surtout connue pour sa rousseur et son mariage avec Tom Cruise... Son talent hors norme va s’épanouir grâce à Gus Van Sant et à Jane Campion. Le premier la métamorphose en Barbie manipulatrice férocement arriviste dans Prête à tout (1995). La seconde, mentor rencontrée à Sydney durant l’adolescence de Nicole Kidman, offre à cette grande lectrice un rôle tout en contradictions avec Portrait de femme (1996), d’après Henry James, en inoubliable beauté diaphane, frémissante et altière. Flamboyante, tourmentée, glacée Déclarant n’être motivée que par « l’exploration de la psyché humaine, ses ombres, ses tourments, son extraordinaire complexité », Nicole Kidman, sans le savoir, était une muse toute trouvée pour Stanley Kubrick. L’ultime long métrage du cinéaste, Eyes Wide Shut, permet à l’actrice d’exprimer une sexualité directe et sans fard, à la fois troublée et troublante dans une interprétation unanimement saluée. Une dualité qu’elle sublimera au gré des rôles, fascinante en blonde hitchcockienne névrotique dans le thriller néo-gothique Les Autres, où sa présence émeut et terrifie, ou en veuve ravagée par le deuil et addicte aux faux espoirs dans Birth, de Jonathan Glazer. Le grand public adoube sa flamboyance dans la comédie musicale culte Moulin Rouge, avant que sa bouleversante incarnation d’une Virginia Woolf tourmentée dans The Hours ne lui attire les faveurs – et un Oscar – de la critique. L’ambiguïté lui sied. Elle se révèle tour à tour rêveuse et rageuse, sensuelle et glacée, idéaliste et humiliée, sophistiquée ou vulgaire. Bouleversante Son jeu instinctif et sa vulnérabilité font merveille au cœur du dispositif minimaliste et cruel imaginé par Lars von Trier pour Dogville. Après L’Interprète (2005) de Sydney Pollack, l’actrice désormais iconique connaît pourtant quelques déboires artistiques, avant un retour en grâce dans les années 2010, sous la caméra, entre autres, de Jane Campion (Top of the Lake) ou Park Chan-wook. Aux aficionados, un conseil : revoyez le long et sublime gros plan sur le visage de l’actrice dans Birth, où les yeux de Nicole Kidman offrent une plongée bouleversante au cœur du deuil et aux portes de la folie. Une leçon. Marie Gérard LES FILMS À VOIR SUR ARTE L’interprète, lundi 6 juin, à 21h Les autres, mardi 7 juin, à 20h50 Birth, jeudi 9 juin, à 20h55 LES AUTRES BIRTH L’INTERPRÈTE

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