Coco TV 1334
COULISSES 10 LES LIAISONS DANGEREUSES Une superbe adaptation La marquise de Merteuil fait appel à son ancien amant, le vicomte de Valmont, pour qu’il séduise l’innocente Cécile de Volanges. Avec Glenn Close et John Malkovitch, éblouissants de machiavélisme et de perversion. E n France à la fin du XVIII e siècle. La marquise de Merteuil propose au vicomte de Valmont, son ancien amant, de déflorer la jeune Cécile de Volanges, fraîchement sortie du couvent. L’occasion pour elle de se venger de l’un de ses anciens amants, qui doit épouser Cécile. Désireux de regagner les faveurs de la marquise, Valmont s’exécute sans difficulté ni plaisir particuliers. Plus ardue et plus excitante lui paraît être la conquête de la vertueuse Mme de Tourvel, qui séjourne chez sa tante… Cruauté raffinée En 1988, à peu près en même temps que Milos Forman, Stephen Frears s’attaque à un monument de la littérature française. Mais là où Forman célèbre la légèreté du libertinage ( Valmont ), Frears colle au roman de Laclos, à ses joutes amoureuses, à son machiavélisme et à sa perversion. Le résultat est jubilatoire : Glenn Close et John Malkovitch sont délicieux de cruauté rentrée. Tout au long du film, leurs dialogues rivalisent de cynisme et de perfidie. Quant à Michelle Pfeiffer, elle incarne magnifiquement la prude Mme de Tourvel, incapable de résister à l’embrasement de la passion. À côté de ce trio éclatant, on remarque deux jeunes comédiens alors débutants : Keanu Reeves dans le rôle du chevalier Danceny et Uma Thurman (âgée de 18 ans) dans celui de Cécile de Volanges. Les acteurs, tous exceptionnels, servent un film au raffinement extrême, inspiré par l’esthétique des tableaux de Fragonard. Stephen Frears a fait appel à des décorateurs et des costumiers remarquables (récompensés par deux Oscars) et accordé une grande importance aux détails : les robes de soie qui se gonflent sur les chaises, les bas blancs tendus sur les mollets des coureurs de jupons, tout vibre et respire. Le ballet des accessoires commence dès la première scène, où la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont s’habillent précautionneusement, comme deux duellistes qui enfilent leurs tenues de combat. Il s’achève avec la dernière image, où la perfide envoûteuse se démaquille enfin, vaincue, déchue. Jeudi 23 septembre, à 20h55, sur Arte LES LIAISONS SCANDALEUSES Inaugurant la troisième saison de la collection «Les grands romans du scandale», une éclairante anatomie du chef-d’œuvre de Choderlos de Laclos. « Le vice monstrueux s’y fait voir dans toute sa difformité. » À sa publication en 1782, Les liaisons dangereuses scandalise et déchaîne les passions. On le lit sous le manteau et dans les alcôves pour mieux s’offusquer de son parfum de soufre et de ses allusions sexuelles. Composé de 175 lettres d’un duo machiavélique d’aristocrates − partenaires puis ennemis −, le roman, brillant traité de libertinage, entremêle dans une langue raffinée amour, vengeance et manigances. Jugé immoral, le livre est surtout voué aux gémonies comme corrupteur d’âmes, celle des jeunes filles en particulier. Plus encore que le vicomte de Valmont, séducteur débauché, la diabolique marquise de Merteuil sidère et dérange. Manipulatrice à l’intelligence redoutable, cette veuve et amante blessée, qui aspire au pouvoir des hommes, se bat pour le conquérir dans une guerre des sexes sans merci, menant le jeu au fil d’intrigues sophistiquées. À travers cette héroïne du XVIII e siècle, jusque-là sans équivalent en littérature, Choderlos de Laclos dénonce la domination masculine. Car en homme des Lumières et lecteur de Rousseau, l’auteur dresse, dans ce roman épistolaire virtuose, le portrait d’une société hiérarchisée délétère que seule une révolution serait en mesure de réformer. Documentaire à voir sur arte.tv
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