Auto Moto Bateau 133
e t pour en arriver à un tel engin, un cahier des charges exigeant fut établi. Après la Première Guerre mondiale, les Américains souhaitent créer un véhicule de reconnaissance robuste capable de faire la navette entre l’arrière et le champ de bataille, sur tous les terrains. En 1940, l’armée des États-Unis lance un appel d’offres auprès de 135 constructeurs. Le cahier des charges stipule un véhicule quatre roues mo- trices, avec une garde au sol de 16 cm, pouvant accueillir quatre per- sonnes et une mitrailleuse 7,62 mm, une hauteur inférieure à 914 mm, un pare-brise rabattable, une voie très étroite de 1,494 m permettant, une fois les pneus démontés, d’emprun- ter les chemins de fer et un poids de 590 kg. Ce poids plume devait per- mettre qu’il soit soulevé facilement par des hommes ! Quoiqu’il en soit, ce cahier des charges sera impos- sible à respecter totalement ! un pRoto en 49 jouRS Trois constructeurs sortent du lot. En tête, American Bantam Car Compa- ny, situé en Pennsylvanie, Willys Overland de Toledo et Ford Motor Company de Detroit. Bantam rem- porte l’appel d’offres grâce à un meilleur prototype construit en un temps record de 49 jours, le Blitz Buggy. Le problème est que Bantam ne pourra pas suivre la cadence de production. Willys et Ford sont donc priés d’améliorer leurs prototypes par le Quarter Master Corps, qui leur fournit les plans et brevets du Blitz Buggy déclarés propriété du gou- vernement. En juillet 1941, c’est Willys qui rem- porte le contrat, essentiellement grâce à son moteur de 60 chevaux, plus puissant que le Ford. La produc- tion commence et la Jeep allait connaître la gloire sur tous les théâtres d’opérations de la Seconde Guerre mondiale. multitÂcheS Elle devient rapidement la machine à tout faire. Tour à tour plateforme pour mitrailleuse ou bazooka, ambulance ou corbillard, elle s’est également improvisée en podium pour haut- parleur, table de poker sur son capot ou table d’opération pour chirurgien en campagne. Le général George C. Marshall déclarait à propos de ce véhicule : « C’est la plus grande contribution de l’Amérique à la guerre moderne. » Très vite, la demande augmente,Wil- lys ne peut pas assurer seul et, début 1942, Ford entre dans la course avec son GPW (W pour la licence Willys). Les deux constructeurs se partage- ront la production. Au départ, seul Willys produisait les moteurs et chaque constructeur avait ses propres fournisseurs pour les châs- sis. Les véhicules sortant des usines Willys et des usines Ford étaient qua- si identiques, même si Ford imposa que toutes les pièces de son GPW soient frappées de la lettre F. Très légère et coupleuse, la Jeep est facilement manœuvrable et surprend les conducteurs habitués à des véhi- cules plus virils. Au début, les acci- dents sont nombreux. Qu’importe, elle est partout, sur tous les fronts, et débarquera en première ligne sur les plages de Normandie, le 6 juin. Après la guerre, le mythe Jeep se perpétue. Très vite, Willys cède sa li- cence à plusieurs constructeurs. Au total, environ 650 000 Jeep furent produites de 1941 à 1945. Toute une armée… Fiche technique Moteur : 4 cylindres essence, 2 199 cm 3 Puissance : 60 ch à 3 820 tr/min Transmission : à crabot aux 4 roues Boîte : 3 vitesses + réducteur Freins : à tambour à commande hydraulique Suspensions avant et arrière : essieux rigides, ressorts à lames, amortisseurs hydrauliques Vitesse maxi : 105 km/h Réservoir : 57 l Consommation : de 12 à 15 l/100 km Autonomie : 380 km
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=