5 CINÉ INTERVIEW MK2 Dumbéa a ouvert ses portes au public récemment. Quel bilan pouvez-vous déjà faire ? Mon impression globale est d’avoir reçu un cadeau de Noël puisque nous avons ouvert le 23 décembre. C’est un cadeau qu’il faut améliorer, perfectionner pour en faire, comme nous le souhaitons, un lieu culturel convivial, de partage. Je suis ravie que le public, en attendant la séance, s’approprie déjà les lieux, s’installe au café Origin, regarde l’exposition des bâtisseurs... Nous avons eu beaucoup de fréquentation, des jeunes, des familles de toutes les communautés. C’est ce dont nous avions rêvé. Le multiplexe est la première franchise des cinémas MK2, pourquoi ce choix ? C’est même la première franchise cinéma au monde. Le groupe MK2 a considéré que nous, les porteurs du projet, étions plus experts qu’eux dans la mesure où nous connaissions le territoire. La franchise nous permet de bénéficier de la logistique, des films et de l’organisation du groupe MK2. Cela nous convient parfaitement puisque Philippe Aigle, président du MK2 Dumbéa, fut directeur général du groupe. À l’origine, la vocation des cinémas MK2 était plutôt de diffuser des films avant-gardistes, d’auteur. Aujourd’hui, vous proposez des blockbusters et des films d’auteur. Pourquoi ce grand écart ? La philosophie a évolué. Notre programmation est calquée sur celle du MK2 Bibliothèque. À Paris, on peut s’inscrire dans une niche et cibler un public pointu, féru de films d’auteur. Ici, l’idée est, en premier lieu, d’amener les gens à changer, à modifier leurs pratiques et leur consommation en matière de cinéma. Je souhaite que notre programmation les enrichisse, qu'elle puisse être un apprentissage pour développer un esprit critique. Je suis contente, par exemple, lorsque le public choisit d'aller voir Spider-Man en VO car la séance en français est complète. C’est une première étape. Après ce sera peut-être un film moins blockbuster. Il est important que l’offre soit large. Nous sommes une société privée mais c'est dans notre ADN de réfléchir à une dimension humaniste de la culture. La vision des cinémas MK2 est de transformer ses cinémas, implantés dans des quartiers populaires, en lieux multiculturels, en lieux de vie. On imagine que c’est votre ligne directrice également. Nous sommes bien sûr dans cette même volonté et cette même philosophie de créer du lien via la culture. Philippe Aigle s’est occupé de mettre en place MK2 Bibliothèque, MK2 Quai de Seine et MK2 Quai de Loire, à Paris, dans des quartiers populaires. L’idée était de s’inscrire dans des quartiers singuliers, comme le 19e arrondissement. Ces implantations ont permis, par le biais de la culture, de dynamiser ces quartiers et de leur donner un visage plus humain. En partenariat avec la mairie de Dumbéa, nous souhaitons évidemment faire de MK2 Dumbéa un lieu de vie, de culture, d’échanges, d’éducation à l’art, de rencontres entre différents publics, différentes communautés et classes sociales. En dehors de la programmation des films, allezvous organiser des événements particuliers ? À la rentrée, nous lançons le dispositif d’éducation à l’image pour les scolaires. Le Centre national du cinéma (CNC) a développé des processus d’éducation à l’image pour permettre au plus grand nombre d'aller dans les salles obscures. Trois fois par an, les enfants, les adolescents et les jeunes adultes iront au cinéma, accompagnés de leur professeur, afin de voir un film choisi dans le catalogue du CNC. Nous coordonnons cette opération avec la ville de Dumbéa car c'est la collectivité qui a décidé de soutenir ce projet sur deux ans. La mairie du Mont-Dore va surement nous rejoindre. Nous formons d’abord les professeurs, qui repartent avec du matériel pédagogique pour travailler le film en amont. Ils viennent ensuite voir la projection et s'ensuit un échange, une discussion avec les élèves dans la salle. Autre projet : au mois de mars, nous allons proposer des événements dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, soit une semaine de tables rondes sur cette thématique et une programmation de films en rapport avec les femmes. Par ailleurs, nous allons mettre en lumière, tout au long de l'année, de jeunes entrepreneurs. Ils viendront présenter leur entreprise et ils auront carte blanche pour choisir un film. Ce projet est en partenariat avec Fanny Nosmas qui gère le café Origine. Outre les expositions, quelle place allez-vous accorder aux arts plastiques ? Nous souhaitons donner des clés au public concernant les arts plastiques avec le projet MicroFolie développé par La Villette à Paris. Ce projet consiste à numériser le catalogue des musées nationaux pour permettre à un public qui n'y va jamais d'accéder aux œuvres d’art. Grâce au grand écran, aux tablettes et au système de sonorisation, toutes les formes artistiques peuvent être mises à l’honneur. Par exemple, sur le mois de la femme, nous allons montrer des œuvres en rapport avec cette thématique. Cette plateforme de proximité est un véritable outil au service de l’éducation artistique et culturelle. Ce dispositif, voulu et initié par la ville de Dumbéa, est gratuit. Séverine Lathuillière Notre philosophie : créer du lien via la culture. “ Le 23 décembre, le MK2 Dumbéa ouvrait ses portes. Un événement qui vient apporter une nouvelle offre cinématographique aux Calédoniens. Quatorze salles dédiées au 7e art qui proposent des blockbusters et des films d'auteur en VO. Pour en savoir plus sur la vision de MK2 Dumbéa, rencontre avec sa directrice générale et artistique, Séverine Lathuillière. ” Texte et photo Frédérique de Jode
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