Auto - Moto - Bato | Mai 2022

42 PILOTE Rally only JEAN-LOUIS LEYRAUD Un ratio exceptionnel de victoires Perfectionniste, opiniâtre, capable de s’adapter à n’importe quel modèle de voiture et à tous les terrains, Jean-Louis Leyraud est tout simplement le plus grand champion de course automobile de Nouvelle-Calédonie. À l’occasion de ce numéro spécial safari, nous avons recueilli son témoignage. Bien qu’il méritât peut-être encore plus que d’autres de l’emporter grâce à ses compétences de pilotage, le fait qu’il ait trébuché à chacune de ses tentatives demeure aujourd’hui encore la meilleure réponse à ceux qui lui reprochaient sa filiation avec l’un de ses plus illustres organisateurs. AMB : Dans quelles circonstances as-tu effectué ta première course automobile ? J.L.L. : J’ai toujours été passionné par la vitesse depuis mon plus jeune âge. J’avais 6 ans quand mon père, Jean-Paul Leyraud, a effectué le tour d’Australie au Mobilgas Trial, 15 000 km en 18 jours avec une Citroën DS en 1957, et j’étais très admiratif. C’était ma référence. Mon premier rallye, c’est avec lui que je l’ai effectué, en tant que navigateur. C’était le Rallye de navigation organisé par Didier Waneukem en 1969. La même année j’ai fait le Rallye des Cols avec Jean-Paul Abdelkader. Mais ma première course comme pilote, c’était le 4e Safari calédonien en janvier 1971, sur une Fiat Spider avec Jean-Noël Pinsat. Nous étions inscrits en catégorie Tourisme, ce fut ma première victoire et je me suis même payé le luxe d’être plus rapide que les concurrents de la classe Sport sur la spéciale de Nessadiou-Boghen. AMB : Comment t’es-tu formé à la compétition ? J.L.L. : Ici, on avait la chance d’avoir les routes du Sud pour s’entraîner. Chrome de fer, bonnes ou très mauvaises pistes, savonnette, on pouvait y retrouver tous les types de terrains, et quand tu sortais de là sans avoir tapé, tu savais conduire. À partir de 1968, je faisais toutes les reconnaissances avec mon père et j’enregistrais. Et quand je suis monté dans ma propre voiture, j’ai glissé, c’était naturel, personne ne m’a appris. Mon père ne glissait pas, il disait : « si tu glisses tu perds du temps ». En 1973, Didier Waneukem, président de l’Automobile club, et moi sommes partis en Métropole pour assister à la remise des prix par la FFSA du championnat de France des rallyes dont faisait partie le safari à l’époque. Nous en avions profité pour aller voir ma BMW 2002 Ti chez Alpina à Munich. Mais au moment de rentrer en Calédonie, j’ai annoncé à Didier mon intention de rester en France. J’ai alors fait la connaissance de François Guiter, le directeur de la compétition chez Elf, qui m’a recommandé à l’école de pilotage Elf/ Paul Ricard, dans laquelle je me suis aussitôt inscrit. À la fin des cours, j’ai fait le rallye du Maroc où je me suis fait remarquer avec mon Alpina, et les épreuves de sélection de l’école m’attendaient au retour. Je suis allé jusqu’en demi-finale mais malgré mon meilleur temps face au cinquième pilote, je n’ai pas pu accéder à la finale. La raison de cet échec restera un mystère. Toujours est-il que j’ai échoué à embrasser une carrière de pilote de F1, en ne pouvant pas profiter de la prise en charge de Elf pour une saison en F3 et F2… Mon père disait : « Si tu glisses, tu perds du temps ». Photo : Gérard Dinet - Les Nouvel les Calédoniennes Jean-Louis Leyraud à la présentation des équipages du safari 1977

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