Coco TV 1309
OLIVER SACKS Biographie d’un médecin et conteur Quelques mois avant sa mort, en 2015, l’écrivain-neurologue Oliver Sacks revenait sur son parcours devant la caméra de Ric Burns. Un portrait émouvant, en toute intimité, auquel participent aussi nombre de ses proches. E n décrivant, dans des essais empathiques et accessibles, les cas cliniques rencontrés au cours de sa carrière, Oliver Sacks a contribué à faire connaître les troubles neurologiques auprès du grand public, notamment à partir de 1985, avec son best-seller international L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau . Né à Londres en 1933, installé à New York dans les années 1960, il a redonné leur statut de personne à des patients reclus dans l’isolement, atteints d’autisme, du syndrome de Gilles de la Tourette ou encore de la maladie de Parkinson. Franc-tireur résolu, il a longtemps tâtonné entre ses désirs de recherche pure et son talent de praticien, pour finir par se forger une place à part, mais reconnue, dans le champ clinique, puis des neurosciences. Il a notamment contribué à réhabiliter l’étude de cas, délaissée dans les années 1970 au profit de recherches quantitatives et statistiques. Testament joyeux Ric Burns a filmé Oliver Sacks dans les derniers mois de sa vie alors qu’atteint d’un cancer il se savait condamné. Nourri de ses archives personnelles, des témoignages de ses amis et patients, mais surtout de son propre talent de conteur, ce portrait en forme de testament joyeux raconte, entre autres, le long combat qu’il a livré pour se libérer de ses angoisses et de ses addictions. Ses failles intérieures, estimait-il, lui ont permis de mieux comprendre celles de ses patients, et de nouer avec eux des relations pleines de richesse. Cette immersion sensible dans la vie et l’œuvre d’un insatiable chercheur se referme sur un poignant adieu. Dimanche 28 mars, à 22h40, sur Arte. OLIVER SACKS PAR LUI-MÊME COULISSES 5 Paradis artificiels : « Ce n’était ni facile ni sûr d’être homosexuel dans la Londres des années 1950. [...] J’en voulais à ma mère, à la religion, à l’Angleterre, j’en voulais à cette foutue société homophobe, même si je partageais en partie cette haine, en la dirigeant avant tout contre moi-même. [Oliver Sacks part alors étudier en Californie, et y trouve une liberté nouvelle, mais devient toxicomane en même temps que neurologue, NDLR]. Face à l’appel des amphétamines, je n’arrivais pas à dormir, j’oubliais de manger. Je pensais peu à l’effet que ça avait sur mon corps et mon cerveau, je savais et j’ignorais en même temps que je jouais avec la mort. Alors, au début de l’année 1966, j’ai cherché un psychanalyste. » Best-seller : « J’ai passé l’essentiel de ma vie à tenter d’imaginer ce que ça faisait d’être un autre être sensible, une chauve-souris, une pieuvre ou bien un autre être humain. [...] En 1983, un collègue m’a proposé de coanimer un séminaire consacré à l’agnosie, c’est-à-dire l’incapacité à reconnaître quoi que ce soit, y compris les visages. J’ai pensé à l’un de mes patients, un professeur de musique devenu incapable de reconnaître quiconque. Il pouvait tapoter la tête de bouches d’incendie ou d’horodateurs en croyant qu’il s’agissait d’enfants et a même pris la tête de sa femme pour un chapeau. J’ai rédigé son histoire mais il ne m’a pas effleuré l’esprit que cela pourrait devenir le titre d’un recueil de contes cliniques. »
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