Coco TV 1311
TÉLÉ INTERVIEW Tahar Rahim Je n'attends pas d'adoubement de sa part, ce n'est pas quelqu'un que j'admire. ” “ L'acteur Tahar Rahim joue dans la série britannique Le Serpent , disponible sur Netflix. Il y incarne le tueur en série français Charles Sobhraj qui a sévi dans les années 1970 en Asie. Rencontre. Connaissiez-vous Charles Sobhraj ? Oui, j'avais lu La Trace du serpent de Thomas Thompson, quand j'avais 16 ans. J'étais très naïf à cet âge, je ne me rendais pas compte de l'horreur qu'il était. Je voyais plus un acteur qui prenait d'au- tres personnalités, qui avait du bagou et qui était français. Je ne me suis pas identifié, mais je me suis un peu projeté et j'ai fantasmé de le jouer. Vingt ans plus tard, je reçois cette proposition qui arrive au moment où j'ai envie d'explorer le Mal dans un rôle. N'avez-vous pas eu peur de glorifier un criminel ? Il y a eu la question de ne pas le rendre trop sympa- thique. Il fallait créer un personnage qui soit char- mant, attrayant et flippant en même temps. Quand j'ai lu les scripts, à aucun moment je n'ai ressenti qu'on glorifiait Charles. Au contraire, je vois que c'est Herman Knippenberg, Nadine Gires et toute l'équipe qu'ils ont constituée pour le traduire en jus- tice, qui sont glorifiés. Ce sont eux les vrais héros. Jouer Charles Sobhraj, c'est jouer plusieurs rôles… Effectivement, il a mille facettes mais il les contrôle toutes. C'est quelqu'un de très intelligent qui a étu- dié les lois, les religions, le langage du corps et le comportement des différentes typologies de per- sonnes dans les sociétés dans lesquelles il évoluait, tout cela pour être capable de manipuler les gens. Est-ce que le fait qu'il soit toujours vivant change quelque chose pour vous ? Je n'attends absolument pas d'adoubement de sa part, ce n'est pas quelqu'un que j'admire. Je me fiche de son avis. Par contre, je me suis posé la question de le rencontrer et très vite je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas. Par éthique, c'était injuste, et par respect pour les victimes et leurs familles, ça ne se faisait pas. D'autant plus qu'il monnaie les échanges. Si on veut lui parler, il faut payer. Je n'allais pas payer un criminel. On vous voit de plus en plus dans des productions internationales… C’est un accomplissement qui me comble et qui me donne confiance en moi. C’est quelque chose que j’ai voulu car j’ai beaucoup travaillé en tant qu’acteur mais aussi dans l’apprentissage des langues. Je serai à l’affiche de Désigné coupable de Kevin Macdonald au mois de juin. Propos recueillis par Romance Lebeau Tahar Rahim est aussi char- mant qu'inquiétant dans la peau de Charles Sobhraj, alias Le Serpent. PARTENAIRE Tahar Rahim donne la réplique à la Britannique Jenna Coleman, qui joue la femme et complice de Charles Sobhraj. « J’aime à dire que j’ai eu la chance de tourner avec elle mais surtout de la rencontrer. C’est une per- sonne exceptionnelle » , confie l’acteur. SEVENTIES La série se déroule dans les années 1970, une période que l’acteur apprécie parti- culièrement : «C’est une dé- cennie de création extrême- ment forte. Les habits, les voitures et Bangkok, qui garde encore une trace de l’époque des hippies, j’adore ! » 70 © Netflix ©Netflix 7 INTERVIEW TÉLÉ 7
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=