42 Tendances Nous sommes à Buk, une petite bourgade polonaise à 30 km de Poznan. Pendant que leurs copains jouent dans la rue, les frères Marcin et Michał Bielawski usent leurs fonds de culotte dans la poussière métallique de la manufacture familiale Kosynier, spécialisée dans la construction de machines agricoles. Fascinés par le foyer incandescent de la forge, ils acquièrent rapidement les bases de la métallurgie, et demeurent imprégnés des principes de locomotion qui caractérisent la production de la fabrique. C’est Michal qui a d’abord l’idée. En préparant pour le sablage un cyclomoteur de la marque polonaise Komar, le guidon se retourne, donnant à l’engin un look coursifié qui lui évoque immédiatement l’allure des motos qui couraient au début du 20e siècle sur les boardtracks américains. - « Et si on créait un vélo à pile à combustible dans le style des racers de l’époque ? ». Dix mois plus tard, le projet commence. « Qui gagne le dimanche vend le lundi ! » Le premier circuit ovale en planches de bois (« boardtrack ») est monté en 1909 par Jack Prince, un immigré britannique, dans la banlieue de Los Angeles. Tandis qu’en Europe les compétitions s’organisent principalement sur routes, le réseau américain est encore insuffisant et les structures basées sur les modèles des vélodromes fleurissent. Jusqu’à 80 000 spectateurs assistent à ces courses folles, le montant des primes à la gagne s’emballe. Dans ce contexte, les constructeurs nationaux, tels Indian, Harley-Davidson et Excelsior, produisent des machines de plus en plus puissantes, en optant pour une motorisation V-Twin reposant dans un cadre diamant et pouvant atteindre plus de 160 km/h. Avec les éclats de bois incrustés dans les chairs, les pilotes éjectés, écrasés, le public meurtri, les accidents ne cessent de s’amplifier et les motordromes deviennent des murderdromes. De plus en plus de municipalités les interdisent et privilégient les anneaux en terre battue. Mais c’est la crise de 1929 qui a définitivement raison des boardtracks, imposant la faillite à de nombreux constructeurs. Savoir-faire artisanal Marcin et Michał Bielawski lancent leur action de crowdfunding en 2015 lors du Motor Show de Poznan. Le succès est immédiat. Grâce aux parrainages, aux DEUX-ROUES Texte : Jean-Marie Chatelain - Crédit photos : Kosynier Kosynier Ceci est un vélo
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