Coco TV #1346

COULISSES 10 À L’HONNEUR Ava Gardner Arte consacre une soirée à cette immense actrice en diffusant le film La comtesse aux pieds nus, suivi d’un documentaire, La gitane d’Hollywood. La beauté d’Ava Gardner et son talent illuminent l’écran. Mais derrière l’icône se cache une femme fragile. Dans La comtesse aux pieds nus, la sublime Ava Gardner donne vie à Maria Vargas, bergère tuée par son prince charmant, dans un film qui condense tout l’éclat et l’esprit de Joseph L. Mankiewicz. Il pleut sur la statue et sur l’enterrement de la comtesse Maria Torlato-Favrini. Son ami et confident Harry Dawes assiste aux funérailles et, en tant que metteur en scène, ne peut s’empêcher d’observer combien la cérémonie aurait été du goût de la défunte. Il se souvient de leur première rencontre, dans un cabaret de Madrid, où un richissime producteur était venu chercher une nouvelle vedette pour Hollywood. Ava Gardner, dont la beauté n’éclipse pas son talent d’actrice, sait préserver le mystère. Elle joue une fille du peuple devenue étoile à Hollywood puis comtesse en Italie. Mais le scénario de sa vie dérape, la romance tourne court. Mankiewicz, à la fois scénariste, réalisateur et producteur, épingle au passage les paillettes cannoises et hollywoodiennes dans un film qui tient autant de la satire que du conte de fées cruel. Une femme tourmentée La soirée se poursuit par l’excellent documentaire de Sergio G. Mondelo, La gitane d’Hollywood. Derrière la beauté de l’actrice se cachaient les fragilités d’une femme tourmentée, que révélèrent ses années d’exil en Espagne sous la dictature de Franco. Était-ce pour fuir son mariage houleux avec Frank Sinatra ou la surmédiatisation qui l’étouffait, était-ce parce qu’elle était tombée amoureuse d’un autre homme, comme elle l’écrivit dans ses Mémoires ? Il y a sans doute un peu de tout cela dans le départ d’Ava Gardner, qui, au sommet de sa gloire, quitte Hollywood pour s’installer en Espagne, à Madrid, en 1955, à 32 ans, en pleine dictature franquiste. « Ava Gardner devient libre dans un pays totalitaire. C’est complètement paradoxal », analyse Frédéric Martinez, l’un des biographes de la star, dans ce documentaire. S’ensuivent quinze années de fêtes et de passions amoureuses avec des matadors qui se terminent par une chute de cheval qui la laisse brisée, au sens propre comme au figuré. À tel point que sa carrière cinématographique en pâtit, elle qui tourna avec les plus grands, de John Ford dans Mogambo à Joseph L. Mankiewicz dans La comtesse aux pieds nus en passant par John Huston dans La nuit de l’iguane. Car Ava, qui sombra peu à peu dans l’alcool, ne parvint jamais à se départir d’un manque d’estime de soi sans doute dû à une enfance pauvre et à la mort prématurée d’un père aimant. Sergio G. Mondelo brosse ici un saisissant portrait d’une des plus belles femmes du monde, qui succomba aux accents du flamenco, à la puissance des corridas et au sex-appeal des matadors. La comtesse aux pieds nus, lundi 13 décembre à 20h55, La gitane d’Hollywood à 23h.

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