Altitude 152

Nouvelle-Calédonie ALTITUDE N°152 I SEPTEMBRE - OCTOBRE 2022 Lorsqu’il était enfant, Philippe Collin visitait « avec délice caves et greniers de cette grande maison qui avait été celle de (son) grand-père ». Lors d’une de ses promenades, il découvre une boîte remplie de photos. C’est son premier contact avec la collection immense d’objets, de textes et d’images de son grand-père, Léon Collin, médecin de la pénitentiaire ayant œuvré dans les bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. Ce n’est qu’en 2013 qu’il accède enfin au trésor. « Un témoignage vieux d’un peu plus de cent ans, avec des textes illustrés par des photos ! La valeur historique et patrimoniale de cette trouvaille me parut évidente. » L’instituteur à la retraite semue en historien, et se lance dans une grande enquête afin de valoriser cet exceptionnel patrimoine. Au cours de ce travail de recherches dans les archives et les musées, il prend conscience de la valeur de « ces petits personnages qui dansaient sur des étagères depuis des lustres sans qu’on en comprenne vraiment le sens et la provenance ». « L’historien est un passeur » Des personnages d’une dizaine de centimètres représentant des scènes de la vie quotidienne kanak scénarisées à travers les yeux d’un bagnard. Il y a le pilou, le repas, la file indienne. Ces statuettes, après avoir séjourné au musée Ernest-Cognacq de l’île de Ré, rentrent au pays. « Pas mal d’œuvres réalisées par les bagnards sont reparties en France et, de temps à autre, elles ressortent », précise Yves Mermoud, le président de l’Association Témoignage d’un passé, bénéficiaire de ce don précieux pour le Site historique de l’île Nou. Ce musée retrace la vie des bagnards sur le camp Brun, à Nouméa, où vraisemblablement Gérard a sculpté ces statuettes. Un retour évident pour Philippe Collin : « L’historien est un passeur, un passeur du récit certes, mais aussi de tout élément (objets, photos…) qui accompagne ce récit. Le retour de ces statuettes en Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans cette démarche. » Inscription à l’Unesco L’occasion également pour le petit-fils de Léon Collin de mettre le pied, pour la première fois, sur la terre de bagne sur laquelle il a tant travaillé. Un voyage rendu possible grâce au soutien d’Aircalin et de l’Association Témoignage d’un passé. Par leur retour, les statuettes permettront d’appuyer le dossier d’inscription du bagne calédonien à l’Unesco, dont les démarches commencent à peine. © Philippe Collin Partenaire 27 statuettes du bagne de retour Les 27 statuettes fabriquées par le bagnard Gérard sont de retour, 110 ans plus tard, sur la terre qui les a vues naître. Le 24 septembre, Philippe Collin, historien et petit-fils du médecin pénitentiaire Léon Collin, les offrira à l’Association Témoignage d’un passé. patrimoine 66

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