Cuisine d'ailleurs 2021

39 Fidji L e kava, Piper methysticum , est un petit arbuste appartenant au genre du poivrier. Présent uniquement en Océanie, on tire de ses racines une boisson cérémonielle, dont le nom varie selon les langues : sakau en ponapéen, kawakawa en marquisien, ‘ava en samoan ou en tahitien, ‘awa en hawaïen, kava en futunien, en tongien ou en wallisien, yaqona en fidjien. La couleur de cette boisson est grise, son odeur rappelle la réglisse, la gentiane, avec un arôme poivré, alors que son goût est plutôt amer et astringent. Les hommes se réunissent pour préparer et boire le kava lors d’une cérémonie politique ou religieuse ou tout simplement comme activité de loisir. Dix minutes après l’absorption, les premiers effets se font sentir : le rythme cardiaque et la respiration ralentissent. Les idées semblent claires et un bien-être s’installe. La parole coule facilement et l’ouïe s’affine. Cette perception accrue des sens est poétiquement appelée « le chant du kava ». Pendant quelques heures, les buveurs sont contemplatifs et sereins. Mais, il ne s’agit ni d’un hallucinogène, puisque la perception de la réalité n’est pas altérée, ni d’un stupéfiant puisque le kava ne provoque pas d’inhibition du système nerveux central. Pour préparer le kava, le jus des racines – pilées, écrasées ou mâchées – est mélangé à de l’eau. La boisson réunit ainsi l’élément terrestre où vivent les hommes à l’élément céleste, l’eau, où résident les puissances créatrices. Le kava est le symbole de l’équilibre du monde et donne la sensation à celui qui en boit de pouvoir entrer en communion avec les esprits. Alexandre Juster, ethnolinguiste. Le chant du kava

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